"Même s'il se dit que le crime perpétré à l'encontre d'un proche collaborateur, un élu fidèle et surtout un ami très cher au soir d'une journée électorale, dans la maison de la victime et sous les yeux de son épouse, pourrait être un avertissement qui me serait adressé, je ne changerai rien ni à mes habitudes, ni aux orientations de mon action politique et je continuerai à m'exprimer, ici comme ailleurs, en toute liberté".
Paul Giacobbi a été on ne peut plus clair, mercredi, sur les bancs de l'Assemblée Nationale à l'heure des questions orales au Gouvernement. Le député de la Haute-Corse, unananimement applaudi dans l'hémicycle, intervenait, comme prévu, au lendemain de l'assassinat à Sant'Andrea di U Cutone de Dominique Domarchi, le maire de la commune.
"Manifestation de la vérité"
Auparavant, il avait demandé au ministre de l'Intérieur "que l'action des forces de l'ordre et celles indépendantes, de la justice s'exercent dans notre ile avec une rigueur appropriée et juste."
"Ce qui s'est passé dimanche soir à Saint-André de Cotone nous rappelle cruellement que l'on ne peut tout prévenir mais qu'il est essentiel que tous les moyens soient mis en œuvre pour parvenir dans cette affaire, comme dans les autres, à la manifestation de la vérité".
"Les Corses, comme tous les autres Français réfutent la violence, et leurs élus savent en débattre avec courage comme ils l'ont encore fait il y a quelques semaines à l'assemblée de Corse".
Puis, après avoir rappelé qu'il n'avait aucune intention de changer ni ses habitudes, ni ses orientations politiques et encore moins sa liberté d'expression le député de Haute-Corse a ajouté : " Il a fallu d'abonimables tragédies pour que la République étendent, enfin, ses lois à la Corse avec égalité et fermeté. Il faudra encore du temps, du courage et de la continuité dans l'action pour la ramener au cœur de la République".
"Bien des choses avancent en Corse" a ajouté Paul Giacobbi.
Et de citer la "rattrapage du retard historique des équipements publics, l'émergence d'une économie moderne, l'affirmation concrète de l'autonomie politique que la loi impose, la mise aux normes des filières de production, la promotion d'une identité linguistique et culturelle etc.
"Ce sont à ces progrès que la violence s'oppose avec le silence de la peur qui l'entoure et tous les faux-fuyants qui prétendent la justifier. Ce sont ces progrès que notre République rendra possible en continuant à agir avec détermination."
"L'Etat aux côtés des Corses"
De longs applaudissements ont suivi cette intervention avant que Claude Guéant, ministre de l'Intérieur, "touché" comme tout l'hémicycle par la "dignité et la gravité de la
réflexion" de Paul Giacobbi, ne rappelle que sous "l'autorité de la justice tous les moyens d'enquête avaient été déployés pour permettre à l'enquête d'aller jusqu'au bout.
"L'Etat est aux côtés de la Corse pour que règne les lois de la République. Ni ses élus, ni le Gouvernement ne se résignent, ne s'habituent à cette violence. Ensemble ils combattent et
combattront cette violence. Et ils se mobilisent pour equiper la région, pour lui ouvrir les voies d'une économie moderne, pour faire vivre ses insitutions originales et sa
culture."
Et Claude Guéant de conclure : "Soyez assuré que le Gouvernement continuera à oeuvrer dans ce sens aux côtes des élus de Corse et aux côtés des Corses de bonne volonté."
Le conseil général de Haute-Corse fermé
Le conseil général de la Haute-Corse sera exceptionnellement fermé jeudi "en raison des circonstances tragiques de la disparition
de Dominique Domarchi et à titre de protestation contre les conditions atroces de cette mort et afin de permettre au personnel du département d'assister aux obsèques du maire de Sant'Andrea di U
Cotone."
Les mairies aussi
Les obsèques de Dominique Domarchi seront célébrées aujourd'hui à Sant'andrea di Cutone.
A l'appel de l'assocociation des maires de Haute-Corse de nombreuses mairies seront fermées jeudi matin.
A Bastia, la municipalité a décidé "afin de marquer son dignation face à la disparition brutale d'un élu de fermer ses services le 24 Mars de 10 à 12 heures".
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