Inseme per Bastia s’est emparé du dossier de réhabilitation du quartier du Puntettu et du projet de démolition de certains immeubles. Favorable à la rénovation de ce qu’il considère comme le cœur historique de la ville, le mouvement nationaliste d’opposition municipale dénonce à la fois des destructions, selon lui, arbitraires et injustifiées et l’absence d’informations et de concertation avec les habitants du quartier. Explications de son leader, Gilles Simeoni.
- Pourquoi vous opposez-vous à la démolition de certains immeubles du quartier du Puntettu ?
- Le Puntettu est le plus vieux quartier de Bastia. C'est aussi, plus tard, en 1930, le lieu où va se dérouler le premier roman corse, Pesce Anguila, écrit par Sébastien d'Alzeto. C'est donc
véritablement en termes d'histoire, de culture et de relations sociales le cœur historique de Bastia. Un projet dit de réhabilitation est mené par la Mairie. Depuis 2008, nous interpellons le
maire et son équipe sur ce projet pour connaître exactement sa teneur, son financement et son ingénierie. Nous n'avons jamais eu aucune réponse. Il y a cinq jours, en prévision du Conseil
municipal de mardi, on nous a communiqué des éléments financiers qui restent parcellaires. Il n'y a jamais eu, en amont, aucune concertation, ni avec nous, l’opposition municipale, ni avec la
population du quartier concerné. Ce déficit d’informations est regrettable. La Mairie nous offre un projet à prendre en bloc, c'est tout ou rien ! Nous ne pouvons discuter sur rien. Nous disons
qu’on ne peut pas fonctionner comme cela.
- Que reprochez-vous concrètement à ce projet ?
- Notre argumentation est de dire que la Mairie fait le choix, délibéré et présenté comme indiscutable, de raser des immeubles qui ne sont pas insalubres. Elle rase certains immeubles et pas
d'autres qui sont dans le même état. Pourquoi l’un et pas l'autre ? Elle ne nous explique pas. Nous sommes d'accord pour raser les immeubles insalubres, mais là, ce ne sont pas des immeubles
insalubres au sens de la loi. La démolition concerne un quart du quartier. Le cœur de l’opération est de détruire pour dégager du foncier permettant la construction d’un immeuble confié à un
promoteur privé et de libérer la vue afin que le bâtiment ait une vue directe sur la mer.
- Ces appartements sont-ils toujours habités ?
- Certains, oui. Certains appartements ont été abandonnés, d'autres étaient occupés par des gens en difficulté. La Mairie leur a dit qu'il fallait partir, sinon ils ne retrouveraient pas à se
loger ailleurs. On ne leur a jamais donné le choix. Par exemple, un des immeubles avait des financements pour être réhabilité et faire, notamment, des rénovations de façade. La Mairie a dit aux
habitants de ne pas faire de rénovation parce que l'immeuble était voué à la démolition. Ces immeubles sont tout à fait salubres, en bon état et peuvent être réhabilités.
- Que disent les habitants du quartier ?
- Les habitants du quartier sont opposés aux démolitions. Ils veulent rester dans leur quartier, car ils y vivent bien, malgré ce que prétend la Mairie. Seulement, c’est une population peu
nombreuse, composée de quelques dizaines de familles, dont certaines ont fait le choix de partir, d'autres n'ont pas les moyens de s'opposer et comptent justement sur nous.
- Vous dénoncez la construction d'un parking ?
- Ce parking est quelque chose d'extraordinaire. Il existe actuellement un parking de 22 places qui va disparaître pour permettre la construction d'un nouveau parking de 80 places de
stationnement, dont 44 places sont réservées pour le nouvel immeuble à construire. Or, la ville n’a pas à financer un parking pour un opérateur privé ! Donc, il ne reste que 36 places, soit juste
14 places de plus que le nombre déjà existant pour un parking qui va coûter 3 millions d'euros. Ce qui donne un ratio place/coût complètement aberrant ! Au delà, c'est toute la philosophie du
devenir de cette ville qui en discussion. On ne peut pas nous imposer au forceps une opération pareille, ni prendre la décision unilatérale de raser sans que personne ne puisse rien
dire.
- Que proposez-vous ?
- Nous avons élaboré un projet alternatif qui montre ce qui pourrait se passer si on faisait le choix de réhabiliter. Quand on peut réhabiliter, il faut mieux faire ce choix, surtout quand
on ne sait pas ce qui va surgir ensuite à la place. Quand nous demandons à voir la maquette de ce qui va remplacer les immeubles rasés, la Mairie répond qu'elle n’en dispose pas parce que la
reconstruction est confiée à un promoteur privé.
- Qu'allez-vous faire ?
- Nous allons interpeller le préfet qui détient la clé de la solution parce que c'est lui qui signe la déclaration d'utilité publique. Sur quoi se fonde-t-on pour dire que ce projet est d'utilité
publique et que l'utilité publique est défendue et préservée puisqu'on n'en connaît rien ! Le recours au préfet est le seul moyen qui nous reste. Nous avons demandé à le rencontrer. Nous
attendons qu’il nous fixe un rendez-vous. Et que l'on ne nous dise pas : vous prenez le risque de faire perdre des financements ! Les questions que l'on pose aujourd'hui, cela fait trois ans
qu'on les pose, trois ans qu'on nous traite pas le mépris, trois ans que l'on traite la population du quartier par le mépris et l'opposition municipale par le mépris. Ce n'est pas comme cela que
l'on agit en démocratie.
Propos recueillis par N.M.
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Polo (jeudi, 22 décembre 2011 16:52)
Détruire l'unique pour le remplacer par du neuf, ce peut être un bien s'il n'y a pas d'autres solutions, s'il y a péril imminent, si toutes les voies ont été explorées dans un but véritable d'efficacité. Il est vraiment triste de constater que dans cette affaire grave (qui engage la vie des gens et l'histoire d'une société) l'ensemble de la représentation populaire ne réussisse pas à s'attabler autour de ce projet infiniment plus sérieux que la vue sur mer d'un ensemble résidentiel privé en plein centre ville.
Vivrons - nous vraiment mieux lorsque Bastia ressemblera à Argeles sur Mer?