U Partitu di a Nazione Corsa (PNC) a tenu son assemblée générale, ce dimanche, à Corte. L’occasion pour le mouvement autonomiste de faire le bilan de l’action de ses élus à la CTC, en
taclant au passage l’exécutif territorial, et de développer la stratégie pour les échéances électorales de 2012. Une certitude : la bataille se fera sous la bannière Femu a Corsica avec des
candidats dans les quatre circonscriptions de l’île. Un calendrier : la désignation des candidats est prévue en début d’année, l’entrée en campagne en février-mars. Une ambition : être au moins
présent au second tour. Un cap : négocier un statut d’autonomie avec l’accès aux responsabilités en 2014.
C’est dans un amphithéâtre pratiquement plein que le PNC (Partitu di a Nazione Corsa) a rassemblé ces militants pour une assemblée générale qui se voulait, à la fois, explicative, combative et
dynamisante.
Explicative avec le bilan de l'action des élus territoriaux sur les débats clés de la mandature : fonctionnement, transports, énergie, agriculture, fiscalité, santé, Padduc, etc.
Les quatre élus du PNC, qui siègent sur les bancs de l’assemblée territoriale sous la bannière de Femu a Corsica, au côté d’Inseme per a Corsica et A Chjama, ont rendu compte de leur travail au
sein des différentes commissions à des militants qui ont parfois du mal à l’apprécier. Un travail, qualifié de « difficile » par Fabienne Giovannini, qui précise que, malgré les apparences, tout
n’est pas rose sous la présidence Giaccobbi. « On pose un problème à la majorité actuelle qui ne sait pas encore comment nous prendre. On donne le LA, on fait des propositions, on salue le
travail quand il faut le saluer et on est une force de blocage quand il faut l’être ».
Guerre de tranchées à la CTC
La réalité, telle que la raconte la conseillère exécutive, est même fort éloignée des suspicions d’entente cordiale que l’on prête aux modérés et ressemble plus à une guerre de tranchées. «
Ils font tout pour réduire notre temps de parole, pour nous empêcher de prendre la parole, même au sein des commissions, cela ne devrait pas exister dans une enceinte démocratique, mais ça
existe ».
Jean Christophe Angelini, président du groupe à la CTC, enfonce le clou : « Nous sommes le premier groupe en volume et en nombre de questions orales, de motions et d’interventions sur la
plupart des grands dossiers. Ce qui n’est pas sans susciter des problèmes. En commission permanente, nous avons des formes de rappels à l’ordre qui peuvent être apparentées à des tentatives de
nous gêner et qui posent des problèmes démocratiques ».
Tacles à l’exécutif
Et les tacles à la majorité territoriale se multiplient.
Sur les réalisations effectives de l’équipe Giacobbi : « Il y a beaucoup de feuilles de route à la CTC, mais avec des débats et des votes qui tardent à venir ».
Sur les transports : « Sur l’aérien et le maritime, la CTC est sur le non-choix. Les débuts de Pierre-Marie Bartoli ont été tonitruants, on allait voir ce qu’on allait voir. Au final, il n’y
a pas eu de discussions, juste des décisions judiciaires. Nous ne sommes pas d’accord».
Sur les chemins de fer : « La commission ad hoc qui a été créée est une mascarade. L’exécutif s’est avancé masqué. Ce dossier est emblématique de la mauvaise gestion de l’exécutif
».
Sur les finances : « Rien ne permet d’affirmer que la CTC, à la fin de cette mandature, ne débouchera, comme l’Etat français, sur une solution de banqueroute, de faillite car elle ne s’est
jamais préoccupée du financement de sa politique ».
La charge va continuer au fil des questions posées par les militants.
L’utilité européenne
Ce furent ensuite à François Alfonsi, député européen, et à Vincent Gambini, responsable du PNC Ghjuventu, de rendre compte de leurs activités.
François Alfonsi s’est livré à un patient travail de pédagogie pour expliquer aux militants l’importance de la présence et de l’action d’un député corse au sein d’une instance européenne où les représentants nationaux ont d’autres chats à fouetter que la question corse et au sein d’une coalition verte qui peut accéder à des postes de gouvernement en France et à des postes clés en Europe.
Le député, qui siège à la commission européenne de développement régional et va, en début d’année, occuper la présidence du groupe Alliance Libre européenne, entend « cultiver ses relations
politiques pour porter la voix de la Corse et négocier un nouveau contrat ».
Le spectre de la désunion
Explications toujours du secrétaire général du PNC qui s’est également longuement attaché à justifier aux militants l’importance de la coalition de Femu a Corsica et de sa cohérence politique.
Preuve peut-être qu’elle est toujours mal comprise ou peu acceptée par la base ! « Nous devons continuer dans la voie de l’union. Femu a Corsica, coalition plus souple et moins formelle, a sa
raison d’être avec un potentiel électoral conséquent. N’opposons pas le PNC à Femu à Corsica, à Chjama ou à Inseme en dépit de nos différends nombreux, de nos problèmes et de nos frustrations !
Notre peuple attend de nous d’être unis. N’offrons pas un visage de désunion ! ». Il fallait apparemment que ce fut dit et répété comme pour exorciser le spectre de la désunion. Tout en
précisant, bien sûr, la place « centrale » du PNC dans la coalition et en revendiquant un large mérite dans les succès électoraux et les 40 000 voix obtenues aux Territoriales.
Après donc un mariage forcé, qui a débouché sur une victoire éclatante et inespérée, c’est, pour les deux partenaires obligés, désormais un mariage de raison. Jean-Christophe Angelini a été très
clair : la coalition Femu a Corsica est le cœur de la stratégie électorale. On ne change pas une équipe qui gagne ! Et les enjeux sont d’importance.
Des candidats dans chaque circonscription
En premier lieu, les élections législatives, où les nationalistes modérés estiment ne pouvoir « s’exonérer d’une présence ». Le PNC confirme, ce qu’avait déjà annoncé Gilles Simeoni, à
Ajaccio, jeudi matin, lors d’une conférence de presse d’Inseme per a Corsica. Femu a Corsica présentera des candidats dans les quatre circonscriptions de l'île avec l’ambition forte d'être au
moins au second tour, ce qui ne s'est jamais produit dans ce scrutin pour des candidats nationalistes. « La situation actuelle nous offre des opportunités qui ne se sont encore jamais
présentées. Nous sommes capables d’obtenir des résultats jamais atteints », déclare Jean Christophe Angelini.
La feuille de route est simple. Laisser d’abord les trois composantes de Femu a Corsica tenir leur assemblée générale, puis se réunir, en début d’année, pour désigner « au plus vite »
des candidats et pouvoir ainsi s’engager dès février ou mars dans la campagne des législatives.
Une crise de croissance
Discours combatif mais également dynamisant. Le PNC connaît, de l’avis même de ses dirigeants, une « crise de croissance ». Avec 4 conseillers territoriaux, 1 conseiller général, 1
député européen et 150 élus locaux, il affirme la nécessité de renouveler ses cadres et de mieux se structurer. Une politique de « territorialisation » sera mise en place et un appel est
lancé aux militants pour qu’ils s’investissent au quotidien.
L’objectif affiché est de devenir « un parti de gouvernement » avec en ligne de mire, l’accession au pouvoir aux territoriales en 2014 et un partage des responsabilités, tout en
portant, plus que jamais, l’idée d’autonomie.
« Dans un monde en crise, l’autonomie est de moins en moins un choix possible, c’est un choix imposé. C’est un contenant qui donne les moyens d’agir, pas un contenu. Elle offre des réponses,
mais renvoie à un projet de société qui reste à élaborer », plaide le leader du PNC.
Les Nationalistes modérés entendent bien s’inviter de force dans l’autre temps fort électoral et interpeller les candidats au fauteuil présidentiel afin qu’ils se prononcent sur un statut
d’autonomie de la Corse. Pas sûr qu’en ces temps de crise, la question intéresse un présidentiable, quelque soit sa stature ! Encore moins sûr qu’elle intéresse le futur nouveau locataire de
l’Elysée, qui devra affronter des turbulences économiques, financières et sociales sans précédent.
L’élection possible d’un député nationaliste pourrait-elle créer un électrochoc suffisant pour mettre la question corse à l’ordre du jour continental ?
Difficile à dire !
N. M.
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