Sera-t-il ou pas candidat aux législatives ? Gilles Simeoni assure que si la question de sa candidature est aujourd’hui en discussion, elle n’est pas encore tranchée. En parallèle, le leader d’Inseme per a Corsica réagit à la revendication mortifère du FLNC et à ses conséquences politiques, justifie le refus de voter une motion la condamnant et accuse l’Etat et ses représentants d’instrumentaliser les drames. Revenant sur la question de l’évolution constitutionnelle posée à l’exécutif territorial, il demande la concrétisation des réformes proposées.
- Quelle est votre feuille de route pour 2012 ?
- Les mois et les années à venir vont être capitaux pour la Corse, ils seront les moments de tous les espoirs et de tous les dangers. Une séquence très importante s’ouvre avec l’élection
présidentielle qui est la clé de voute des institutions. Ensuite, les élections législatives avec, nous l’espérons, des représentants de la Corse, capables de porter à l’Assemblée nationale des
messages politiques forts, notamment autour des questions du foncier, de la compétence fiscale et de l’officialisation de la langue corse. Enfin, en 2014, les élections territoriales et
municipales. La feuille de route est claire : construire une plate-forme très large avec Femu a Corsica et au-delà, autour d’un programme de gouvernance qui sera discuté dans les mois à-venir
pour qu’en 2014, se dégage une véritable alternative et une force politique capable de négocier une solution politique avec Paris.
- Justement, vous présentez-vous aux législatives ?
- Nous serons présents aux législatives. Ma candidature est clairement posée sur la table. C’est une possibilité qui est aujourd’hui discutée. Nous prendrons la décision, pas seulement au sein de
Femu a Corsica, mais au-delà. Une candidature n’a de sens que dans un projet très large porté par un maximum de forces vives. Nous allons nous donner le temps de consulter avant de prendre
une décision. Aujourd’hui, je n’ai pas la réponse.
- Le PNC dit que le choix des candidatures doit obéir à trois principes d’équilibre entre les mouvements, les sexes et les générations. Etes-vous d’accord ?
- Il n’y a pas que l’équilibre entre les partis. Des gens, qui sont dans la dynamique de Femu a Corsica, ont aussi leur mot à dire, même s’ils n’appartiennent à aucune des trois structures
qui composent le mouvement. Et au-delà, nous avons quand même vocation à convaincre d’autres personnes et à les associer à la décision.
- Votre discours est beaucoup plus offensif et radical que celui du PNC. Comment allez-vous concilier les deux dans une démarche commune ?
- Nous avons certainement des sensibilités différentes, mais nous avons aussi une unité de vue stratégique au travers de la démarche Femu a Corsica, qui s’est toujours inscrite dans la lutte
historique de ce peuple pour son droit à l’existence. Dans le même temps, nous avons la volonté de nous ouvrir très largement à toutes celles et ceux qui n’étaient pas forcément nationalistes
hier, mais qui aujourd’hui se retrouvent dans la logique de projets et de défense de l’intérêt général de ce pays que nous essayons de porter. Donc, je ne pense pas qu’il y ait de difficultés
majeures de ce côté-là.
- La revendication d’un meurtre par le FLNC ne remet-elle pas en cause une association espérée avec les nationalistes de Corsica Libera ?
- C’est un élément incontestablement grave qui pose problème sur un principe fondamental : celui de l’atteinte à la vie. Nous allons prendre le temps de réfléchir à la conséquence de cet acte sur
la vie politique. Nous allons voir comment Corsica Libera réagit. Des débats vont avoir lieu au sein de l’Assemblée régionale et de la Commission violence. L’idée est de faire définitivement
sortir notre pays de cette logique de drames et d’affrontements qui nous conduit dans l’impasse, là où précisément notre responsabilité aujourd’hui est de construire des perspectives d’espoir et
de paix.
- Pourquoi votre groupe, comme les autres groupes de l’assemblée, n’a-t-il pas voulu voter la motion de François Tatti condamnant la revendication du FLNC ?
- D’abord, elle était irrecevable. Mais, au-delà de cet aspect purement formel, la quasi-totalité des présidents de groupe a considéré que cette demande était faite avec des arrières pensées
politiques. Et les drames de ce genre sont des choses trop graves pour qu’on cherche à les instrumentaliser. Nous prenons la mesure de la gravité de la situation que connaît aujourd’hui la Corse
avec de nombreux assassinats et avec la revendication d’un de ses assassinats par une organisation clandestine. Nous ne distinguons pas entre les victimes. Nous savons que cette situation est
inacceptable. Nous devons impérativement nous donner les moyens collectivement de nous en sortir.
- Jean Zucarelli vous a directement mis en cause. Que lui répondez-vous ?
- Je n’ai pas à lui répondre. Je pense que ce n’est pas raisonnable de faire des mises en cause personnelles, polémiques et déplacées sur des sujets aussi graves.
- Pensez-vous vraiment que la commission ad hoc sur la violence va apporter des réponses ?
- Je l’espère. Mais au delà, c’est à nous collectivement de tracer des perspectives. On ne peut pas accepter que le seul avenir de notre jeunesse soit le sous-développement économique, le culte
des armes et la dévalorisation du travail. C’est un tout autre modèle qu’il faut promouvoir. Notre engagement sur ce terrain est clair : nous avons fait le choix de l’engagement démocratique, de
l’action publique, un choix qui est renforcé par tous les drames que connaît aujourd’hui la Corse.
- Vous venez de mettre en cause directement l’Etat et le préfet dans ces violences ?
- Le préfet, comme un certain nombre de caciques de la vie politique corse et de conservateurs de gauche et de droite, instrumentalise sans vergogne les drames que connaît la Corse depuis
plusieurs mois. Je le répète une fois encore, sur le terrain des principes, nous sommes extrêmement clairs : le droit à la vie est un droit sacré. La vie est le plus précieux des biens, c’est une
évidence. Nous voulons construire dès aujourd’hui une société corse démocratique, c’est une évidence aussi. Cela étant, nous n’acceptons pas que l’Etat envisage de nous délivrer des brevets de
démocratie lorsqu’on sait que, depuis deux siècles dans ce pays, il est adossé à des comportements anti-démocratiques. Ne serait-ce que, dans la période récente, tout le monde se rappelle que
l’Etat était directement impliqué dans des attentats et dans des projets d’assassinats visant des militants nationalistes, il ne peut pas prétendre s’exonérer de cette part de responsabilité dans
la situation actuelle !
- Vous avez posé une question orale sur l’évolution constitutionnelle à Paul Giacobbi. Que pensez-vous de sa réponse ?
- D’abord, j’ai noté que la réponse orale qu’il a faite, lors de la séance publique, était beaucoup plus avancée, plus ouverte, que la réponse écrite officielle qui l’engage sur le papier. Est-ce
simplement une disharmonie du passage de l’écrit à l’oral ou mélange-t-il la chèvre et le chou ? L’avenir nous le dira.
- Vos militants craignent que les avancées obtenues ne se concrétisent jamais ?
- Nous avons pris des positions de principe sur le statut de l’officialité de la langue, sur le travail autour de la notion de résident dans le domaine du foncier et sur une demande du transfert
de la compétence fiscale pour maintenir le régime spécifique issu des arrêtés Miot. Mais, pour l’instant, ces demandes n’ont aucune traduction concrète et il faudra obtenir de l’Etat la mise en
place d’un dispositif juridique qui nous permette de concrétiser ces demandes. Et c’est là, au pied du mur, qu’on verra le maçon !
- Vos militants parlent d’intensifier la lutte sur le terrain ? Qu’est-ce que cela signifie ?
- A partir du moment où il y a un besoin clairement identifié dans des domaines stratégiques comme le maintien de l’identité et la défense de la terre et du patrimoine immobilier, qu’il y a un
consensus social très fort et une opinion corse majoritairement favorable à des réformes et que ces réformes sont techniquement réalisables, il appartient, bien sûr, à l’Etat de les prendre en
considération et d’ouvrir une fenêtre politique.
- S’il ne le fait pas ?
- Eh bien, nous amplifierons le rapport de forces à l’Assemblée de Corse et sur le terrain ! Aujourd’hui, nous demandons la concrétisation de ces réformes. Après les élections présidentielles,
nous verrons s’il y a une volonté politique forte. Ensuite à l’occasion des législatives, nous porterons notre message. Entre 2012 et 2014, nous devons façonner une solution politique autour de
la notion de peuple corse et du transfert de compétences législatives. Et, en 2014, notre ambition est de construire une majorité politique nouvelle pour porter ce projet.
Propos recueillis par N.M.
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Nathan (mardi, 06 décembre 2011 13:15)
je suis extrêmement déçu, que vous soyez pour la peine de mort en Corse Monsieur Gilles Simeoni...
Julie (mardi, 06 décembre 2011 19:21)
Tu as lu l'article ou bien, Nathan???
Jacques Mattei (samedi, 10 décembre 2011 11:11)
"Vous présentez-vous aux législatives ? Nous prendrons la décision, pas seulement au sein de Femu a Corsica, mais au-delà." Au-delà, c'est qui ? Gandolfi Scheit ?
Jacques Mattei (samedi, 10 décembre 2011 11:12)
Il y a une grande différence entre une série d'assassinats et une exécution revendiquée par le FLN, c'est sur le deuxième point que l'on attendrait une position claire, éthique, juridique, politique et sociétale. On ne peut se cacher à se sujet derrière la commission violence de l'assemblée.
Édifiée (samedi, 10 décembre 2011 18:46)
J'ai voté Femu a Corsica !
J'ai aimé vous entendre vociférer lors des meetings d'Inseme !!!
Aujourd'hui j'aurai aimé vous entendre vous prononcer contre la peine de mort !!
Tous les assissinats sont pitoyables !
Tous les assassinats sont condamnables ! Cette revendication est ignoble !! La Corse seul pays d'Europe ayant rétabli la peine de mort !!!
Corse (lundi, 26 décembre 2011 19:13)
a Edifiée , la Corse n'est pas un pays pour l'instant elle un département français , et la France fait partie de L'Europe.
Quant a votre attitude contre la peine de mort je la partage completement d'autant que cela ne peut pas se faire l'abolition de la peine de mort est inscrite dans la constitution.