Au sortir d'un marathon, entamé il y 8 mois, l'assemblée de Corse a fini par donner son avis sur le lieu d'implantation du siège de la chambre de commerce régionale. Avec 21 suffrages Bastia, comme l'on s'y attendait, est largement parvenu en tête du vote indicatif de l'assemblée qui est venu, plus tard, complèter le projet de délibération soumis aux élus territoriaux. Ajaccio ayant obtenu 12 suffrages, Corte 4 mais le nombre d'élus non-participants au vote et celui des abstentionnistes, preuve du malaise qui a soudain affecté l'assemblée, a été supérieur au total des suffrages obtenus par Ajaccio.
Ajaccio ? Bastia? Ou Corte? L'assemblée de Corse, aussi divisée que la plupart de ses groupes, a eu du mal à donner son avis sur le lieu d'implantation du siège de la chambre de commerce régionale. Mais au-delà des divergences de points de vue au sein de la même mouvance politique, Pierre Chaubon président de la commission des compétences législatives, a bien des fois du rappeler, au milieu de la confusion ambiante, la procédure qui à l'évidence n'avait pas été comprise par tout le monde… Un débat totalement dépourvu de clarté qui a, visiblement, embarassé l'ensemble de nos élus. Dire qu'il ne s'agissait que d'exprimer un avis !
L'affaire trainait depuis trop longtemps.
C'est sans doute ce qui a justifié l'examen, en procédure d'urgence, du rapport appelé à traduire l'avis de l'assemblée de Corse sur le siège de l'a chambre de commerce régionale.
D'entrée Pierre Chaubon s'est évertué à éclairer le débat. Puis bien des fois a rappeler la bonne marche à suivre pour lui permettre d'aller à son terme.
Du propos liminaire du président de la commission des compétences législatives on aura surtout retenu le souci de Pierre Chaubon de voir se dérouler un "débat respectueux et digne" pour
une afaire qui "n'est pas celle du siècle" et l'information selon laquelle le président de la Chambre de commerce de la Corse-du-Sud avait demandé une adaptation de loi plutôt qu'un
siège en alternance.
A débuté ensuite une longue période, assez confuse, et il fallut tout l'entregent de Dominique Bucchini pour faire avancer, à petites touches et au fur et à mesure des observations qui montaient de l'assemblée (Jean-Baptiste Luccioni, François Tatti, Jean-Jacques Panunzi) et des réponses de l'exécutif, le dossier.
Points de suspension et ABC
La confusion qui a longtemps présidé à plus de cinq heures du débat vient, sans doute du fait que l'assemblée dut tout d'abord se prononcer
sur un projet de délibération avec trois points de suspension (...) en lieu et place du lieu du siège de la CCI régionale, puis lors de la délibération finale à remplacer, après amendement, ces
points de suspension par les localités ABC en l'occurrence Ajaccio, Bastia et Corte proposés par les élus en fonction de leurs convictions.
Le débat qui a suivi a fait remonter tout à la fois les observations des élus et leurs explications de vote qu'on ne leur demandait pas encore !
Etienne Bastelica a estimé que dans ce dossier " la solidarité corse n'apparaissait plus" mais que ce n'était pas aux élus de procéder à cette désignation.
Jean-Guy Talamoni a souligné qu'il était "faux de dire que les élus étaient contraints de choisir entre Bastia et Ajaccio" et que Corsica Libera voterait pour Corte.
Ange Santini a bien rappelé que cet avis ce " n'est ce qui bouleverse la population corse aujourd'hui" et au nom de quatre membres de son groupe (Etienne Suzzoni, Anne-Marie
Natali, Christine Guerrini, Stéphanie Grimaldi) affirmé qu'il voterait en faveur de Bastia.
" Mon clocher? La place des Palmiers"
Pour Marie-Antoinette Brunelli l'assemblée " ne sort pas grandie de ces huit mois de débats stériles". " Si on m'avait demandé de voter dès que le débat a été ouvert
j'aurais opté pour Bastia. Mais aujourd'hui certains nous ont conduits à choisir entre le cœur et la raison. On nous enfermés dans un débat de clocher et le mien est situé place des…
Palmiers".
"La Corse retient son souffle". C'est sur le ton de la dérison que Michel Stefani a entamé son intervention avant de dénoncer la situation "ubuesque où la situation des deux
chambres de commerce de Corse est plus importante que la situation sociale de 15 000 chômeurs."
Après que François Tatti ait dit, très nettement, son penchant pour Bastia - "faisons preuve de maturité, amorçons le processus d'aménagement du territoire" - Gilles Simeoni a
fustigé les "reflexes campanilistes".
"Nous somme, ici, des élus de la Corse… La réflexion que l'on nous propose se limite à Ajaccio et Bastia. Pour les populations rurales il s'agit là d'un débat de nantis… Le choix
de Corte qui s'imposerait pour des raisons historiques, symboliques et géographiques ne peut pas être validé parce qu'il n'a été voulu par aucun élu consulaire." Et d'expliquer que si les
élus de Femu a Corsica voteraient en leur âme et conscience lui choisirait Bastia.
"On nous propose de diviser la Corse " a estimé quant à lui Jean-Baptiste Luccioni. "De dresser Ajaccio et Bastia l'un contre l'autre. Un va gagner, l'autre va perdre. Pour nous il
est hors de question de choisir. Nous ne participerons pas au vote".
"Un débat et un vote qui nous ont déchirés"
Derniers intervenants Jean-Christophe Angelini et Jean-Charles Orsucci.
Pour Jean-Christophe Angelini "l'assemblée de Corse a perdu sa bataille auprès de l'opinion après ce débat". "Pourtant nous ne ne fixons rien du tout. Nous donnons simplement un
avis, mais il intervient au terme d'un débat et d'un vote qui nous ont déchirés…"
En disant son espoir de voir cette discussion se poursuivre Jean-Claude Angelini s'est positionné pour Ajaccio.
"Si la question concernait le foot, c'est le Sporting qui l'aurait emporté" soulignait pour sa part Jean-Charles Orsucci. Mais le maire de Bonifacio, qui a opté pour Ajaccio, anticipant les questions des observateurs, a rappelé que la Corse forte de 300 000 habitants compte de nombreuses microrégions - et cela compte lorsque l'on a prendre position.
"Notre vote sera clair et précis. Chacun l'appréciera".
L'assemblée s'est d'abord prononcée pour l"indication de vote.
Ajaccio a obtenu 12 voix, Bastia 21, Corte 4. 11 élus n'ont pas participé au vote. 2 se sont abstenus (Il y avait un absent).
Pour ce qui est de l'amedement venu complèter le projet de délibération 23 élus ont voté pour, 6 contre, 16 n'ont pas participé, 5 se sont abstenus, 1 était absent.
La délibération , enfin, été adoptée par 23 voix pour, 5 contre, 16 non-participations, 6 abstentions. Il y avait un absent.
Ouf.
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