Le débat sur les orientations budgétaires pour 2012 a ouvert l’ordre du jour du Conseil municipal de Bastia du 20 décembre. Un débat, qui n’en fut pas vraiment un, tant la rigueur et la nécessité de tenir le cap, en ces temps difficiles, semblent laisser peu de marges de manœuvre à l’équipe en place.
C’est Ange Rovere, le premier adjoint délégué aux finances, qui s’est plié, comme de coutume, à un exercice qu’il affectionne particulièrement. Il avait déjà commencé à exposer la feuille de
route budgétaire pour 2012, lors du Conseil municipal du 26 octobre, et déploré, alors, les contraintes auxquelles la politique budgétaire du gouvernement condamne les collectivités
locales.
« Nous sommes contraints à une gestion de fonctionnement au fil de l’eau », a-t-il répété, cette fois-ci.
Une prudence nécessaire
Une prudence dans la gestion d’autant plus nécessaire que les dotations de l’Etat augmenteraient de 0,09 % dans le meilleur des scénarios envisageables, qui n’est pas sûr d’être réalisé. Et ceci,
alors que l’inflation a progressé, en moyenne, de 2,1 %, cette année.
Dans ces conditions, le budget primitif de fonctionnement pour l’année 2012 devrait s’établir autour de 49 millions d’euros.
L’idée est de stabiliser la section de fonctionnement malgré la perte annoncée de recettes. « Nous ne pouvons pas faire plus », regrette l’élu communiste, qui détaille les « trois raisons » qui,
selon lui, vont permettre à la ville de tenir le cap, malgré la rigueur obligée.
Le refus de l’immobilisme
La première raison est l’accroissement des recettes fiscales qui sont passées de 37,9 millions d’euros en 2008 à un prévisionnel de plus de 40,9 millions en 2011. Le premier adjoint en profite
pour rejeter les critiques récurrentes qui parlent « d’immobilisme de la ville ». « Ces chiffres disent clairement que si la Ville n’était pas dans une vraie dynamique, notamment en termes de
constructions et d’infrastructures, la situation serait, aujourd’hui, très difficile », plaide-t-il.
Une rigueur obligée
La deuxième raison est le désendettement. En 2011, la ville a payé 1,15 million d’euros d’intérêts contre 1,7 million en 2009. L’encours de la dette a diminué de 31 millions en 2009 à 30,6
millions en 2011.
La troisième raison est la rigueur de la gestion qui permet à la municipalité de dégager de l’épargne nette. « Il faut afficher notre volonté de réaliser une épargne nette pour montrer à la fois
la rigueur et le cap à atteindre, pour pouvoir toujours mieux investir sans endetter la ville », affirme Ange Rovere.
Des emprunts comprimés
Le budget d’investissement tourne autour de 30 millions d’euros pour les programmes structurants, notamment 8 à 10 millions prévus pour le nouveau cimetière et le crématorium, 2,5 millions pour
le centre culturel des quartiers Sud et 1,5 million pour des travaux d’hydraulique. A cela, s’ajoutent 3 millions pour les programmes communaux. Son financement se fait en partie grâce à 19
millions de subventions diverses (PEI, Feder, etc) et à 5,25 millions de recettes propres, tirées notamment du produit des amendes.
Le delta de 9 millions, chiffre récurrent, devrait, en toute logique, être comblé par un emprunt de même montant, mais le premier adjoint estime que l’emprunt réel n’atteindra que 2 à 3 millions
d’euros.
Un débat expédié
Ces orientations expliquées, le débat, qui devait suivre, fut succinct.
La première question de l’opposition fut celle de l’élu nationaliste, Gilles Simeoni, qui s’inquiétait de savoir où la municipalité comptait trouver les six millions restants. Le premier adjoint
s’est lancé dans une explication délicate : « Chaque année, le delta entre l’investissement et les recettes se situe entre 9 et 11 millions d’euros qu’il faudrait emprunter. Mais, depuis
2008, à la lecture du compte administratif, on voit qu’on ne réalise jamais cet emprunt car la différence entre l’emprunt affiché et l’emprunt réalisé est comblé par l’excédent de fonctionnement
de la ville ».
Un autre élu d’Inseme per Bastia, Michel Castellani, a insisté sur la nécessité absolue pour l’équipe en place de tenir compte « des effets d’une crise profonde » et ainsi « de faire
preuve d’une vigilance accrue sur les finances de la ville ».
L’adjoint communiste, Francis Riolacci, s’est, pour sa part, félicité que le maintien du taux d’investissement ne s’accompagne pas d’une augmentation des impôts locaux. « Cet effort se
traduit tous les jours dans la vie de la cité, prouvant la volonté municipale de sauvegarder le service public ».
En conclusion, le maire, Emile Zuccarelli, ne s’est pas fait prier pour, en cette période électorale, dénoncer la politique gouvernementale et « la répartition injuste des efforts demandés
pour sortir de la crise ».
Le vote du budget primitif, qui découlera de ces orientations budgétaires, aura lieu en janvier prochain.
N.M.
Écrire commentaire