Décryptage - Retour sur la diffusion du téléfilm « Mission sacrée » évoquant la période post-Erignac qui donne à voir les stéréotypes du corse archaïque. Comment l’histoire nous renseigne sur ce rapport entre les élites intellectuelles et les sauvages inassimilables ?
Une fois de plus, de nombreuses voix d’indignation se sont élevées en Corse, à la suite de la diffusion sur France 3 du film télé « Mission sacrée » qui retrace la période de la prise de fonction du préfet Bonnet et de l’incendie des paillotes.
Des élus corses ignares, des fonctionnaires incompétents, des nationalistes rustres et demeurés et en général une population essentiellement violente et comploteuse; aucun stéréotype sur la Corse ne semble manquer.
Pourtant, les corses ne devraient pas s’offusquer d’une telle image. A vrai dire, au regard de l’histoire, ils devraient même en être lassés.
Déjà, cet été, l'article de M Hauter, publié dans le Figaro, n'avait finalement rien de détonnant: « Corte, avec son université corse médiocre, est un réduit, la réserve naturelle d'une espèce française primitive, en voie d'extinction. »
En 2009, C. Barbier, patron de l’Express, écrivait sa « pitié pour cette île ravagée par les fièvres récurrentes de ses incurables archaïsmes ». Les exemples autour de nous ne manquent pas.
Mais si nous remontons dans le temps, en 1902, le procureur de la cour d’appel de Bastia concluait déjà : « Les délits électoraux, les fraudes (…), la corruption de la violence maintiennent leur intensité au point de se demander si ce pays est digne de conserver le suffrage universel »*.
Les auteurs du XIXème, en quête de cadre exotique pour leurs intrigues, avaient cristallisé l’arriération des mœurs au travers la figure emblématique de Colomba de Mérimée et de la fameuse vendetta.
Dans une nouvelle de 1840, Flaubert n’était pas en reste : « On trouve en Corse beaucoup de choses antiques : caractère, couleur, profils de têtes.(…) Ils vous disent quelque fois sur la politique et sur les relations humaines des choses antiques » *
Maupassant renchérissait : « Tous portaient un fusil chargé sur le dos ; sans cesse prêt à tuer à la moindre apparence d’insultes »*.
Nous pouvons remonter jusqu’en 1439, le Florentin Poggio Bracciolini écrivait dans sa correspondance que ce « peuple si sauvage et inhumain fait d’hommes si barbares» n’était pas digne du gouvernement humaniste italien.
Vingt-sept années après, un autre humaniste, Antonio Ivani disait des corses : « ils sont parfaitement nonchalants pour l'agriculture ; et de même, peu soignés, barbus, portant des guêtres, ils négligent tous les ornements de la vie des hommes. »
Nous arrêterons là la litanie des stéréotypes méprisants. Bien qu’ils s’expriment à des époques différentes et bien que la Corse ait beaucoup changé depuis le XV° siècle, un point commun semble les réunir.
Il y a derrière ces réflexions séculaires une idée bien ancrée : La Corse est une société traditionnelle incompatible avec la modernité. Le caractère frustre de ses habitants, la fraude et la corruption politique, le recours systématique à la violence, la passion pour la vengeance et la loi du silence, sont autant de caractères qui la prive d’une citoyenneté moderne.
On pourrait trouver trois raisons, parmi d'autres, à l'antimodernité supposée de la Corse. Elle était, jusqu’à tout récemment, une société rurale. En se basant sur la proximité de ses membres et un univers clos, les sociétés
rurales, ne peuvent fabriquer un intérêt général. Les élites politiques modernes ont toujours assimilé les pratiques
politiques paysannes à un monde ancien et révolu.
Ensuite, la Corse est une société ethnique, c'est à dire historique et clturelle, sur un territoire délimité. En règle générale, la culture de groupes ethniques minoritaires, c’est-à-dire non reconnus comme Etats-nations modernes, est considérée comme inassimilée et inassimilable par les lumières de la civilisation. Pour la modernité occidentale, l’ethnie serait rétrograde alors que l’Etat politique serait progressiste.
Enfin, de façon universelle, les démocraties occidentales ont pratiqué à outrance l' ethnocentrisme, notamment par le
colonialisme qui devait exporter les bonnes mœurs aux sauvages du monde entier. De part sa position méditéranéenne, la Corse ne peut occulter sa géopolitique tiers-mondiste.
Les critiques faites aux campagnes françaises, aux ethnies et aux colonnies par la modernité politique sont superposables aux
critiques sur la Corse.
La « Mission Sacrée » de Bonnet était celle du rétablissement de l’état de droit, préalable indspensable à la modernité. C’est la même « Mission sacrée » que l’occidentalisation du monde a partout voulu imposer. C'est ce même processus qui aujourd'hui encore parle dans la voix des élites. Les Etats-nations, le capitalisme et la domination culturelle n’ont voulu aménager aucun espace pour les sociétés ethniques, rurales, et pour la diversité culturelle. Il n’y a donc plus guère que les Corses pour ignorer leur profonde arriération.
Damien BIANCHI
*Gustave Flaubert, Voyage dans les Pyrénées et en Corse, 1840
*Guy De Maupassant, Histoire corse, 1881
Écrire commentaire
U Palatinu (dimanche, 02 octobre 2011 20:43)
Un peccatu chì stu filmu, incù un sughjettu tale, averia pussutu esse un bon filmu, ma s'hè annegatu in a caricatura.
Peccatu, sopra tuttu ch'ùn hè manc'appena a prima volta.
http://cumpalliols-in-corsu.over-blog.com/article-peccatu-85674964.html
jean luc Berteloot (samedi, 08 octobre 2011)
Bonjour
En effet pour l'élite jacobine parisienne , les Corses sont un défi permanent à la politique d'assimation républicaine qui a lamine les identités régionales au profit d'une culture universaliste héritière du judéo christianisme et de
jean luc Berteloot (samedi, 08 octobre 2011 21:42)
Bonjour
En effet pour l'élite jacobine parisienne , les Corses sont un défi permanent à la politique d'assimation républicaine qui a lamine les identités régionales au profit d'une culture universaliste héritière du judéo christianisme et de la pseudo ère des lumieres ,cad une entreprise d'aliénation dont le résultat est une société nevrosee . À contrario la France à délibérément mené une politique pro-musulmane au Maghreb au détriment des
populations berbères,toujours dans ceit
objectif civilisationnel qui nie l'existence de ceux qui ne veulent pas se fondre dans le ma
Basta cusi (dimanche, 09 octobre 2011 06:52)
Les corses ! les juifs ! les arabes ! les pieds noirs !....... zut aux amalgames !
Aux obtus à la vue courte ! aux bornés imbus de certitudes incongrues et injustifiées ! à tous ceux qui parlent sans savoir ! je leur dirait fermer votre clapet qui diffuse une puanteur insoutenable et propage l'endémie de votre propre archaïsme, de votre racisme , de votre inhumanité et de" votre stupidité lassante .