Pour rencontrer Florence Arthaud quelques heures après l'accident dont elle a été victime en mer, il fallait se rendre dimanche matin à la préfecture de Haute-Corse. C'est là qu'à la suite de son hospitalisation passagère, elle a passé quelques heures. A peine marquée physiquement par la mésaventure qu'elle venait de connaître mais assez consciente pour réaliser qu'elle revenait de loin. "J'ai eu très peur" disait-elle dimanche matin.
"Le diable n'a pas voulu de moi, mais je dois vous avouer que j'ai eu très peur " affirmait la navigatrice à peine remise de ses émotions.
"Je n'avais plus aucun espoir et j'ai bien cru que j'allais rejoindre Eric Tabarly et tous ceux qui ont disparu en mer" ajoutait-elle en précisant qu'elle avait passé près de deux heures
dans l'eau sans gilet de sauvetage.
"C'est la première fois que cela m'arrive. Je suis déjà tombé à la mer. C'était en Martinique. Mais à l'époque j'avais réusi à m'accrocher au bateau et à remonter à bord."
Dimanche ce ne fut pas le cas.
"Je rentrais de Rome après une croisière en solitaire en Méditerranée. J'ai voulu satisfaire à un besoin naturel. Je suis montée sur le pont. A ce moment l'Argade II a pris une
vague. Et je me suis retrouvée à l'eau sans gilet de sauvetage. Avec seulement ma lampe frontale".
L'Argade II en pilotage automatique a poursuivi sa route laissant derrière lui Florence Arthaud.
Mais la navigatrice n'a pas perdu son sang-froid pour autant. Elle a réussi à se saisir de son téléphone portable étanche. "Je l'avais acheté à Rome. Et je l'avais mis dans la poche de mon
ciré."
"Après plusieurs tentatives infructueuses, sans lunette et dans l'eau, j'ai, enfin, réussi à composer le numéro de ma mère. Et à lui dire approximativement où je me
trouvais."
La suite on la connait.
Son frère qui alerte le Cross-Med. La SNSM. Dragon 2 B. L'hôpital. Et la préfecture de Haute-Corse où le préfet Louis Le Franc s'est multiplié pour que l'on vienne rapidement à la rescousse de la
navigatrice.
Mais Florence Arthaud n'en a pas moins passé deux heures dans l'eau. A redouter le pire. Sans gilet de sauvetage avec seul lien avec le reste du monde son téléphone - qui a permis sa rapide
localisation - et sa lampe frontale auxquels elle doit, avec sa résistance physique, certainement d'être en vie aujourdhui.
Quant au l' Argade II, il a été repéré dans le courant de la matinée de dimanche à 35 milles nautiques au Nord-Est du Cap Corse.
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