La valeur en bourse de la banque franco-belge Dexia a littéralement fondue de 30 % en l’espace de 20 minutes. De nombreuses collectivités locales, à l’image de la Corse, ont contracté des prêts chez Dexia. Se pose désormais la question du financement des prêts et le danger d’un risque systémique.
A la suite de la menace de l’agence de notation Moodys de dégrader la note de la banque Dexia, le conseil d’administration a mandaté son administrateur délégué, Pierre Mariani, pour
"préparer, en concertation avec les Etats et les autorités de contrôle, les mesures nécessaires pour résoudre la crise". Ce Corse d’origine, avait été appelé en urgence en 2008 par
Nicolas Sarkozy pour sauver l’établissement de la faillite. L’Etat avait alors nationalisé une partie du capital.
Le cours de l’action a très fortement chuté à la suite de l’annonce de son démantèlement. La banque connait une crise de liquidité, c’est-à-dire qu’elle n’a plus assez d’argent et que les autres
établissements ne souhaitent plus lui en prêter. Si la crise des subprimes n'a pas été fatale à Dexia, la crise de la dette pourrait cette fois marquer sa perte.
Première banque de financement des collectivités locales
Dexia est la première banque de financement des collectivités locales. Communes, départements et régions françaises ont depuis 1995 contracté pour 165 milliards d’emprunts dont 95 milliards sont
dits toxiques. Comme nous l’avions noté précédemment, la Corse a emprunté, au total, 107 millions d'euros, qu'elle devra de toute manière rembourser, auxquels s'ajoutent 23 millions de surcoûts.
C’est l’une des régions les plus endettées par des crédits risqués.
Ainsi, les collectivités locales s’inquiètent. Elles exigent une solution urgente à la crise de la banque franco-belge. Cependant, il est certain que la banque mènera à leur terme les multiples
procédures engagées par les collectivités locales françaises ayant contracté des prêts auprès d'elle.
Qui va récupérer les créances ?
Pour ce faire, plusieurs solutions sont à l’étude. Notamment la séparation en deux pôles du portefeuille : d’un côté, la création d’un Bad Bank qui permettrait de regrouper et d’isoler les
emprunts toxiques ; de l’autre, le rapprochement avec la caisse des dépôts et la banque postale en une société gérant le financement des collectivités locales qui concerne 70 milliards.
Le problème est donc de savoir par qui et à quelles conditions les créances de Dexia vont être récupérées ? Certains élus s’inquiètent déjà d’une solution qui risquerait de contaminer les
structures bancaires publiques et de faire appel, au final, aux contribuables pour payer. Ils proposent la création d’une véritable agence de financement des collectivités locales. D’autres
proposent une taxe sur l’activité générale des banques pour financer la création d’une structure de défaisance des emprunts.
En tout état de cause, la Corse comme les autres collectivités locales connaissent des difficultés grandissantes pour financer leurs investissements. La crise financière de 2008 avait durcie les
conditions d’emprunts à la suite des accords de Bale III. La crise des liquidités et le démantèlement de Dexia ne vont rien arranger.
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