Une délégation de maires, emmenée par le président Ange-Pierre Vivoni et composée de Jacques Linale (Pieve), Jacques Bartoli (Isolaccio-di-Fiumorbu), Maurice Chiaramonti (Poggio-Mezzana)
et Pierre Orsini (Poggio-Marinacce), a remis une motion au préfet Louis Le Franc pour protester contre les violences infligées aux élus. La délégation s’est montrée satisfaite de l’accueil, du
dialogue et des propos tenus par le préfet.
Explications d’Ange-Pierre Vivoni.
Ange Pierre Vivoni : « La violence est ingérable et insupportable »
- Quel est le contenu de la motion que vous venez de remettre au préfet ?
- Une soixantaine de communes a délibéré contre la violence. Autant sont prêtes à nous envoyer leur délibération. Au final, ce seront environ 150 communes qui auront délibéré. Nous avons
apportées ces délibérations au préfet. Dans cette motion, nous disons que tous les élus, particulièrement en Haute-Corse, subissent des pressions de leurs administrés. Certains sont menacés,
d’autres sont même assassinés. C’est pour nous ingérable et insupportable !
- Qu’attendez-vous de cette motion ?
- De remettre les pendules à l’heure. Prenons, par exemple, la divagation des animaux qui est une sorte de violence, où les élus sont en première ligne. Maintenant, on fait n’importe quoi !
La loi n’est plus respectée parce que les maires ne peuvent pas la faire respecter, l’Etat n’est plus en mesure de la faire respecter. Nous avons donc demandé au préfet d’être notre intermédiaire
pour rencontrer le ministre de l’Intérieur à Paris lors du Congrès des maires de France et cela, en accord avec les maires de Corse-du-Sud.
- Que vous a dit le préfet ?
- Le préfet nous a apporté des réponses claires sur la divagation des animaux et très encourageantes, voire rassurantes, sur d’autres sujets. En cas de problème, le colonel Lavergne, commandant
du groupement de gendarmerie, demandera à ses quatre chefs de groupement de se réunir avec les maires sur leur circonscription et de favoriser la concertation. Concernant les PLU, le préfet nous
donnera une fiche de route. Nous saurons alors ce qu’il faut faire et nous serons soutenus par les services de l’Etat. Globalement, des décisions seront bientôt prises.
- Quelles décisions ?
- Nous ne pouvons pas encore en parler. Il y aura des propositions concrètes et des réponses. Elles seront divulguées lors du Congrès des maires de Haute-Corse qui se tiendra le 19 novembre en
Costa Verde en présence du préfet.
- Concrètement que peut faire l’Etat ? Peut-il mettre un gendarme derrière chaque élu !
- Pas du tout ! Mais il faut que nous ayons quand même l’assurance que l’Etat nous soutient dans nos démarches. Nous demandons qu’il prenne toutes ses responsabilités pour nous protéger et nous
permettre d’exercer nos fonctions. Nous sommes des élus de la République, qui, aujourd’hui, ne savent plus s’ils font bien ou s’ils font mal.
- Cette pression sur les maires, est-ce un phénomène récent ?
- L’escalade a commencé il y une quinzaine d’années, mais depuis la dernière décennie, nous subissons une pression quotidienne.
- A quoi est-elle due ?
- Il n’y a plus de respect de la fonction de l’édile. Avant, en Corse, on savait qu’un curé, un instituteur et un bon maire étaient la fortune d’une commune. Aujourd’hui, il n’y a plus de curés,
plus d’écoles. Le citoyen a démissionné. Il a tellement de problèmes à résoudre pour lui-même que les problèmes du prochain ne l’intéressent plus. Avant, le maire bénéficiait de son appui, même
s’il était un adversaire politique, il y avait un dialogue. Aujourd’hui, l’élu subit un rapport de forces en continu avec l’habitant. Ce rapport de forces doit disparaître. Bien évidemment, l’élu
n’est pas tout puissant non plus. Quand au citoyen, sa puissance tient dans un bulletin de vote tous les six ans.
- Sur le continent, un certain nombre de maires hésite à se représenter…
- Pas seulement sur le continent ! En Corse aussi. Chaque jour, je reçois des maires qui veulent démissionner. Un maire n’est pas un Zorro, il veut rentrer calmement le soir chez lui et partager
une vie de famille, mais il a toujours des soucis, l’esprit ailleurs et il se pose des questions : ai-je fait bien ? Ai-je mal fait ? Est-ce que je dois le faire ? Et là, il est tout seul.
- Avez-vous évoqué les réticences de certains maires à propos de l’intercommunalité?
Nous en avons beaucoup parlé. Le préfet a été très clair à ce sujet. Il a dit que les mariages forcés ne font jamais de bons mariages. Il faut faire des mariages de raison.
Propos recueillis par N.M.
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