La cour d’assises de Paris a décidé, mercredi, de se déplacer à Ajaccio lundi soir, répondant ainsi à une demande de la défense. L’ensemble des parties s’étaient déclarées favorables à ce déplacement mais en avaient souligné la principale limite : seuls Yvan Colonna et Pierre Alessandri, ancien membre du commando reconnu coauteur du meurtre, ont accepté d’y participer. Par ailleurs deux témoins ont confirmé mercredi l'alibi d'Yvan Colonna le soir de l'attaque d'une gendarmerie à Pietrosella.
La cour d'assises spéciale de Paris a décidé mercredi de se "transporter" le 6 juin à Ajaccio, sur les lieux de l'assassinat en février 1998 du préfet de Corse Claude Erignac.
Il ne s'agit pas d'une reconstitution à proprement parler, puisqu'il est "impossible de remettre les lieux en l'état", a précisé le
président de la cour, Hervé Stephan. Acceptant la demande de la défense, la cour a ordonné mercredi la présence sur place des experts en balistique et d'un médecin légiste, ainsi que de Pierre
Alessandri, le protagoniste de l'affaire qui assure depuis 2004 être le véritable auteur des coups de feu sur le préfet. En revanche, les témoins oculaires et les autres condamnés ne seront pas
présents.
Le "transport" aura lieu à huis clos, lundi 6 juin à partir de 19h30, a expliqué Hervé Stephan. Cette affaire en est au total à son
cinquième procès. Le coût du transport, compte tenu des conditions de sécurité, est de plusieurs centaines de milliers d'euros, selon des estimations d'acteurs du dossier.
La Cour d'assises de Paris spécialement composée pour les affaires de terrorisme, comprenant uniquement des magistrats professionnels, avait
accepté dès le 16 mai le "principe" d'une reconstitution du crime, demandée par la défense, mais avait réservé sa réponse "en fonction de l'évolution des débats".
L'audience a repris ensuite son cours avec notamment l'audition de deux témoins qui sont venus à la barre confirmer l'alibi de Yvan Colonna le soir de l'attaque de la gendarmerie de
Pietrosella
dans la nuit du 5 au 6 septembre 1997. C'est là qu'a été dérobée l'arme qui a servi à tuer le préfet de Corse Claude Erignac, le 6 février 1998 à Ajaccio.
"Le seul nationaliste dans la salle"
"Le soir du 5 septembre, Yvan Colonna est venu (dans votre restaurant) avec son fils Jean-Baptiste ?", demande le président, Hervé Stephan, à Paul Donzella, 55 ans, restaurateur à Cargèse, le village de la famille Colonna.
"Oui, je le confirme".
"Comment pouvez-vous être aussi formel?"
"Nous avons discuté de choses et d'autres. Le lendemain j'ai appris l'attaque de Pietrosella, et j'ai fait le rapprochement avec les nationalistes", explique M. Donzella d'un ton assuré. Ce soir-là, Yvan Colonna "était le seul nationaliste présent dans mon restaurant", dit-il. "C'est gravé dans ma mémoire".
Cargèse "est un petit village, où tout le monde se connaît", où "tout se sait", a rappelé le restaurateur, que les questions insistantes de l'avocat général mettant en doute sa mémoire et sa parole n'ont pas déstabilisé.
Depuis cette époque, il dit avoir pris l'habitude de tout noter sur un calepin. En sortant de la salle d'audience, "vous ne pourrez pas m'empêcher de noter que les questions sont idiotes", a-t-il dit.
"Je ne suis pas juge, mon métier c'est l'escalope !", a également déclaré Paul Donzella, mais "je ne reçois de leçons de personne, quand je ne suis pas content, je le dis".
Avant lui, interrogée depuis Ajaccio en visioconférence, Sylvie Cortesi, 42 ans, secrétaire et amie d'Yvan Colonna, a affirmé que le berger était sur la place du village plus tôt dans la soirée de l'attaque de la gendarmerie.
"J'en suis sûre et certaine", a-t-elle déclaré à la cour.
L'audience reprendra à Paris mercredi.
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