Le début de la deuxième semaine du procès d’Yvan Colonna devant la cour d’assises spéciale de Paris a débuté par un coup de théâtre. A
l’ouverture de l’audience on a, en effet, appris, que Me Philippe Lemaire, 76 ans, défenseur de la veuve et des enfants du préfet Claude
Erignac depuis 1998, ne devrait pas pouvoir rejoindre sa place sur le banc réservé aux parties civiles, avant la fin du procès, prévue le 17 juin.
Me Yves Baudelot, autre avocat de la partie civile, doit assister la famille Erignac jusqu'à la fin des
débats.
Yvan Colonna est-il trop petit pour être le tueur de Claude Erignac tueur ? La défense comptait beaucoup sur les experts pour prouver que l'assassin du préfet
était aussi grand que sa victime, hypothèse qui mettrait hors de cause Yvan Colonna et son 1m72.
L'audition lundi du médecin légiste de l'affaire Erignac et d'un expert en balistique cité par la défense d'Yvan Colonna n'ont pas
permis de tirer de conclusion probante sur la taille du tireur, les avocats du berger de Cargèse y voyant le signe qu'une reconstitution est "indispensable".
Lors du dernier procès, en 2009, la défense d'Yvan Colonna avait fait citer un spécialiste en balistique dont les qualifications avaient été contestées par les parties civiles et le parquet
général.
Le médecin légiste, Aurèle Mannarini, avait affirmé que le tireur qui a abattu Claude Erignac de trois balles dans la nuque, le 6 février 1998 à Ajaccio, mesurait "au minimum 1,85 mètre", une
taille comparable à celle du préfet. Cette thèse mettait hors de cause Yvan Colonna, 1,72 m.
Cette fois, l'expert balisticien a été beaucoup moins catégorique. Jean-Claude Schlinger, qui n'a pas participé à l'enquête mais a basé son étude sur les éléments du dossier, a conclu à plusieurs
hypothèses concernant les trois tirs, chacune variant en fonction de la distance de tir retenue.
Certains ont été jugés "peu possibles pour un tireur de 1,70 m, mais quand même techniquement possibles", étant plutôt "compatibles avec un tireur de 1,80 m ou plus".
D'autres ont été considérés comme "possibles pour un tireur d'1,70 m".
Les parties civiles ont retenu de cette démonstration qu'Yvan Colonna ne pouvait être exclu. "A aucun moment, l'expert n'a dit qu'il était impossible pour un homme de la taille d'Yvan Colonna
d'être le tireur", a commenté devant la presse Me Benoit Chabert, qui représente l'Etat.
"On ignore tout de la taille du tireur et on ne peut surtout pas affirmer que le tireur mesurait 1,70 m et que donc, ce pouvait être Colonna", a répliqué Me Pascal Garbarini devant les
journalistes.
Pour lui, "on s'aperçoit qu'il y a des contradictions, des incertitudes, qu'il faut préciser cela et que manifestement, la présence de tout le monde sur les lieux permettra de lever les
ambiguïtés".
Jugeant une reconstitution "indispensable", l'avocat a espéré que "la cour décide elle même de se déplacer".
Sinon, "nous le plaiderions", a-t-il dit.
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