IIl n'y aura pas de procès Tchernobyl en France. L'enquête sur les retombées en France du nuage de radioactif est close. La cour d'appel de Paris a prononcé mercredi
matin un non lieu général dans ce dossier ouvert il y a 10 ans. La cour a suivi, comme prévu, les réquisitions du parquet général pour lequel " la catastrophe nucléaire de 1986
n'a pas eu de conséquence sanitaire mesurable en France"
Celui ci avait estimé qu'aucun lien ne pouvait être établi scientifiquement entre le passage du nuage au printemps 1986 - notamment sur l'Est et sur la Corse - et les maladies de la thyroïde
constatées en France. La seule personne mise en examen dans ce dossier était le Professeur Pierre Pellerin, 88 ans. L'ancien patron du Service central de protection contre les rayons ionisants
était soupçonné d'avoir masqué l'ampleur de la radioactivité au passage du nuage. L'avocat des parties civiles parle d'une décision au gout amer et annonce son intention de se pourvoir en
cassation.
Une décision au goût amer
"C'est un point final à ce dossier.
L'association qui regroupe les victimes va se pourvoir en cassation contre cet arrêt pour avoir épuisé toutes les voies de recours", a dit Me Bernard Fau, l'avocat des parties civiles.
"C'est une décision qui va laisser un goût amer du point de vue des victimes. Elle va également laisser un goût amer chez tous ceux qui, dans la société civile, ont attaché un intérêt à l'impact
que peut avoir un nuage radioactif survolant un pays après une catastrophe nucléaire", a-t-il ajouté.
Selon le parquet général, qui avait requis la fin de cette enquête, les analyses scientifiques versées au dossier s'accordent pour établir que la catastrophe nucléaire de 1986 n'a pas eu de
conséquence sanitaire mesurable en France, en particulier aucun lien n'a été fait avec des maladies de la thyroïde" contrairement au rapport de deux experts qui faisaient la démonstration qu'en
Corse notamment, les pathologies de la thyroïde avaient augmenté de façon spectaculaire après la catastrophe.
(Plus de détails sur RTL.fr)
"On s'est moqué de nous"
En Corse, comme bien l'on pense, ce non-lieu passe très mal.
"Avec ce non-lieu, on s'est moqué de nous", a déclaré le Dr Denis Fauconnier, généraliste aujourd'hui retraité, qui avait le premier souligné les retombées de la catastrophe en Corse.
"Les dégâts provoqués, a-t-il ajouté, étaient connus au plus haut niveau de l'Etat. Je n'ai cessé depuis 1986 de réunir les preuves de la répercussion du passage du nuage radioactif sur la Corse,
elles sont irréfutables".
Le Dr Fauconnier, alerté en mai 1986 par des patients revenant d'Italie où les consignes de non-consommation de produits frais étaient strictes, avait souligné que les analyses de lait de chèvre
et brebis faisaient apparaître "des taux souvent supérieurs à 10.000 becquerels d'iode 131 par litre de lait et jusqu'à 100.000".
La présidente à l'Assemblée de Corse de la commission Tchernobyl qui va diligenter une enquête épidémiologique tendant à démontrer le lien entre la catastrophe de Tchernobyl et l'augmentation des
cas de cancers et de maladies de la thyroïde dans l'île, a indiqué que les travaux continueraient. "Nous n'acceptons pas le mensonge d'Etat et notre enquête doit permettre à des victimes d'aller
en justice", a déclaré Josette Risterucci.
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