Emile Zuccarelli paré du maillot du Sporting. On ne reverra pas souvent une telle image. En revanche on peut affirmer, par-delà les péripéties des dernières semaines, inhérentes essentiellement aux travaux menés à Furiani, que le président de la communauté d'agglomération de Bastia aime le SCB. Certes entre le premier magistrat de la ville et les dirigeants du club les relations sont parfois tendues, mais, d'un côté comme de l'autre, l'on ne travaille qu'à faire avancer le club. Les deux parties se sont d'ailleurs rencontrées il y a quelques jours. Pour, peut-être, jeter les bases d'une collaboration fructueuse. C'est en tout cas le sentiment qui se dégage de cet entretien avec Émile Zuccarelli.
- C'est la dernière ligne droite pour le stade de Furiani. Mais 20 ans pour mener à bien la réalisation d'un stade, c'est très long, non ?
- Si long que ce n’est pas la peine d’en rajouter. La catastrophe si présente encore à nos mémoires remonte à dix-neuf ans, certes. Mais elle était survenue dans un stade de caractère privé,
propriété exclusive du club. Ce n’est qu’ensuite, après le temps de deuil, que le District de Bastia (devenu depuis la C.A.B) a décidé de construire un stade public. Ce n’était pas une décision
anodine au regard des coûts et des difficultés prévisibles. Après le temps nécessaire pour conclure que le site d’Armand Cesari était en définitive le meilleur ou le moins mauvais, et s’en rendre
maître, tout a commencé en 1995.
"Résultat atteint et beau"
- Qu'est-ce qui a freiné la bonne marche du chantier pendant toutes ces années ? Quels ont été les obstacles à franchir ? Qu'a-t-il fallu faire pour, enfin, le voir évoluer de manière
significative ?
- D’abord, l’ampleur du projet : un stade de Ligue I, rappelons-le, avec des normes (nombre de places, éclairage, vestiaires, sécurité etc.) qui évoluaient chaque année à la hausse. Il fallait
aussi trouver les financements au prix de très longues démarches en Corse et sur le Continent. La « société civile » majoritaire au sein du jury d’architecture avait choisi, contre l’avis des
élus, un projet dont la partie « couverture », au moins, était irréaliste. Une première partie a été construite (tribunes Nord, Est et Ouest, sans couverture) et a permis durant dix ans
d’accueillir 11 000 spectateurs dans de bonnes conditions de sécurité et de vision. J’ai décidé avec mes collègues d’achever le stade il y a six ans. Et nous avons maintenu le cap malgré la
descente jusqu’en « National » car nous ne voulions pas léguer aux jeunes générations un symbole d’inachevé. Je pense pouvoir dire que le résultat sera atteint … et beau.
"Une dépense finale de 33 millions d'euros"
- Dans quelques mois Bastia, aura donc le stade qu'il aurait dû avoir il y a 20 ans. A t-on une idée du coût total de l'opération?
- Le stade qu’il aurait dû avoir peut-être mais qu’il n’avait pas... La dépense finale sera de 33 millions d’euros. Ce montant comprend les travaux engagés depuis 1995. Il prend en compte
la reconstruction, l’installation des différents équipements (éclairage, vidéosurveillance...), les acquisitions de terrains, la réalisation des voiries, des réseaux et des parkings. C’est un
chiffre élevé certes mais le coût par place est très raisonnable dans l’échelle des stades similaires.
- Aujourd'hui le Sporting demande un bail pour gérer "son" stade. Qu'en pensez vous?
- Pour peu que cela se fasse dans le respect mutuel, les dirigeants et les supporters du Sporting trouveront toujours auprès de moi et des élus de la Communauté d’Agglomération, des
interlocuteurs ouverts. Nous aimons le SCB et entendons l’aider au mieux. Permettez moi d’ailleurs de rappeler que, l’an passé, en décidant d’acheter les locaux du centre de formation du club, la
CAB a joué un rôle décisif dans la survie de ce dernier. En revanche, elle entend faire valoir sa qualité de collectivité gérant les deniers des contribuables. Le stade Armand Cesari est la
propriété de la CAB et celle-ci est seule juge des conditions de son utilisation et du choix de ses occupants.
"Un cadre juridique et financier"
- Quelles sont ces conditions ?
Il reste évident que le SCB a vocation à être le principal occupant. A ce titre, il utilise d’ailleurs déjà les équipements et les espaces nécessaires à son activité de club de football
professionnel. J’ajoute que la CAB est favorable à l’occupation par le SCB, dans l’enceinte du stade, de tous les locaux nécessaires à son fonctionnement sportif et administratif. En revanche, la
CAB entend garder la disposition des espaces libres. Ainsi elle pourrait être conduite à loger, dans l’enceinte du stade, son propre service des sports, des organismes sportifs ou même des
locaux à usage professionnel. Un stade constamment occupé et vivant permettra de générer des recettes locatives qui réduiront la charge de son entretien et de sa maintenance, et ne laissera pas
le champ libre au vandalisme. J’ai reçu le 5 septembre les dirigeants du club et nous allons travailler, dans le dialogue, à un premier état des lieux et à la préparation du cadre juridique et
financier de nos accords.
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