L'assemblée de Corse a voté, jeudi, le budget primitif pour 2012. Un budget de rigueur à l'aune d'un contexte économique mondial sombre. Un budget incompris, violemment éreinté par l'opposition, autant nationaliste que de droite. Mais un budget dont le vote a réservé deux surprises : l'abstention de Corsica Libera et la non participation d'Ange Santini.
Même si personne sur les bancs de l'Assemblée n'a imaginé un seul instant que le budget primitif 2012 pourrait être recalé au vote, bloquant ainsi le fonctionnement de l'instance régionale, la rumeur annonçait des surprises.
Le manque de majorité absolue et l'unanimité de l'opposition à dénoncer ce budget ouvraient effectivement un champ d'incertitude. Certains prétendaient même que Paul Giaccobi aurait brandi la
menace de sa démission en cas de vote négatif. Ce qui semblait là peu probable !
Il paraissait, à tous, évident que les Nationalistes voteraient comme un seul homme contre, l'incertitude venait du groupe de droite, dont la discipline de vote n'était pas acquise et où l'on
attendait une abstention partielle ou totale pour ne pas, selon les mots d'Antoine Sindali, "bloquer la machine".
Coup d'éclat à droite
Effectivement, trois élus de droite se sont abstenus, six ont voté contre, mais la surprise est venu d'Ange Santini, qui, après un discours virulent condamnant le budget, a annoncé qu'il ne
participait pas au vote pour des raisons politiques. Il expliquera, hors enceinte, que ces raisons n'étaient pas liées au budget, mais au manque de discipline de son groupe politique. Un coup
d'éclat pour dénoncer une situation en interne qu'il ne supporte plus (voir interview par ailleurs).
L'abstention de Corsica Libera
L'autre surprise de taille fut l'abstention des quatre élus de Corsica Libera, qui a pris leurs alliés modérés de court. Paul-Félix Benedetti a expliqué qu'en dépit "d'une politique qui ne
nous convient pas, la Corse est au bord du chaos, mais comme il est hors de question de redonner la main aux potentats locaux représentatifs de Nicolas Sarkozy, on s'abstient".
Un argumentaire un peu court qui a laissé, le moment d'étonnement passé, tout le monde sur sa faim. Ce choix de vote est d'autant plus inexplicable de la part d'un groupe qui affiche peu
d'indulgence envers la majorité au pouvoir que les votes déjà annoncés de la droite ne faisait courir aucun risque à l'exécutif en place. En l'absence de plus amples explications, on ne pouvait
que se perdre en conjectures.
Femu a Corsica vote contre
A l'inverse, les onze élus de Femu a Corsica ont voté contre le budget. "Nous continuons de penser que des éléments de ce budget nécessitent de notre part une opposition résolue. Notre
position est une position politique de fond", explique Jean-Christophe Angelini, ajoutant : "En l'occurrence, la machine ne risque pas grand chose".
Au final, le budget a été adopté par 24 pour, 17 contre, 7 abstentions, deux non participations et un absent.
N .M.
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