La cour d'assises spéciale de Paris, qui rejuge Yvan Colonna pour l'assassinat du préfet Erignac, doit dire mercredi si elle verse aux débats la lettre de menaces attribuée à l'accusé, adressée à un témoin clé, ou si elle la déclare "irrecevable" comme le demande la défense.
Révélée le 27 mai par le président de la cour Hervé Stephan, qui la tenait du directeur de la police judiciaire, cette lettre de quatre pages
rédigée en corse avait fait l'effet d'un coup de tonnerre.
Datée de Fresnes, la prison de Colonna, le 19 décembre 2010, elle menaçait de représailles Pierre Alessandri, un membre du commando ayant assassiné le préfet de Corse Claude Erignac le 6 février
1998 à Ajaccio, s'il n'innocentait pas le berger de Cargese de façon convaincante.
L'auteur promettait à Alessandri "la guerre au procès" et "la guerre dehors", s'il ne faisait pas "tout pour (le) libérer".
Condamné à perpétuité en 2003, Alessandri fait partie des membres du commando qui avaient mis en cause Yvan Colonna, lors de leurs gardes à vue en mai 1999. Il ne s'était rétracté que 17 mois
plus tard.
Il a réfuté par la voix de son avocat que le courrier ait été trouvé dans sa cellule.
Après avoir, dans leurs déclarations à la presse, semblé reconnaître que la lettre avait bien été écrite par Yvan Colonna, ses avocats ont mis en doute son authenticité devant la cour, qui ne dispose que d'une photocopie.
La défense conteste aussi les conditions dans lesquelle cette missive est arrivée au procès, puisque le directeur de la police judiciaire, Christian Lothion, n'a pas voulu révéler l'identité de la personne qui la lui a transmise.
La cour doit par ailleurs entendre mercredi Jeanne Finidori, ex-épouse d'Alain Ferrandi, considéré comme le chef du commando.
En mai 1999, elle avait déclaré qu'Yvan Colonna était arrivé à son domicile à Ajaccio avec son mari et Pierre Alessandri le soir de l'assassinat, et que tous trois y avaient passé la nuit. Après plusieurs mois, elle avait affirmé ne plus se souvenir de rien.
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