On vous le disait dès vendredi soir. L’existence d’un courrier signé Yvan Colonna et adressé à son ami d’enfance Pierre Alessandri a été révélé vendredi à la cour d’assises spéciales de Paris. Il s’agit d’une lettre manuscrite longue de quatre pages et écrite en langue corse dont Europe 1 a rendu public les principaux extraits traduits. Nous la versons au débat à titre de document.
"Ce sera à ton tour de témoigner à nouveau"
"Cette lettre a été écrite après la décision de la ‘cassation’. Je voulais que tu l’aies rapidement mais il y a eu des contretemps et j’ai été obligé de la recommencer. La voici",
commence Yvan Colonna avant de poursuivre : "En juin, j’ai arraché (obtenu) la cassation. Personne ne l’attendait. Personne ne l’espérait. Et pourtant nous l’avons eu !".
"Ce sera ton tour (à toi comme aux autres) de témoigner à nouveau ! Quelle lourde tâche ! Quelle lourde tâche, n’est-ce pas ?", interroge-t-il. "Je dis cela parce qu’après le 27 mars
et ma condamnation à perpétuité, + 22 ans de sureté, je n’ai rien entendu, je n’ai rien lu", regrette le berger de Cargese.
"Je m’attendais à ce que tu cries que je suis innocent"
"Je m’attendais à ce que tu fasses une lettre, à ce que tu cries haut et fort d’une manière ou d’une autre que je suis innocent. (…) Mais rien ! Rien de rien", explique Yvan
Colonna.
"Et si je n’avais pas eu la cassation peut-être que vous auriez été content !?", se demande-t-il. "Lui, avec 22 ans de sûreté. Lui, considéré comme ‘le bourreau’, il sera le dernier
à sortir, et moi je pourrai sortir le plus rapidement en conditionnel’, je l’ai pensé et plus que pensé", assure le principal accusé dans l’affaire Erignac.
"Ce sera la guerre"
"Malgré tes dires, toutes tes promesses (façon Pinocchio), tu n’as pas fait ce qu’il fallait faire. (…) Ce sera la guerre !!!! La guerre… Au procès, il faudra assumer ce que tu as été : une
balance. Tu m’as balancé, tu m’as sacrifié. (Je pense même que cela t’aurais plu qu’ils me tuent dans les premiers temps où j’étais recherché, après que Marion ait parlé de moi ainsi : ‘mort ou
vif’. Je n’ai pas fait une cavale façon Club Med. La cavale que vous avez refusé de faire, tous, à commencer par cette saleté d’Alain !".
"Et la guerre dehors, il y en aura pour tout le monde. Il faut que tu le saches : tout le monde. Je suis clair", assure-t-il. Et ce, avant d’ajouter : "Prends ceci comme tu veux. Des
menaces ? A moi, ça me va. C’est comme cela, j’assume. Je vais vivre avec cela, pour ça".
"Si tu choisis cette solution, aies le courage de me le faire savoir vite, de façon à ce que je puisse me préparer. (…) Si tu choisis la première solution, il faut que tu suives à la lettre
tout ce que je te demanderai de faire. Tu me le dois à moi, tu le dois à mon fils, tu le dois à toute ma famille (et c’est à toi de choisir…)".
"Je te recommande de motiver ta femme"
"Ça veut dire qu’il faut que tu soies au top. Convaincant. Prêt à tout et à faire une reconstitution (pour l’instant je ne te demande pas d’endosser le rôle de celui qui l’a tué, personne ne
te crois), mais ce n’est pas nécessaire aujourd’hui d’aller plus loin, d’abord il faut que tu me donnes ta réponse. Tu as bien compris que dans un sens comme dans l’autre, il faut que tu sois
franc et clair. C’est tout noir ou tout blanc", écrit Yvan Colonna.
"Je te recommande de motiver ta femme qui, dix ans après et après ce qu’elle m’a fait, vient pleurer au tribunal par peur 'd’eux' (alors qu’elle ne risquait plus rien !)". Et de conclure
: "ça semble une affaire incroyable".
Le président de la cour d’assises spéciales de Paris a décidé de verser cette lettre au dossier. Elle doit encore être expertisée.
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