73 jours : c'est le temps qu'il aura fallu, depuis la disparition des jumelles Livia et Alessia de Saint-Sulpice le 30 janvier dernier, pour voir une battue d’envergure organisée sur sol vaudois. Après la Corse, après l’Italie et plus récemment Confignon dans le canton de Genève, une gigantesque fouille a commencé à Morges jeudi matin. Elle se poursuit vendredi avec plus de 150 personnes
Ce qui a conduit à cette mobilisation d’une ampleur sans précédent en Suisse, c’est le témoignage tardif d’un Romand qui se promenait dans le secteur de la plage du Boiron, à Morges, le jour de la disparition des jumelles. La mémoire lui est revenue récemment, alors qu’il regardait la rediffusion d’une émission française consacrée à Livia et à Alessia.
Il affirme avoir croisé un homme qui traînait une lourde valise à roulettes aux alentours de 16 h 00. «A cet endroit, où il n’y a qu’une piste Vita, des adeptes du VTT et des pêcheurs, c’est inhabituel», explique Jean-Christophe Sauterel, le porte-parole de la police cantonale vaudoise.
Reste qu’il s’agit d’un témoignage plutôt «flou, très vague et général», le témoin n’ayant pas formellement reconnu Matthias S., le père des jumelles. «Nous ne pouvons exclure ce genre de témoignage. Comme nous ne pouvons exclure ceux qui proviennent de Montélimar ou de Corse. Toutes les pistes restent ouvertes. Chaque fois qu’un nouvel élément nous parviendra, il fera l’objet d’investigations adaptées de notre part», ajoute la police.
La zone des recherches est vaste: 2,3 km de long sur 400 m de large. Le secteur s’étend du cimetière de Morges jusqu’au Boiron, le ruisseau qui marque la frontière avec la commune de Tolochenaz. Pourquoi le cimetière? Est-ce parce que dans l’un de ses courriers macabres, Matthias S. avait précisé que les fillettes «reposaient en paix»? La famille des jumelles y aurait-elle des proches enterrés? «Pas à notre connaissance», précise la police.
Tous les accès au bord du lac ont été bouclés sur plusieurs kilomètres. Onze chiens dressés dans la recherche de cadavres participent aux fouilles. Ils viennent de France, d’Autriche, de Zurich et de Berne (lire ci-contre).
Les fouilles se déroulent également sur et sous l’eau. Cette mission a été confiée aux brigades du lac genevoise et vaudoise. Munies d’un sonar à faisceau latéral, elles explorent le fond du Léman à la recherche d’un «volume inhabituel». Dans l’éventualité d’une découverte, comme celle d’une valise, les policiers enverraient alors un robot sous-marin filoguidé et muni de caméras pour analyser l’objet en question. En vain jusqu’ici.
Livia et Alessia ont disparu, enlevées par leur père qui en avait la garde le week-end du 30 janvier dernier. Les multiples pistes, et les
nombreux témoignages, ont mené les enquêteurs à Montélimar, à Marseille, en Corse et en Italie. C’est finalement à Cerignola que Matthias S. a mis fin à sa cavale, en se jetant sous un train le
3 février. On est sans nouvelles des jumelles depuis leur disparition. (Tribune de Genève)
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