Serge Orru ? C'est un fourmillement d'idées permanent. Il en émet sans doute autant qu'il a de pensées dans une journée. C'est un peu de la sorte qu'est né il y 20 ans le Festival du Vent
de Calvi. "Festiventu, C'est un tourbillon de la vie. On aurait d'ailleurs pu l'appeler Festival de la vie" aime t-il à rappeler quand on lui demande de se pencher sur les vingt années
de Festival qui viennent de s'écouler.
Interview
- 1992, premier Festival du Vent?
- le Festival est né dans un pays où le vent est constant. Le vent, chez nous, n'est pourtant pas un élément positif. Quand on l'évoque on pense notamment aux dégâts qu'il peut causer aux, incendies, aux volets qui claquent. Pourtant le vent ce n'est rien du tout, sinon la première compagnie aérienne du monde. S'il n'y pas de souffle. Il n'y pas de graine qui vole. Dans sa métaphore, il représente la liberté et l'éternité. Et il aboli les frontières. Cette brise qui nous caresse tous les matins n'a t-elle pas aussi caressé nos ancêtres? C'est aussi le bon moyen pour que, dans ce contexte, les idées des uns pollennisent celles des autres.
- L'esprit du Festiventu?
- Celui qui veut parler vient. Ceux qui veulent venir sont les bienvenus. Il n'y a pas de quota même l'on dit que je suis trop Corse à Paris et Parisien en Corse.
- Vous vous souvenez de la première édition? Comment le Festival a-t-il été accueilli?
- Le premier jour de la manifestation le vent soufflait en tempête. Toutes les infrastructures étaient dans la tourmente. Puis, on ne sait trop pourquoi, le feu d'artifice, qui était prévu
pour beaucoup plus tard, s'est déclenché. Ce spectacle, anticipé, a été apprécié par les 50 personnes qui se trouvaient à ce moment là sur le port. Le plus beau compliment est venu de la part de
Jean-Baptiste Suzzoni, chef d'agence de Corse-Matin. Dans un article, relatant la soirée dantesque que nous venions de vivre, il y allait d'un "Chapeau bas M. Orru" qui m'est allé droit
au cœur.
- Tout le monde a t-il été conquis?
- Il y aura toujours des sceptiques face aux idées nouvelles. Et les mêmes réflexions que l'on attend partout. Pourtant si nous sommes enrichis intellectuellement, nous nous sommes appauvris matériellement. Mais en Corse on aime les idées un peu extravagantes. Et celui qui fait est respecté.
Il n'empêche que nous avons inventé un événement. Festiventu, ce n'est pas un festival traditionnel. C'est un tourbillon de la vie. On aurait d'ailleurs pu l'appeler Festival de la vie.
- Les satisfactions de 20 années de Festival?
- Un enfant qui a vécu en Corse vingt festivals colore la vie, non?
Que la manifestation dont l'organisation relève toujours du miracle, ait fonctionné dès le départ. Et si aujourd'hui encore nous avons besoin de lieux et si la logistique que requiert un
tel festival est toujours plus complexe, notre satisfaction est grande de voir que Festiventu est devenu populaire.
N'oublions pas aussi que c'est de Calvi qu'est partie l'opération visant à éliminer les sacs plastiques. Aujourd'hui on y vient en famille, entre copains et professionnellement. Durant la manifestation Calvi est un grand caravansérail à ciel ouvert où chacun vit dans son milieu à côté de n'importe quelle personnalité.
- Vos regrets ?
- Que l'opération soit toujours aussi difficile à organiser après sa vingtième édition. Chaque fois il y a une montagne à… déplacer. Il y a certes bien plus d'éléments positifs que le
contraire mais il nous faut beaucoup d'envie et de volonté pour y parvenir. Un jour quelqu'un m'a dit à l'heure du festival " Je suis en Corse et je suis ailleurs". Sur le coup le propos m'avait
vexé. En fin de compte je crois que c'est un très beau compliment…
- Vous êtes le directeur général de WWF France depuis 5 ans et le père du Festival du Vent : comment conciliez-vous les deux activités?
- Carina, mon épouse depuis 20 ans, qui est de Lumio, fait seule ce que nous faisions à deux auparavant. C'est une grande organistrice. Je lui apporte, du mieux que je peux, mon concours le
soir et pendant les week-end. Pour ma part je suis le président d'honneur du… sens du Festival, le gardien. Je veille sur ce sens avec un conseil d'administration au sein duquel s'exprime un beau
pluralisme de pensée et avec lequel nous effectuons un travail passionnant depuis le début.
- Le mot de la fin ?
- Il est de Jean-Louis Foulquier, un ancien de France Inter qui un jour m'a confié : "J'aime bien ton festival, car nul ne peut mettre le vent en cage !"
"Jette pas ton mégot, deviens un héros…"
"Jette pas ton mégot, deviens un héros". Festiventu, comme il le fit en son temps avec le sac en plastique, part en guerre cette année contre le mégot. La campagne, déjà été initiée en 2010, prendra une autre tournure cette année avec le concours de l'Agence du tourisme de la Corse.
"Personne n'a rien à jeter dans la nature" Serge Orru. "Le mégot est un produit toxique, nous allons le faire savoir avec force, pendant le festival mais aussi et surtout en 2012 avec une grosse campagne à la clef."
"L'opération contre l'utilisation des sacs plastiques a demandé 5 ans d'investissement total". Et à Festiventu, on est prêt à ''remettre ça" pour, à la faveur, de cette nouvelle
croisade en faveur de l'écologie amener le consommateur d'aujourd'hui à " passer de la philospphie du jetable à celle du durable" ainsi que le souhaitent Serge Orru et tous
ceux qui travaillent à ses côtés.
Hommage à Pierre Rabhi, le fertile
"L'important, c'est la politque des actes" affirme celui qui a porté le Festival du Vent sur les fonts baptismaux il y a 20 ans. Il faut se poser la question de savoir ce que l'on
fait pour améliorer la vie des autres. Le Festival du Vent a été créé pour ça" ajoute Serge Orru. "Et s'il y a un homme qui fait ce qu'il dit pour le bien de l'humanité c'est bien Pierre
Rabhi".
Pierre Rabhi, est essayiste français d'origine algérienne, inventeur du concept « Oasis en tous lieux ».
Il défend un mode de société plus respectueux de l'homme et de la terre et soutient le développement de pratiques agricoles respectueuses de l'environnement et préservant les ressources naturelles, l'agroécologie, notamment dans les pays arides.
Serge Orru, qui lui voue un profond respect et pour lequel il a beaucoup d'admiration, présente et prolonge dans "Pierre Rabhi - Le fertile", un ouvrage publié aux Actes Sud, cette parole salutaire au vu des enjeux environnementaux à venir, chiffres et constats à l'appui.
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