Le débat d’orientations budgétaires pour 2012 du Conseil Général de Haute Corse a donné lieu à une passe d’armes, désormais rituelle, entre deux anciens amis, désormais adversaires : Hyacinthe Mattei, conseiller général de l’Ile Rousse, et Joseph Castelli, président du Conseil général de Haute Corse. Sur fond de rigueur budgétaire et d’emprunts toxiques, le conseiller général dissident dénonce une politique d’embauches électoralistes et l’ostracisme dont son canton serait victime.
Le moins que l’on puisse dire est que Hyacinthe Mattei ne désarme pas. Depuis son éviction brutale de la présidence de la Commission des Finances au profit d’Eric Calloni, le conseiller de
gauche, qui siège désormais sur les travées de droite, est devenu le plus virulent opposant à la majorité départementale dont il est issu. Profitant du débat d’orientations budgétaires 2012, il
s’est employé à peaufiner pièce par pièce sa contre-offensive. Lorsque Joseph Castelli présente, en préambule, ce débat comme un exercice de démocratie participative, il rétorque : « Les
conseillers généraux, à ma connaissance, n’ont pas été associés aux travaux que vous nous présentez aujourd’hui».
Dans un contexte de réforme fiscale et de gel de dotation de l’Etat, en pleine crise de la dépense publique, le Conseil général avoue des marges de manœuvre réduites. Il est confronté à des choix
drastiques entre la nécessité de réaliser des économies et la volonté de maintenir le cap d’un département solidaire et volontaire pour tous avec la mise en place d’un bouclier social
intergénérationnel et territorial.
« C’est bien dans les intentions, mais vous faites le contraire aujourd’hui. Un exemple avec la diminution du nombre d’heures attribuées aux bénéficiaires de l’APA », réplique le
dissident, qui nie toute baisse des recettes liée à la conjoncture et l’impute à une politique salariale électoraliste. « La spirale dangereuse a d’autres sources, notamment dans les
embauches massives pratiquées en 2010 et 2011 ». S’ensuit une bataille de chiffres où chacun affiche sa vérité.
« Comment pouvez-vous affirmer que les effectifs restent constants alors qu’ils sont passés de 1150 en décembre 2010 à 1240 aujourd’hui ! Près de 130 embauches ont été effectuées depuis mai
2010. Je ne suis pas contre les embauches lorsqu’elles sont justifiées, mais là, elles font partie d’un système féodal et coûtent cher aux contribuables. Les charges de personnel représentent
26,45 % du budget de fonctionnement contre 18,95 % en 2004, soit 7,5 % d’augmentation en sept ans », poursuit Hyacinthe Mattei.
Une plainte au pénal
Face à l’objectif affiché par Joseph Castelli d’améliorer la sécurité sur les routes départementales pour mieux assurer le confort des usagers, le maire de Monticello énumère les refus de
travaux routiers que lui oppose le Conseil général, travaux indispensables sur des routes dangereuses, et accuse celui-ci de faire trainer en longueur les procédures d’appels d’offres. « Dans
ces domaines, j’envisage d’engager une procédure au pénal car, en voulant nuire au conseiller général, vous mettez en réalité la vie des usagers en danger. Je suis victime d’un ostracisme des
plus primaires qui vous amène à un excès de pouvoir ».
Et l’élu balanin de lister les abus de pouvoir dont il est victime avant de conclure : « Tout est fait pour me casser politiquement, soyez persuadé que rien ne me fera plier. Je suis debout,
j’y reste ».
Balayant sèchement d’un revers de main la polémique, Joseph Castelli a botté en touche, laissant le soin à sa majorité de ferrailler avec son ancien coreligionnaire. L’opposition semble, quant à
elle, étrangement sourde à une querelle qu’elle a vainement portée en d’autres temps. Le budget, lui, sera voté le 16 décembre.
N. M.
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