Récemment, s'est tenue à Bastia une table ronde sur les liens unissant littérature et Internet. Cette discussion, qui a ouvert le festival « Histoire (s) en mai », ne pouvait être que nécessaire et intéressante, maintenant que la littérature a trouvé un nouveau médium. Autour de cette table ronde, étaient réunis quatre blogueurs : Françoise Ducret, pour le blog de la librairie Le point de rencontre, Stefanu Cesari, pour le blog Gattivi Ochja, Ugo Pangolfi, pour le blog Corsicapolar, Pierre-Laurent Santelli, pour Tarrori è Fantasia. Les quatre invités ont donc débattu sur une question centrale, qui en appelle d'autres : Internet sert-il ou dessert-il la littérature et la littérature corse en particulier? Qu'en est-il de la notion d'auteur? Toute analyse est-elle bonne à s'afficher sur le net?
Françoise Ducret, invitée de cette table ronde, libraire et blogueuse, répond à nos questions et revient sur cette discussion.
De nombreux blogs parlent de littérature et aussi de littérature corse. Vous semble-t-il qu'Internet soit un bon médium pour véhiculer cet art?
Pour moi, il n'y a pas de doute, Internet et les blogs servent la littérature corse. Ce sont d'abord des outils de promotion nécessaires. En effet, les écrivains corses ne profitent que d'une publicité insulaire, Internet permet d'élargir leur public.
Vous-même tenez un blog. Quelle est sa vocation?
Notre blog donne des comptes-rendus de rencontres littéraires, entre auteurs et lecteurs, présente ses coups de cœur corses et de littérature de jeunesse.
Pensez-vous que ces blogs démocratisent la littérature? Peuvent-ils amener un public qui, sans Internet, n'y serait pas venu?
Je ne saurai dire si les blogs démocratisent la littérature mais il est vrai qu'ils permettent de toucher un public plus large. Par exemple, certains textes du blog de Marcu Biancarelli, Tarrori è fantasia, sont repris par des blogs italiens. De plus, les blogs de créations littéraires offrent la possibilité à des auteurs anonymes de s'exprimer. On découvre ainsi de nouveaux talents.
N'y a-t-il pas cependant des risques pour le livre et pour la littérature à passer par ce médium?Notamment celui de la dématérialisation et de la perte d'une certaine qualité littéraire?
Je crois qu'au contraire, ces blogs poussent les lecteurs à se rendre dans les librairies et à acheter les livres dont ils ont lu des critiques. Il est vrai que parfois les discussions peuvent peut-être tourner en rond et l'on rencontre souvent les mêmes livres sur les blogs. Mais la discussion est toujours meilleure que son absence même si celle-ci se répète. Ces blogs posent aussi, il est vrai, la question de la qualité littéraire. Tout texte est-il bon à être publié? Sur ce point, les blogueurs sont assez responsables. Marcu Biancarelli, par exemple, filtre les textes qu'il met en ligne.
Donc, cette table ronde s'est conclue sur une note plutôt positive?
Tout à fait. La littérature n'existe pas sans lecteur et Internet offre aux auteurs la possibilité d'être lus par le plus grand nombre. De plus, cet art n'existe
pas non plus sans échange, et la encore, les blogs donnent aux lecteurs, auteurs et critiques la chance de pouvoir communiquer et même de se rencontrer. Internet crée un lien nécessaire pour la
littérature et la fait vivre.
Lucie CANCELLIERI
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