Yvan Colonna : Les explications de Michèle Alessandri

Michèle Alessandri, dont le mari a été condamné en 2003 comme coauteur de l'assassinat du préfet de Corse Claude Erignac, a eu du mal à expliquer, lundi, devant la cour d'assises spéciale de Paris pourquoi elle avait mis cinq ans à revenir sur ses mises en cause envers Yvan Colonna.

 

Au début de l’enquête, cette femme de 52 ans avait en effet affirmé aux enquêteurs avoir vu Yvan Colonna partir de Cargèse en voiture avec son mari vers 17h30 le 6 février 1998, quelques heures avant l’assassinat de Claude Erignac. Elle l'avait encore revu le lendemain matin à Ajaccio, lorsqu'elle était allée "vers 10h-10h30" chercher son époux au domicile d'Alain Ferrandi, considéré comme le chef du commando.
Selon ses dires de l’époque, Yvan Colonna avait également participé à plusieurs réunions organisées par Pierre Alessandri dans sa propriété, dans les deux années ayant précédé l'assassinat du préfet de Corse. Avant de faire volte-face.

Michèle Alessandri s’est, en effet, rétractée en décembre 2004, convoquée chez un juge. Elle a alors expliqué avoir été "déstabilisée" par sa garde à vue, avoir eu peur d'être considérée comme "complice" et avoir subi des "pressions des policiers". "J'ai donné les noms de gens que je connaissais, pour pouvoir rentrer chez moi", a-t-elle alors expliqué.
Lundi, sa version a de nouveau évolué. "J'ai commencé à parler quand on m'a lu la déposition de Didier Maranelli", a-t-elle dit. Condamné en 2003 à 25 ans de réclusion, Didier Maranelli avait été le premier membre du commando à mettre en cause Yvan Colonna, durant ses gardes à vue. Il s'était rétracté plusieurs mois plus tard.
La Cour et les parties civiles ont donc sommé Michèle Alessandri de s’expliquer sur le caractère tardif de ses propres rétractations. "Il fallait que je gagne ma vie pour assurer l'éducation de mes enfants. Je n'avais pas les moyens de perdre du temps", a-t-elle répété, sans autre explication. "J’ai attendu qu’on me convoque", a-t-elle ajouté au micro d’Europe1.

Lebos à la barre

En fin de journée,Georges Lebbos, un ancien de la Division nationale antiterroriste, a assuré que la garde à vue de Didier Maranelli avait été "tout à fait normale". Les avocats d'Yvan Colonna ont rétorqué en dénonçant les "turpitudes avérées" de ce policier "menteur", "faussaire et "violent".
"Quel crédit peut-on apporter à vos déclarations sur l'enquête?", lui a demandé Me Antoine Sollacaro.
Ce commandant de police de 53 ans avait notamment été sanctionné en interne pour avoir détourné à des fins personnelles une commission rogatoire de l'affaire Erignac.
Yvan Colonna est intervenu pour raconter que ce policier aurait tenté de l'intimider en lui glissant, alors qu'il attendait en prison d'être jugé après sa cavale: "T'inquiète pas, on s'est occupé de toi, tu vas prendre 30 ans." Ce que le policier a contesté.

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