Haute-Corse : Intercommunalité et Plu en défaut

 

 

Corse Net Infos poursuit la publication de l'interview de Louis Le Franc, le préfet de Haute-Corse. Aujourd'hui il évoque plus particulièrement pour nos lecteurs l'intercommunalité, les Plu, l'emploi et la sécurité.
 

- Beaucoup d’élus refusent des intercommunalités, au nord comme au sud de Bastia. Le projet de schéma, fait par votre prédécesseur, n’est pas le vôtre, y adhérez-vous ?
- C’est le projet de schéma de l’Etat, du préfet de Haute Corse, quel que soit son nom. Ce projet prévoit d’élargir la Communauté d’agglomération de Bastia à un certain nombre de communes qui se trouvent au sud de la ville. Je vais réunir, comme je l’ai fait il y a quelques jours, les élus membres de la commission départementale de la coopération intercommunale (CDCI) et leur demander s’ils font une contreproposition. Celle-ci peut porter sur un autre périmètre, distinct de celui de l’agglomération de Bastia, mais doit obéir à divers critères. D’abord un critère simple, objectif, mesurable et indiscutable : le seuil démographique ne doit pas être inférieur à 5 000 habitants. Ensuite, des critères d’appréciation tels que la cohérence territoriale et la solidarité financière, sur lesquels il faudra argumenter. Ensuite, le préfet soumet à la CDCI cette contre-proposition qui, si elle est approuvée à la majorité des 2/3 et conforme à la loi de réforme des collectivités territoriales, viendra se substituer au projet de schéma de l’Etat. Dans le cas contraire, le schéma de l’Etat s’applique.
- Les PLU sont attaqués et annulés en chaîne par le Tribunal administratif, l’Etat est accusé de laxisme. Que répondez-vous ?
- Pour l’instant, très peu de PLU sont attaqués en Haute-Corse. Il est vrai que la population peut avoir une image un peu compliquée de l’Etat, qui, par la plume du Préfet, approuve un PLU et qui, par la voie de la justice administrative, l’annule. Il faut sans doute mieux définir notre doctrine en la matière et la faire connaître au juge administratif.
- Certains élus du Sud, dont les PLU sont annulés, demandent à ce que l’Etat et la CTC fixent un cadre auquel se référer ?
 - La puissance publique a exprimé son espoir que le PADDUC, puisse intégrer la vision partagée de l’Etat et des collectivités sur l’urbanisme. C'est l'objectif qu'il faut effectivement atteindre.  
- Les décisions du Tribunal administratif ne sont donc pas en cohérence avec la vision de l’Etat, définie par vos services ?
- Les décisions du juge du Tribunal administratif relèvent d’une interprétation plus restrictive.  Mais le juge a le dernier mot. Pour éviter ces divergences d’interprétation,  l'anticipation est une piste à creuser pour définir la vision de l’Etat sur les problématiques d'urbanisme.
- Ce qui signifie une plus grande concertation avec les maires ?
- Oui. C’est un travail conjoint d’échanges et de concertation. Il faut aider et accompagner les élus pour aboutir à des solutions acceptables.

Emploi et sécurité, les deux priorités

- Autre question : la sécurité routière. Ce premier bilan satisfaisant est-il du à l’action répressive de l’Etat ou à un meilleur comportement des automobilistes ?
- Il est du à l’action des forces de l’ordre, de l'éducation nationale et des associations de préventions routières.
- Vous allez mettre plus de moyens ?
- Non, plus de contrôles. Notamment sur deux axes où se concentre la majeure partie des accidents : la RN 198 et l’axe Casamozza / Ponte-Leccia / Calvi. Plus de la moitié des infractions sont dues à des franchissements de ligne continue et à son corollaire : l’excès de vitesse. En numéro deux, vient l’alcool.
- Concernant les incendies, excepté à Luri, la Haute Corse a été plutôt épargnée cet été. A quoi est du ce bon résultat ?
- La Corse a développé des techniques originales de lutte contre les feux de forêt qui donnent de bons résultats. En 1965, 30 à 35 000 hectares étaient ravagés en Corse. Il y a dix ans, ce chiffre n’atteignait plus que 1 000 hectares. Cette année, il se cantonne à 240 hectares. Ce qui a changé, c’est que les sapeurs pompiers, les forestiers sapeurs, les gendarmes, l’ONF, les services de Météo France et de l’aviation civile travaillent plus sur l’anticipation du risque. C’est la stratégie de lutte contre les feux naissants qui consiste à attaquer un feu dès la première minute et donne donc une probabilité très élevée de le circonscrire. Elle suppose une analyse très fine des températures et des vents effectuée par Météo France qui établit une cartographie du risque. Elle permet ainsi de déployer les moyens humains et matériels en fonction de la sévérité du risque. Un autre élément, à mettre à l’actif du Colonel Baldassari, est l’intégration des unités militaires d’intervention de la sécurité civile au service incendie pour optimiser les moyens sur des zones à risque.
- Vous avez défini l’emploi comme l’une de vos priorités. Or, le chômage est élevé en Haute Corse, qu’allez-vous faire pour y remédier ?
- Les chiffres du chômage en Haute-Corse sont dans la moyenne nationale : 9,2 %.  L’activité économique est marquée par un effet de saisonnalité de Juin à mi-Septembre qui génère de nombreux emplois d’intérim chez les jeunes. La politique du service d’emploi local peut y remédier en orientant ces jeunes vers des formations débouchant sur des contrats à durée indéterminée. Dans certaines filières, des entreprises offrent des emplois qui ne sont pas satisfaits. Un plan d’action pour les six mois à venir est nécessaire pour gérer la période de creux actuelle.
- Comment ?
- En réunissant tous les parties prenantes : les chambres consulaires, Pôle Emploi, la direction du travail, quelques chefs d’entreprises, tous les acteurs ayant une compétence  en matière de formation. Il faut définir des objectifs ambitieux innovants mais réalistes.
- Vous avez également défini la criminalité comme l’un de vos grands chantiers, mais qu’allez-vous faire ?
⁃ Mobiliser les services pour améliorer les élucidations.  Une communication sera faite.
- Le taux d’élucidation donné par l’ancien préfet de Corse est décalé par rapport à la réalité du terrain ?
- Les objectifs fixés par l'Administration Centrale en matière d’élucidation sont atteints en Corse.

Propos recueillis par N.M.

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