Frédéric Alpozzo, le secrétaire général de la CGT des marins, garde le cap.
Mercredi, en fin de soirée, après que l'assemblée générale des marins de son syndicat se soit prononcée pour la poursuite du mouvement de grève tant qu'elle n'aura pas eu toutes les réponses aux
questions posées lors du dernier conseil de surveillance de la compagnie, il était encore à la barre pour répondre aux questions de CNI.
- Alors reprise ou pas ?
- Nous attendons toujours des réponses à certaines questions qui sont pour nous indispensables pour garantir la flotte, les emplois et les salaires des marins de la SNCM.
- Lesquelles?
- La présence des navires de la compagnie Louis Dreyfus sur les lignes de Tunisie . Elle assure un service passagers sous pavillon étranger. Des discussions étaient en
cours entre les deux armateurs pour définir comment mettre sur pied des activités complémentaires sur l'Afrique du Nord. Si la situation allait perdurer cela obérerait d'autant nos activités.
Aujourdh'ui la qualification de Dreyfus manque de clarté et cela pose le, grave, problème de la défense du pavillon français qui relève des compétences du ministère des Transports.
- Ne craignez-vous pas, à la longue, de vous couper de la Corse et des Corses?
- C'est l'image que l'on veut donner de nous. Nous sommes bien conscients de ne pas nous rendre
populaires, mais ce n'est pas ce que nous recherchons. Pour nous il s'agit de défendre les emplois et le service public. Jusqu'au blocage de la CMN, parce que nous n'avons pu faire autrement,
l'île n'a pas trop pâti du conflit. Mais si nous n'étions pas passé par cette étape, il n'y aurait jamais eu de réunion du conseil de surveillance.
On peut aussi inverser la
question. Pourquoi, par exemple, la direction de la SNCM et l'Etat se désintéressent-ils autant de la Corse?
Mais, en amont du conflit, nous avions alerté les présidents de l'assemblée de Corse et du Conseil exécutif du sort fait par la SNCM à la desserte du port de Nice. Et tous les deux avaient, à
l'époque, dénoncé la façon dont ils avaient été mis devant le fait accompli.
Difficile de ne pas réagir lorsque l'on annonce une réduction du service public, que l'on vous écarte d'Afrique du Nord ou qu'on laisse entendre que la Corse serait uniquement desservie par des
cargos.
Aujourd'hui il en va aussi de l'intérêt de l'assemblée de Corse et de son conseil exécutif de garantir l'ensemble des activités de la SNCM, ses emplois et sa flotte.
- Que pensez-vous de la proposition du STC qui vous demande d'adhérer à son idée de compagnie régionale ?
- Ce n'est pas le problème le plus urgent. On peut effectivement songer à une nouvelle organisation qui sécuriserait et pérenniserait la compagnie. Mais que deviendrait, par exemple, la CCM si
des compagnies low cost se positionnaient sur les principales destinations? La compagnie régionale supporterait les mêmes pertes. Mais, je le répète, ce n'est pas le débat d'aujourd'hui :
on peut vouloir un tel dispositif, mais il faudra aussi du temps pour le mettre en place.
- Si le mouvement cesse demain combien faudra t-il de temps aux bateaux pour reprendre la mer?
- Certains peuvent naviguer immédiatement. Mais 48 heures peuvent être nécessaires pour réarmer certains navires.
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