La journée était très attendue. Elle restera comme celle des ratés en tout genre : un témoin capital absent, un autre présent alors qu'il n'en avait pas le droit, un dernier que la cour n'a pas pu entendre. Et une interruption du procès qui pourrait se terminer en cassation
Rien n'a vraiment marché vendredi à la cour d'assises spéciale de Paris.
Pourtant l'audition des compagnes des membres du commando était particulièrement attendue. Mais entre une absente, un témoin qui était dans la salle et une visio conférence qui n'a pas
fonctionné, la journée a connu incidents et ratés en chaîne.
La preuve ?
Premier témoin, premier incident : Valérie Dupuis, l'ancienne compagne de Didier Maranelli qui devait témoigner depuis Ajaccio n'a pas pu se faire entendre, visio conférence en panne!
L'audition a de fait été reportée à la semaine prochaine. Autre témoin : Corinne Cau, ex-épouse de Martin Ottaviani à la barre narre aux magistrats comment Ottaviani lui a avoué son implication
dans le meurtre du préfet.
Mais son audition n'ira pas plus loin.
Me Dupond-Moretti l'interrompt et s'adresse au président de la cour. " Je viens d'apercevoir quelqu'un dans le public. Je crois le reconnaître, et j'aimerais qu'il décline son identité." L'avocat
d'Yvan Colonna s'avance alors vers les bancs du public pour interroger un spectateur : "Vous êtes bien Jacques Follorou ? Vous êtes journaliste au Monde?" Le jeune homme acquiesce ; le président
Hervé Stéphan suspend immédiatement la séance. Jacques Follorou, auteur de l'un des premiers articles citant le nom d'Yvan Colonna en 1999, doit être entendu d'ici quelques jours par la cour.
L'après-midi, la cour aurait dû entendre Jeanne Finidori, l'ex-femme d'Alain Ferrandi, chef du commando. Mais elle ne s'est pas déplacée. Dans un fax elle refuse une audition "éprouvante et
inutile". Mais défense comme parties civiles jugeant au contraire son témoignage indispensable, elle recevra une nouvelle convocation dans quelques jours. Cette journée pour le moins
singulière aura tout de même permis à la défense de marquer des points. Sa thèse – un Colonna ciblé bien avant les interpellations par les enquêteurs, qui ont ensuite soufflé son nom aux gardés à
vue – s'est trouvé étayée par deux témoignages.
Corinne Cau a déclaré à la bartre qu'elle avait assisté aux aveux de son mari en garde à vue. Un détail d'importance qui n'est noté dans aucun procès-verbal, ont souligné les avocats de l'ancien
berger. Et qui va à l'encontre de toutes les affirmations des enquêteurs sur les déclarations spontanées et séparées des membres du commando et de leurs épouses.
D'autant que Alain Ferrandi et sa femme se sont également vus pendant leur garde à vue, selon le commandant de police Éric Tessier, qui les a auditionnés. Ce dernier a par ailleurs révélé que le
nom de Colonna figurait sur la liste des "objectifs" – c'est-à-dire des personnes à interpeller – en mai 1999, avant d'en être retiré. Un autre point qui contredit les policiers entendus cette
semaine.
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