C'est officiel depuis jeudi matin : le siège de la chambre de commerce et d’industrie de Corse est fixé à Bastia ainsi que le précise l'article 1 du décret du Premier ministre publié le même jour au JO. Ce décret met ainsi fin aux mille et une péripéties et polémiques qui ont alimenté le débat sur le lieu du siège de la chambre de commerce d'industrie de Corse depuis son avènement le 8 Octobre 2010.
La publication au Journal Officiel du 21 décembre du décret du 1er ministre, fixant le siège de la CCI régionale à Bastia, ne semble surprendre personne tant du côté consulaire que politique. Si le Sud ne cache pas sa déception, les présidents des chambres de Commerce et d’Industrie (CCI) se disent surtout soucieux de travailler ensemble. Réactions de Jacques Nacer, président de la CCIT de Corse-du-Sud, et de Jean Dominici, président de la CCI de Corse.
Jean Dominici : « Que le siège soit à Ajaccio ou à Bastia ne change rien »
Du côté de la présidence de la CCI de Corse, Jean Dominici se veut soucieux de ne pas rallumer une polémique qui a été néfaste et préjudiciable au bon fonctionnement de l’établissement public
régional. « Je suis président d’une chambre régionale. La localisation du siège de cette chambre m’est indifférent. Que le siège soit à Ajaccio ou à Bastia ne change rien ».
Même s’il reconnaît qu’il est « logique que chacun se batte pour sa paroisse », il affirme, lui aussi, que la situation était déjà claire après le choix de la CTC en faveur de Bastia, la
signature du décret l’entérinant par le Premier ministre n’étant pas une surprise en soi. « Dès l’annonce de la CTC sur le choix de Bastia, dès le lendemain, nous nous sommes mis au travail.
Depuis deux mois, tout le monde dans les deux CCIT joue le jeu sans aucune animosité de part et d’autre. Le but est que nous travaillons tous ensemble, qu’on arrête cette polémique et qu’on ne
parle plus de cette question du siège ».
Le président consulaire s’efforce également de minimiser l’impact de ce choix : « Le siège est juste un point où collecter les taxes. Où il se trouve n’a pas d’importance. Les employés des
CCIT de Bastia et d’Ajaccio vont continuer à travailler chez eux comme par le passé. Nous avons déjà fait des réunions à Ajaccio, à Bastia, à Corte ».
Aucun bâtiment, ni aucune embauche de personnel spécifique au nouveau siège n’est prévu. L’important pour les élus consulaires est de tourner la page pour aborder une nouvelle ère, plus apaisée.
Jacques Nacer : « Cette décision nous met dans une situation difficile »
Dire que Jacques Nacer, président de la CCI de Corse-du-Sud, a été surpris du contenu du décret du Premier Ministre fixant le siège de la CCI régionale à Bastia, serait faux. « Ce n’est pas
une surprise. On le savait déjà depuis le 7 octobre où il y a eu vote à l’Assemblée de Corse en faveur de Bastia. C’était un vote partiel car beaucoup d’élus n’ont pas voté, mais on voyait mal
comment le Premier ministre aurait pu désavouer l’Assemblée de Corse ».
Dire également que l’élu consulaire du Sud est déçu est un euphémisme. « Bien sûr que nous sommes déçus, mais nous prenons acte. Nous nous sommes battus pour une alternance du siège, mais
nous n’avons pas été écoutés. Nous n’avons même pas eu l’ambition de revendiquer le siège pour Ajaccio. Il n’y a pas eu de débat, un élu bastiais a joué de tout son poids pour des ambitions
municipales. C’était la bataille du pot de fer contre le pot de terre ».
Rejetant l’argument nordiste du déséquilibre en faveur du Sud dont pâtirait Bastia, présenté comme le pôle économique insulaire, Jacques Nacer rétorque : « Dans chaque région, il y a une
capitale régionale. Le déséquilibre n’est pas aussi terrible que certains élus bastiais le disent. On a prouvé, chiffres à l’appui, qu’économiquement, la Corse-du-Sud pesait autant que la
Haute-Corse ». Et, d’affirmer : « Là, on crée un nouveau déséquilibre. A l’allure où l’on va, à force de rééquilibrer, bientôt, la capitale régionale sera Bastia ! ».
Dire enfin que l’âpre bataille ne laissera pas de traces est utopique. Jacques Nacer avoue que cette décision met la CCIT du Sud dans une « situation difficile. On est obligé de travailler
ensemble, sans quoi il y aurait blocage ».
Il continue de regretter que l’option du siège tournant n’ait pas été retenu : « Avec le siège tournant, il y aurait eu un équilibre parfait. La présidence tournante est validée. On ne
reviendra pas là-dessus. C’était la condition sine qua non pour que l’on accepte».
L’alternance de la présidence sera effective au 30 juin 2013. Un élu consulaire de la Corse-du-Sud remplacera, alors, Jean Dominici à la tête de la CCI de Corse. Jacques Nacer assure que ce ne
sera pas lui.
La situation risque de se corser, de nouveau, en 2018, date du renouvellement des concessions portuaires et aéroportuaires. « Le danger est que la CCI de Corse gère tout, tous les ports et
les aéroports de la Corse. Et là, ce sera trop tard pour réagir. C’est aujourd’hui qu’il fallait le faire », conclut Jacques Nacer.
Côté politique, les élus, qui se sont battus pour que cet établissement public régional ne soit pas implanté à Ajaccio, ne cachent pas leur satisfaction. Réactions du député UMP, Sauveur Gandolfi-Scheit, et de l’élu territorial, adjoint au maire de Bastia, François Tatti.
Sauveur Gandolfi-Scheit : « Nous étions seuls contre tous »
« Ce nouvelle me procure une intense satisfaction, car ce décret du Premier Ministre représente un combat de trois ans et un investissement considérable auprès du gouvernement. Un combat
qu’avec les représentants de la CCI de Haute-Corse, nous avons longtemps mené seuls contre tous ».
Le député UMP, Sauveur Gandolfi-Scheit, ne cache pas sa satisfaction d’avoir remporté la mise dans un combat âpre qui a commencé, indique-t-il, en novembre 2008. « J’ai été le seul
parlementaire corse à militer ouvertement pour Bastia, et le moins que l’on puisse dire est que les autres institutions du département ont mis un certain temps à se prononcer clairement »,
ne manque-t-il pas de rappeler.
Se félicitant de « l’excellent travail effectué par la CCI 2B qui avait constitué un dossier « béton » sur lequel je me suis constamment appuyé », le député de la première
circonscription de Haute-Corse et maire de Biguglia estime que cette décision du Gouvernement « rend justice au rôle historique de Bastia en matière économique et s’inscrit dans le respect
des équilibres territoriaux ».
Tout en précisant que cette nouvelle chambre régionale n’a pas vocation à « déshabiller Ajaccio et la Corse-du-Sud », le député nordiste annonce qu’il continuera à se battre pour que le
chef-lieu de la Haute-Corse puisse « dans l’avenir se positionner sur toutes les autres créations institutionnelles ».
François Tatti : « Un décret conforme »
Même satisfaction affichée pour l’adjoint au maire de Bastia et conseiller territorial de Corse, François Tatti, qui s’est battu, avec acharnement pour que l’Assemblée de Corse, le 7 octobre
dernier, opte pour le siège à Bastia.
« Je constate que, sans surprise, le décret est conforme à l’avis de l’Assemblée de Corse du 7 octobre 2011 qui proposait, à une large majorité, la ville de Bastia pour accueillir cet
établissement public régional. Je remercie encore une fois l’ensemble des élus et institutions qui ont œuvré dans cette direction dans l’intérêt d’un développement équilibré et harmonieux de
notre île ».
N. M.
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U Palatinu (vendredi, 23 décembre 2011 08:33)
Personnellement, pour que tout le monde soit d'accord, j'aurais été d'avis de la mettre à mi-chemin, à Corti, par exemple, mais, entre nous, je ne vois vraiment pas l'intérêt de faire un baruffu pareil pour ce genre de question. Qu'elle soit au nord ou au sud, qu'est ce que ça changerait ?