A mi-mandat, le président de l’exécutif territorial, Paul Giacobbi, tire, pour Corse Net Infos, le bilan de cette première moitié de mandature et présente les grands chantiers pour 2012. Pourfendant les incantations des pessimistes et des sceptiques, il estime tout à fait possible une révision de la Constitution française pour permettre une évolution institutionnelle en Corse. Refusant pour l’instant de se déclarer candidat aux législatives, il assure qu’il ne quittera pas son siège de président pour un fauteuil de ministre.
- Vous êtes à mi-mandat. Quel bilan tirez-vous de cette première moitié de mandature?
- Oh, je n'ai pas de bilan à tirer ! Ceci dit, nos finances sont équilibrées. Le train fonctionne et est remis sur les rails. Nous avons réussi une action assez forte vis-à-vis de l'Etat
puisqu'une proposition de l'assemblée de Corse est passée en forme de loi au plan national avec le Padduc voté à l'unanimité des deux chambres. C'est la première fois dans l'histoire. Nous avons
fait en sorte de ne pas perdre 14 millions d'euros, cette année, sur les crédits européens.
- Avez-vous évité le dégagement d'office ?
- Absolument. C'est déjà 14 millions de gagné et beaucoup plus dans les années à venir. Nous aurions perdu au moins 40 %, si ce n’est plus, des fonds du programme communautaire du
FEDER. Le Préfet de région et le représentant de l’Union européenne disent que nous avons sauvé la situation, ce sont des avis objectifs. Je trouve que, pour une mandature, ce n’est déjà pas si
mal, on peut sans doute faire mieux, mais que celui, qui n’a pas fait mieux, ne nous jette pas la première pierre.
- Quels seront les grands chantiers pour 2012 ?
- Il y aura deux grands chantiers. Le premier est les transports maritimes. Il faut rebâtir une nouvelle DSP maritime. Nous avons déjà, depuis plusieurs mois, indiqué notre position, donné
les grandes lignes et précisé les limites budgétaires que nous ne dépasserons pas.
- Vous-y tiendrez-vous ?
- Oui, quoiqu’il arrive ! Les gens nous disent : vous n’y arriverez pas ! Arrêtons ces raisonnements. Nous arrivons à faire les choses très bien. Il suffit de le vouloir et d’être clair dans sa
tête.
- Quel sera le second chantier ?
- Le second grand chantier, le premier en fait, porte sur des propositions statutaires qui, nécessairement, viseront à modifier la Constitution. Par exemple, en ce qui concerne la langue corse et
le foncier. Les assises du foncier se sont bien passées et ont débouchées sur des conclusions. Nous avons mis en œuvre une partie des mesures et demandé à l’Etat, de manière argumentée, le
transfert de la fiscalité des successions. Le Conseil d’Etat est saisi. Autre exemple, dans le domaine des institutions, de notre participation à un pouvoir normatif, où il apparaît que le cadre
constitutionnel n’est peut-être pas adapté.
- Qu’allez-vous faire alors ?
- Nous allons faire des propositions et les écrire. Une commission législative et réglementaire y travaille. J’espère que nous accoucherons de propositions vers le mois de mars. C’est l’objectif
que je souhaite que l’on se fixe. Et puis, nous défendrons ces propositions.
- Beaucoup de gens pensent que cette évolution ne se fera pas…
- En Corse, beaucoup de gens font des incantations et disent : « Ah, on ne peut pas ! ». Depuis que je suis à l’exécutif, on m’explique, par exemple, qu’on n’arrivera pas à mettre le train sur
les rails, c’est impossible ! Or les trains roulent. On m’explique qu’on ne peut pas investir si on n’emprunte pas, c’est impossible ! Or, on a investi, cette année, 77 millions d’euros sans
emprunter 1 centime.
- Certains de vos alliés de gauche prétendent qu’il est inutile de travailler sur des évolutions inconstitutionnelles qui seront rejetées.
- Précisément, un certain nombre d’évolutions demanderont, peut-être, une révision de la Constitution.
- Défendrez-vous cette révision à l’Assemblée nationale ?
- Oui. Depuis 1958, la Constitution française a déjà été révisée une trentaine de fois. Moi-même, j’ai participé à deux débats constitutionnels fondamentaux à l’Assemblée nationale, ces dix
dernières années.
- Mais, est-ce possible de réviser le Constitution pour des évolutions qui ne concernent que la Corse, et pas l’ensemble de la population française ?
- Cela s’est déjà vu pour d’autres régions de France, moins peuplées. Il n’y a pas de raison que cela ne se passe pas sur la Corse.
- Venons-en aux échéances électorales, vous êtes candidat aux élections législatives…
- Je ne sais pas. On verra. Je l’annoncerais le moment venu.
- Mais, vous a été désigné comme candidat dans la 2ème circonscription de Haute-Corse ?
- Oui. Je suis désigné comme candidat du PRG et du PS.
- Le PS local ne semble pas satisfait de ces investitures. Hyacinthe Mattei …
- Hyacinthe Mattei n’appartient plus au PS. Il est dans l’opposition. Il est dans l’UMP. Le reste, c’est des histoires. C’est désolant sur le plan amical, mais cela n’a aucune incidence sur le
plan politique. Je sais bien qu’il ne votera pas pour moi, qu’il votera pour le candidat de l’UMP. Cela n’entrainera pas le déplacement sensible du moindre suffrage ! Peut-être quelques uns. Cela
fera perdre un peu d’un côté et gagner énormément de l’autre. Donc, cela ne change rien.
- Donc, votre élection est acquise ?
- Non. Non. Une élection n’est jamais acquise d’avance. Ce serait scandaleux qu’elle le soit. D’abord, on ne sait pas qui va être élu président de la République. Je vote pour François Hollande.
Sera-t-il élu ? J’espère que oui. Normalement, il devrait l’être, mais personne n’en n’est sûr.
- On dit que s’il est élu, vous seriez ministrable ?
- Surement pas ! J’ai été élu à la CTC et à son Conseil exécutif. Si j’y étais depuis dix ans et que j’estimais avoir fait mon travail, je ne dirais pas ! Mais quelqu’un qui vient d’arriver, il y
a un an et demi, ne se précipite pas pour être ministre à Paris ! Je suis très honoré qu’on y pense, mais il n’en est pas question. J’ai refusé de rentrer dans un gouvernement pour des raisons
politiques compréhensibles, aujourd’hui je refuserais pour des raisons pratiques. Une fois que vous avez demandé au peuple de vous confier jusqu’en 2014 l’exécutif territorial, vous ne pouvez pas
dire : au revoir, je m’en vais, parce que j’ai trouvé mieux ailleurs. Cela n’existe pas, en tous cas pas pour moi !
- Si François Hollande est élu, sera-t-il plus simple de faire passer certaines réformes institutionnelles ?
- Bien sûr. Je pense que le dialogue avec François Hollande, s’il est élu, sera beaucoup plus facile. Je m’en suis déjà ouvert avec lui, très récemment. Il n’en demeure pas moins que, sur le plan
général, nous serons dans une période de très grande rigueur. François Hollande a annoncé, même aux collectivités territoriales, qu’il serait un président extrêmement responsable. Il a cité des
chiffres considérables, de l’ordre de 50 milliards d’économie en deux ans. Mais ce qui a surtout changé, c’est que le Sénat a basculé à gauche et ce qui aurait été très difficile, précédemment,
devient plus accessible.
Propos recueillis par N.M.
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yes (dimanche, 18 décembre 2011 22:06)
-le Padduc "nationalisé" c'est Sarko
-les trains fonctionnent mais à quel prix? et pour quel gain de temps?
-les fonds européens : moins de 20% consommés au total,
-la modification de la constitution : va falloir convaincre le conseil constitutionnel
-on attend les propositions de hollande sur la Corse : pour l'instant il a dit : rien ne bouge
Marie (jeudi, 22 décembre 2011 18:34)
Non!!Yes pour modifier la constitution il suffit de convoquer les 2 chambres et de les faire voter. Si F Hollande est élu ce sera plus facile s'il a la majorité a l'Assemblée Nationale et comme le Senar a basculé a gauche il y a de forte chanche que cette modification aboutisse.