La visite de Michel Mercier en Corse a été marquée jeudi par une action commando contre une villa en cours de finition à Villanova. Un groupe d'hommes, armés et cagoulés, a en effet fait sauter la villa d'un coupe de retraités qui avait été auparavant neutralisé dans le salon de la maison. Cet attentat commis en plein jour peu après que le garde des Sceaux a inaguré le nouveau palais de justice d'Ajaccio et visité la maison d'arrêt, s'il a quelque peu bouleversé le programme du ministre de la Justice et des Libertés il n'a rien entamé sa détermination à " poursuivre les auteurs de cet acte" qu'il a fermement condamné.
Après Ajaccio son palais de Justice et sa maison d'arrêt le garde des Sceaux a donc pris la clef des champs jusqu'à Villanova où ce couple, qui allait pendre la crémaillère dans quelques jours, a
connu une après-midi pour le moins agité.
Michel Mercier a voulu voir. Et il s'est déplacé sur les lieux de l'attentat pour tout à la fois condamner et apporter son soutien aux victimes de l'attaque du commando à Costi-di-Villanova - où
une deuxième charge qui fut désamorcée plus tard n'a pas explosé - mais aussi dire que cette action n'entamerait en rien la détermination du Gouvernement face à ceux qui refusent la
politique de la "main tendue".
Cap ensuite sur Casabianda où Michel Mercier a tout voulu voir et tout savoir.
"J'aimerai réaliser un Casabianda dans chaque département" affirmait-il au terme de sa visite avant de mettre le cap sur Borgo.
La aussi, Michel Mercier guidé par Pascal Régis, le directeur de l'établissement, a parcouru le site dans tous les sens.
Le garde des Sceaux a pris aussi le temps d'échanger quelques coups de baby-foot avec un jeune détenu, ou bien encore d'écouter les remarques de cet autre qui a abordé avec Michel Mercier le
problème de la surpopulation de la prison et des quelques aménagements qu'il conviendrait d'y apporter au-delà de ceux qui se posent au… potager que ce détenu de 61 ans entretient.
"Il serait souhaitable, dans le cadre d'un aggrandissement, de songer à implanter un endroit afin de former les jeunes qui sont ici et qui, de la sorte, seraient mieux armés pour trouver un
emploi à leur sortie de prison. Avec l'aide des élus, des CCI et des entreprises, on pourrait faire de la Corse une zone expérimentale pour faire avancer les choses".
Michel Mercier s'est montré très attentif au propos.
Avant-dernière étape de l'après-midi : la rencontre avec les organisations syndicales.
"Nous avons, chiffres à l'appui, fait la preuve que Borgo était surpeuplé à 145%! Et mis nos revendications sur la table. Nous pensons avoir été entendus" disaient leurs
représentants après coup. "Ecoutés? On verra bien. Mais nous avons bien dit au Ministre que nous étions opposés à la rénovation de la maison d'arrêt d'Ajaccio, que son extension vers la
caserne Bacciochi n'était pas la panacée. Nous préfèrons, et de loin, une nouvelle construction à Sarrola-Carcopino."
Dernière étape : le point presse.
On 'a rien appris de plus que ce qui avait, déjà, été annoncé (voir l'allocution de Michel Mercier) à Ajaccio.
A savoir que tant que la proposition parlementaire de loi de Sauveur Gandolfi-Scheit sur le rapprochement familial ne sera pas votée, c'est la loi qui sera appliquée sur ce plan !
Caravelle : pas de secret défense
Interrogé sur les dernières révélations concernant la Caravelle Ajaccio-Nice, le garde des Sceaux s'est retranché derrière les " Deux procédures de QPC (question prioritaire de
constitutionnalité) qui sont en Cassation" et sur l'autre "action est en suspens au tribunal de Nice qui rendra son jugement en Décembre".
"Mais on 'a jamais opposé de secret-défense" dans cette affaire à affirmé Michel Mercier pour lequel "et c'est heureux, le ministre de la Justice" n'est pas un juge."
L'allocution d'Ajaccio
Mesdames, Messieurs,
Je suis heureux d'être venu aujourd'hui à votre rencontre pour inaugurer le Palais de Justice rénové d'Ajaccio. Pouvoir exercer vos missions dans de meilleures conditions matérielles était
en effet indispensable.
Il était important que vos juridictions puissent bénéficier du vaste programme pour l'immobilier de la Justice que nous avons engagé voici plusieurs années déjà. La Chancellerie a, en effet,
déployé les moyens budgétaires nécessaires au fonctionnement et à la meilleure sécurité des juridictions de Corse-du-Sud.
Cette inauguration marque l'achèvement d'un cycle de travaux débutès dès 2004 en vue de la restructuration et de l'extension du Palais de Justice d'Ajaccio. Hors les problémes de vétustè, les
locaux du palais étaient devenus très nettement insuffisants pour accueillir les juridictions du ressort - ce d'autant plus qu'avec la réforme de la carte judiciaire, les tribunaux d'instance de
Sartène et Porto Vecchio ont été regroupés avec celui d'Ajaccio. Ce sont ainsi 17.2 millions d'euros de travaux qui ont permis d'installer le tribunal d'instance et le tribunal de commerce dans
le Palais Finosello et de rénover le palais de justice Masseria afin d'y redéployer le tribunal de grande instance et d'y accueillir les sessions d'assises.
Le résultat est sans conteste remarquable et je tiens à féliciter et à remercier tous ceux qui se sont engagés dans ce projet et en ont assuré la réussite.
Ces investissements pour l'immobilier judiciaire dont nous constatons ici les excellents résultats concernent également le département de la Haute-Corse - beaucoup a été fait, depuis 2007, pour
la sûreté et la rénovation des bâtiments de Justice.
Deux opérations d'un montant de 3.8 millions d'euros arriveront prochainement à terme. La dernière phase des travaux pour la réhabilitation et la restructuration du Palais de Justice de Bastia
doit ainsi s'achever courant 2011 ; el les travaux réalisés pour l'aménagement de l'ancien centre de plein air, acquis par le ministère de la justice auprès de la ville de Bastia, doivent
permettre d'accueillir le SAR dès mi-2012.
Tel que vous pouvez le constater, ici, la justice souhaite se donner les moyens d'accueillir et de gèrer dans les meilleures conditions possibles les citoyens et les professionnels du droit.
L'Etat souhaite également donner à ses agents, magistrats, greffiers, agents, les moyens d'exercer leurs missions dans des conditions matérielles modernes et performantes.
Cependant, l'ensemble de ses efforts est vain si l'oeuvre de justice ne s'exécute pas dans un climat de sérénité et de sécurité. L'accès à la sécurité, en Corse comme sur l'ensemble du territoire
national c'est un droit fondamental que l'Etat doit garantir. Il n'y à pas de liberté sans sécurité et nul en démocratie doit se voir imposer des chemins qui mènent à la peur et à la violence.
Quelles que soient les revendications que les actes de violence sont censés porter, ils ne sont pas admissibles dans notre République, à laquelle je sais que les Corses sont profondément
attachés. Ainsi je veux dire que tant les dégradations que les attentats, ou les violences qui visent les personnes sont irresponsables et ne conduisent à rien, sauf à être poursuivies et
sanctionnées.
" Cette barbarie ce n'est pas la Corse "
Je veux le dire avec force, alors que se sont multipliées les homicides ces derniers mois, au cours desquelles, des élus, des parents, une femme ont été assassinés... actes lâches où l'on
s'attaque aux personnes, devant leurs époux, devant leurs enfants, devant leurs amis... cette barbarie ce n'est pas la Corse, son sens de l'honneur, ce n'est ni l'image, ni la réalité de ce
territoire et son peuple, et je sais que vous tous, citoyens, élus, quelles que soient vos opinions politiques vous réprouvez totalement ces règlements de compte qui ont pour objet de créer la
terreur. Je veux avoir une pensée pour les proches, les familles des victimes et les assurer de ma compassion ainsi que de l'action indéfectible des forces de l'ordre et des magistrats pour
amener les responsables devant les tribunaux.
Dans ce contexte, j'ai bien conscience des risques et de l'insécurité qui pèsent sur chacun de vous, magistrats, greffiers, fonctionnaires de justice. Je veux vous exhorter au courage et à la
détermination et je veux vous dire toute ma reconnaissance pour votre implication: c'est par votre dévouement au service de la justice, au service du justiciable, que la justice peut être rendue
ici.
"Détenus : engagements respectés"
Je profite de l'occasion qui m'est ici donnée pour évoquer un sujet qui vous tient à coeur et qui transcende là aussi tous les courants de pensée, la situation des détenus Corses. J'ai été frappé
de l'unanimité qui se dégage sur cette question et j'y ai répondu, dans la ligne définie par le Président de la République : la loi doit s'appliquer pour tous de la même façon sur le territoire
national. Ainsi, aprés une rencontre à Paris le 2 mars dernier qui à permis de mettre fin à des années d'incompréhension, le gouvernement a pris des mesures de très forte portée en faveur des
détenus corses. Nous avions pris des engagements, et aujourd'hui ces engagements sont tenus.
Conformément à ce que j'avais annoncé, quatre condamnés ont déjà été transférés à Borgo (Baptiste Ballester, Jacques Filippi , Charles Santoni et Thierry Gonzales depuis le 10 mai)
et deux autres arriveront avant la fin de ce mois, Thierry Casolasco et Xavier Gardella; en outre, 3 membres du commando Erignac seront en situation d'être transférés à Borgo à l'issue du procès
qui se tient actuellement à Paris. Il s'agit de Paul Istria, Marcel Ottaviani et Didier Maranelli. Je précise également, car on à tendance à l'oublier, que 17 détenus dits de droit commun ont
également été rapprochés depuis quelques mois.
Cet investissement du gouvernement dans ce dossier, et la satisfaction des demandes de rapprochement des condamnés corses, sont un geste fort, dans l'intérêt des liens familiaux, réclamé par
l'ensemble de vos élus.
"Réflexion sur l'organisation carcérale"
Cependant, je sais que cette politique de rapprochement ne peut se faire sans une réflexion sur l'organisation carcerale en Corse, pour garantir des conditions de détention et de travail pour les
surveillants les meilleurs possibles. J'ai bien reçu les messages qui m'ont été adressés dans ce domaine et je vous le redis, je suis ici pour voir, écouter et consulter avant de faire des choix
en matière de structures de détention dans un contexte qui évolue. C'est pour cela que j'ai visité ce matin la maison d'arrêt d'Ajaccio, que j'irai cet après midi à Casabianda et à Borgo, afin de
cerner les difficultés liées à la vétusté de certaines installations, connaître les problèmes que vivent les personnels pour exercer leurs missions et inscrire les structures dans une voie
d'amélioration, sachant que certaines réussites sont aussi à reconnaître, et je pense notamment à Casabianda établissement axé sur la réinsertion au mode de fonctionnement original qui existe
depuis 1948. Cet exercice, je le conduirai avec vous et avec les contraintes aussi qui sont les miennes, sur le plan budgétaire notamment, mais je ne doute pas que l'on puisse trouver ensemble
les solutions les plus adaptées.
Nous aspirons à la tranquillité et la sérénité pour tous, et je suis convaincu qu'à présent certains facteurs évoluent favorablement pour faire du dialogue et du partage, dans le cadre d'un
fonctionnement républicain, des éléments moteurs de l'avenir de la Corse. Je vous invite à poursuivre dans cette voie qui est celle à laquelle aspire la population
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