Il court, il court Sauveur Gandolfi-Scheit, député-maire de Biguglia et secrétaire national de l'UMP. Et plus vite encore depuis 2007 quand il souffla, on s'en souvient, la première
circonscription de Haute-Corse à Emile Zuccarelli.
L'heure n'est pas encore au bilan mais Sauveur Gandolfi-Scheit aime à souligner que son action est, d'ores et déjà, "sans commune
mesure avec celle" de ses "prédécesseurs dans cette fonction".
Interview.
- Maire, député, secrétaire national de l'UMP : vous n'avez pas de temps à perdre sur l'agenda de votre vie publique ?
- C’est le moins que l’on puisse dire ! Cette mandature parlementaire est tout simplement la plus active de toute l’histoire de la Vème République. Les gens imaginent souvent qu’une fois les caméras de télévision éteintes, les députés partent vaquer dans Paris. Or, la réalité est tout autre et quand nous ne siégeons pas en séance publique (y compris la nuit) il y a toujours des réunions de commissions, des tables-rondes ou des réceptions dans les Ministères qui font que nos journées sont véritablement harassantes.
Quant aux fonctions de maire, elles sont toujours aussi prenantes, d’autant que les habitants de Biguglia se sont habitués au cours des 30 dernières années à avoir un contact direct avec moi. Et c’est pourquoi je tiens à leur consacrer le maximum de temps pour les recevoir en rendez-vous, lors des deux journées de pleine de réception que je mets en place chaque semaine.
Ma récente nomination en tant que secrétaire national de l’UMP chargé des «espaces protégés » signifie, bien sûr, de s’impliquer dans les questions environnementales, puisque le travail que j’ai commencé à mener servira de base au projet du parti pour les élections présidentielles et législatives de 2012. Et comme de par cette fonction, je suis aussi membre de plein droit du bureau politique, je participe aux réunions lors desquelles nous définissions les principaux axes de travail et de réflexion de notre mouvement.
- Comment menez-vous d'un même front ces trois activités?
Mon expérience cumulée de maire et de médecin dans les quartiers populaires pendant plusieurs décennies, a fait que je suis depuis longtemps habitué aux longues journées de travail et aux week-ends réduits à leur plus simple expression. Certes, il y a des besoins de souffler un peu qui se font parfois ressentir, mais je suis avant tout un homme d’action, qui ne peut rester très longtemps sans travailler. Et c’est pourquoi je n’envisage pas d’autre vie que celle que je mène actuellement.
"Un travail de fond à entreprendre"
- Au-delà de tout ce qui précède votre rôle d'élu de proximité et d'élu de la Nation vous investi d'une véritable mission en fonction de vos sollicitations : comment la qualifierez-vous?
Chaque maire est habitué aux sollicitations de sa population sur les sujets les plus variés. Il en va de même, mais à une échelle beaucoup plus grande, pour un élu de la Nation. Dans mon cas, nous nous retrouvons avec mon équipe face à plusieurs dizaines de milliers d’habitants qui a tout moment peuvent faire à appel à mon intervention. C’est là le sens du mot romain de deputatio, le parlementaire élu au suffrage universel est bel et bien l’ « envoyé » ou le « missionné » des habitants de sa circonscription, quand ce n’est pas de ceux de sa région elle-même.
Pour prendre mon cas, lorsque j’ai été élu en 2007, les habitants étaient manifestement en attente d’un parlementaire qui porte physiquement les dossiers auprès des autorités ou de Paris. Et c’est justement, conformément à mes engagements de campagne, ce qu’une fois élu je me suis attaché à être, avec un bilan reconnu par beaucoup comme très positif à ce niveau.
- Votre avènement au secrétariat national de l'UMP : les dossiers que vous avez sous le coude ?
Avec plusieurs réserves biologiques, pas moins de 6 réserves naturelles (dont celle de Biguglia, commune dont le député est aussi le maire) et une emprise forte du Conservatoire du littoral, la Corse fait figure de région particulièrement favorisée en matière de protection du patrimoine environnemental. Les dossiers ne manquent donc pas et j’ai d’ailleurs commencé à consulter les acteurs insulaires du secteur. Sachant aussi que ma compétence est nationale et dépasse donc de très loin le cadre de notre île.
- Retour au plan local et régional : Votre analyse d'après cantonales. Ça ne va pas fort pour l'UMP ?
Dire aujourd’hui que la droite en Corse va mal est une sorte de lieu commun. Il n’est pas question pour moi de nier quelques difficultés ni de dire que tout est parfait, mais il faut cependant relativiser : lors de ce renouvellement partiel, presque tous les candidats sortants de la famille libérale ont été réélus, et certains brillamment comme mon suppléant Jean-Louis Milani dans le 1er canton de Bastia ou encore Jean-Jean Castellani dans le Niolu.
Ce ne sont donc ni nos idées ni la valeur de nos élus qui posent problème. Ce qui cause un souci, c’est le fait que dans certains cantons il n’y avait aucun candidat portant les couleurs de la famille libérale. Il y a là manifestement un travail de fond à entreprendre, pour dégager des candidatures et des projets de territoires.
Nous ne pouvons pas nous permettre de laisser des portions entières du département aux coalitions de gauche.
"Une réponse commune à la violence continue et destructrice"
- La Corse encore au cœur de nouveaux drames avec la mort brutale du maire de Sant'Andria di U Cotone puis de Marie-Jeanne Bozzi : il y a de quoi désespérer ?
Il ne faut surtout pas désespérer, ni se résigner à un quelconque fatalisme. Chaque drame en soi est condamnable, et leur répétition, dans une île si faiblement peuplée comme l’est la Corse, fait que la caisse de résonnance est considérable. On entend souvent que les élus doivent s’impliquer, lutter contre ce phénomène. Mais c’est justement ce qu’ils ont essayé de faire à plusieurs reprises au cours des dernières décennies, tant dans leur prises de position qu’à l’Assemblée de Corse. Et force est de constater que cette action, n’a pas porté ses fruits.
La réponse à cette violence continue et destructrice, ne peut hélas pas uniquement être apportée par la classe politique. Elle doit être commune, en soutien de l’action de l’Etat.
- Les autres échéances - présidentielles et législatives, approchent maintenant à grands pas : l'UMP et Sauveur Gandolfi-Scheit s'y préparent comment ?
Avec sérénité. J’ai reçu récemment une quinzaine d’amis députés UMP dans la région bastiaise. Nous avons tous fait le même constat : le travail effectué depuis 4 ans par le Président de la République et le Gouvernement est considérable. La France avait un besoin vital de réformes d’ampleur, qui devaient être menées avec conviction et courage. C’est ce qui a été effectué, malgré les oppositions systématiques de ceux qui pensent que notre pays vit toujours à l’époque des 30 Glorieuses et malgré l’explosion d’une crise économique majeure et imprévisible, sur fond d'un traitement médiatique de cette action parfois sujet à caution.
Lorsqu’on discute avec la population, il est clair qu’il y a des inquiétudes. Mais lorsqu’on rentre dans le fond des choses, il apparaît que les incompréhensions portent beaucoup plus sur des questions de forme, avec une sorte d’acharnement systématique sur la personne du Président.
Les réformes de la fiscalité, des retraites ou de la fonction publique, pour ne parler que de celles-là, ne pouvaient être que douloureuses.
Mais la question qu’il convenait de se poser n’était donc pas de savoir si les systèmes antérieurs - largement basés sur l’Etat-providence - étaient meilleurs, mais de savoir quel était le pays que nous allons laisser à nos enfants, dans un Monde qui a considérablement évolué au cours des dernières décennies ?
- Et une action avec toujours la Corse en toile de fond?
J’ai toujours été parfaitement clair vis-à-vis des électeurs : si à Paris je soutiens sans ambigüité la politique du Gouvernement, en Corse je privilégierai toujours la défense de nos spécificités insulaires. C’est ce mandat là que les habitants de la 1ère circonscription de Haute-Corse m‘ont fait l’immense honneur de me confier en 2007, et c’est celui que je m’attacherai à défendre jusqu’au mois de Juin 2012, date à laquelle je dresserai le bilan complet de mon action de député, d’ores et déjà sans commune mesure avec celle des mes prédécesseurs dans cette fonction.
Écrire commentaire