Les avocats de la famille de Claude Erignac, préfet de Corse assassiné en 1998, ont désigné mardi à la cour d'assises de Paris Yvan Colonna comme l'auteur des coups de feu mortels.
A la veille du réquisitoire, cinq avocats se sont succédé à la barre, écartant un à un les arguments développés par la défense durant le troisième procès d'Yvan Colonna.
"Ils étaient sept", a déclaré sur un ton solennel Me Yves Baudelot, conseil de la veuve et des enfants du préfet. "Ils ne représentaient qu'eux mêmes. Ils ont quand même prononcé une condamnation à mort et ont désigné cinq d'entre eux pour l'exécuter".
"Il n'y a pas eu de procès pour le condamné. Pas d'explications à recueillir. Pas de droit d'appel. Pas de pourvoi en cassation. Rien. Juste trois balles tirées dans la nuque, qui ne laissent aucune chance", a ajouté l'avocat.
Pour lui, "Yvan Colonna n'est pas seulement l'un des sept membres du groupe des anonymes qui a voté la condamnation à mort de Claude Erignac", assassiné le 6 février 1998 à Ajaccio. "Il est celui qui était chargé d'abattre le préfet, et qui l'a abattu", a-t-il affirmé.
Pour Me Baudelot, la "culpabilité d'Yvan Colonna est totalement établie par les déclarations de neuf personnes: cinq membres du commando et quatre de leurs épouses", qui l'avaient mis en cause en mai 1999 en garde à vue, puis durant l'instruction. Elles se sont rétractées "du bout des lèvres", "17 mois à cinq ans" plus tard, a-t-il souligné.
Comme lui, Me Vincent Courcelle Labrousse, qui représente le frère du préfet assassiné, a exprimé sa "conviction" que l'accusé était coupable.
Les avocats ont écarté les explications avancées par certains membres du commando, condamnés en 2003, pour expliquer leurs mises en cause initiales d'Yvan Colonna, et leurs rétractations tardives.
Me Baudelot a décrit un homme qui, en prenant la fuite de 1999 à 2003, a "fui ses responsabilités" et "refusé d'assumer ses actes".
Ils ont écarté la thèse du "complot policier" soutenue par la défense, qui part du "postulat que les policiers ont soufflé aux gardés à vue le nom d'Yvan Colonna".
Pour Me Baudelot, la lettre de menaces qu'aurait envoyée Yvan Colonna à Pierre Alessandri, quelques mois avant le procès, afin qu'il l'innocente de façon convaincante, montre qu'"on manipule des témoins pour les faire revenir sur leurs accusations, de façon désespérée".
"Yvan Colonna voulait rentrer au panthéon de la Corse comme un héros et il n'aura que le qualificatif de lâche, menteur, tueur et manipulateur", a dit l'avocat.
Pourvoi en casssation rejeté
Me Baudelot a insisté sur la souffrance de la famille Erignac. "La douleur de Mme Erignac a été occultée, pas un mot, pas un regret", a-t-il dit, évoquant les dépositions des tueurs.
La missive, que Colonna réfute avoir écrite, a été versée aux débats bien que la cour ne dispose que d'une photocopie et que son origine demeure indéterminée. La défense avait déposé un pourvoi en cassation pour contester la recevabilité du courrier, en demandant qu'il soit examiné immédiatement, mais la haute juridiction a rejeté mardi la requête.
Ils plaidaient à la fin de troisième procès du berger de Cargèse, arrêté après quatre ans de fuite en 2003 et qui s'est toujours dit innocent.
Le réquisitoire sera prononcé par l'accusation mercredi et le verdict est attendu lundi prochain après les plaidoiries de la défense.
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