Le constat a été établi en 2004 lors d'un rassemblement de professeurs : l'enseignement de la langue corse à l'école ne suffira pas, demain, à étendre le Corse à toute la société
insulaire.
L'idée de la création d'un collectif Parlemu Corsu, porté sur les fonts baptismaux en 2007, date cependant de
l'époque.
Micheli Leccia, qui préside à ses destinées depuis Conca, en parle avec beaucoup de foi et d'enthousiasme lorsque l'on évoque le sujet en sa compagnie.
" Avant tout le monde parlait le Corse dans la rue. Aujourd'hui ce n'est plus le cas. Il y a bien l'école mais on ne sauvera pas la langue si on la circonscrit aux quatre murs de
l'école" soutient Micheli Leccia.
Dès lors, convient-il, selon lui d'initier une démarche pour réhabiliter le Corse " sans se débrasser du Français qui est une très belle langue" souligne le président de Parlemu Corsu.
Et pour lui, c'est possible. A condition d'avoir des moyens.
Un véritable plan Marshall
Et pour ce faire Parlemu Corsu a échafaudé un plan en seize mesures, "un véritable plan Marshall pour le Corse" note Micheli Leccia.
"Mais il faut vraiment savoir ce que l'on veut. Notre plan aurait suffi il y a trente ans de ça, lorsque le Corse était encore présent dans la rue."
"Nous avons donc commencé par rédiger une pétition en seize points qui explique ce qu'est notre collectif et concentre toutes ses propositions pour réintroduire la langue corse dans tous les
domaines."
Un collectif qui, adossé à l'œuvre culturelle et conscient de la revendication politique, entend n'exprimer que son sentiment. Pour faire avancer la langue.
"Oui, nous sommes capables de revendiquer, mais pas seulement", précise le président de Parlemu Corsu qui, au passage, ne manque pas de souligner que toute la société corse, à
l'exception, des sportifs est représentée au sein du collectif.
"Nous proposons, mais plus encore, nous menons des actions sur le terrain".
Actions tous azimuts
Lesquelles?
Il y a des animations pour les enfants, à partir de jeux qui se pratiquent partout, à la seule différence qu'ici l'animateur est tenu de ne s'exprimer qu'en Corse.
Il y aussi I stondi corsi, cette heure de débat au cours de laquelle on ne peut s'exprimer qu'en Corse.
Il y a encore ces débats qui se déroulent dans le cadre de la cinémathèque de Corse ou du festival des polyphonies de Calvi où le Corse, à partir de traducteurs, a été mis à parité
avec les autres langues.
On peut citer également ces journées et ces débats à thèmes qui rythment l'activité miliante de Parlemu Corsu.
Et enfin ces actions symboliques comme celle menée pendant toute une journée à la maison des quartiers d'Ajaccio - on n'y parlé que Corse - ou cette autre qui s'est déroulée au Musée Fesch et qui
s'est traduite par une visite guidée in lingua nustrale.
Mais sur ce plan le collectif n'est pas avare de ses efforts. Il milite aussi activement, c'est le moins que l'on puisse écrire, en faveur du Corse dans l'entreprise ou bien encore à l'école, dès
le primaire, pour amener progressivement les enfants au bilinguisme.
"Parlemu corsu, fà, dumandà"
" Nous avançons de la sorte. Cela nous aide à réveiller les consciences", répète Micheli Leccia qui aime à souligner que le collectif compte aujourd'hui 260 membres mobilisables, vingt
associations, vingt groupe culturels et une liste de 400 noms susceptibles de militer activement pour la cause de la langue corse.
" Si on voulait ralentir le mouvement, on ne le pourrait plus" souligne encore le président du collectif qui a gagné à sa cause la diaspora et qui a " dans l'idée d'organiser quelque
chose de festif, mais qui ne sera pas revendicatif, dans les deux ans."
"Parlemu corsu, fà, dumandà" : la voilà, toute résumée, la philosophie du collectif .
On ne peut être plus clair !
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