La droite insulaire en lambeaux n’a guère besoin de nouvelles déchirures. Et pourtant, à l’assemblée comme dans les deux circonscriptions du Sud, les divisions, que les caciques tentaient de dissimuler, éclatent sous le feu des intérêts bien divergents des uns et des autres, augurant une nouvelle déroute électorale.
La reconduction automatique et indiscutable aux sortants, c’est ce qu’espérait Camille de Rocca-Serra, fort de son statut de député, en annonçant sa candidature sans en référer aux instances
nationales de l’UMP. Mais cette annonce précipitée n’a pas été du goût de Marcel Francisci. Le patron de l’UMP de Corse-du-Sud comptait sur les échecs à répétition de son camarade porto-vecchiais
pour lui voler la timbale dans la 2ème circonscription.
L’arbitrage parisien
« Se déclarer avant la réunion d’investiture n’est pas un argument politique » a commenté, non sans une certaine délectation, l’ancien président du Conseil exécutif, Jean Baggioni. Après
le dérisoire arbitrage présidentiel pour une deuxième place sur la liste des Territoriales, la droite a remis le couvert avec une montée médiatique au siège parisien de l’UMP où un Jean François
Copé goguenard s’est bien gardé de trancher. Jean-Martin Mondoloni de la Nouvelle Corse a eu beau jeu de se gausser des candidats insulaires qui vont quémander l’aval ou l’arbitrage de
Paris.
Un sondage fumeux
Marcel Francisci, prenant conscience, un peu tard, de l’effet désastreux de ses querelles intestines sur un électorat attiré par d’autres sirènes, a finalement renoncé à ses prétentions
d’investiture.
Néanmoins, la fuite du fumeux sondage BVA, soi-disant commandé par l’UMP en octobre dernier et donnant Jean-Christophe Angelini gagnant, prouve, si besoin en était, que les rancœurs, comme la
pomme de discorde, sont toujours à l’œuvre au sein de l’UMP.
Des candidatures en suspens
Dans la 1ère circonscription à Ajaccio, la situation est également tendue entre Laurent Marcangeli, conseiller général du 1er canton, poulain de Marcel Francisci, et Joselyne Mattei-Fazi,
maire de Renno. L’hypothèse de l’entrée en lice d’Antoinette Santoni-Brunelli reste ouverte, même si l’élu de la Nouvelle Corse a récemment déclaré que son mouvement n’avait pas pour ambition de
fragiliser la droite. Les candidats UMP seront fixés le 25 janvier, lors de la commission d'investiture.
A l’inverse, les choses semblent pliées en Haute-Corse avec la candidature du député sortant Sauveur Gandolfi-Scheit dans la 1ère circonscription et celle, non encore déclarée, de Stéphanie
Grimaldi, présidente de la fédération UMP de Haute-Corse, dans la 2ème. Là aussi, nul ne sait si Jean-Martin Mondoloni viendra jouer les trouble-fêtes, même si la rumeur l’estime peu
probable.
L’épreuve de vérité en juin
Ces désordres au sein même de l’UMP sont symptomatiques de l’état pitoyable de la droite en Corse. L’âpre bataille entre socialistes et radicaux, entre progressistes et réactionnaires, entre
anciens amis devenus farouches ennemis, révèle les failles béantes de l’union de façade de la gauche insulaire et d’une majorité territoriale qui, au fil des scrutins, prend l’eau de toutes
parts.
A droite, comme à gauche, janvier est le mois des arbitrages, des coups de pied de l’âne et des désillusions. Ces disputes entre amis ne manqueront pas de laisser des traces. Comment penser que
les rancœurs des prétendants déçus et les blessures des dissensions internes pourraient se diluer, sans coup férir, dans la campagne présidentielle et la discipline de parti !
A l’heure où chaque camp devra rassembler ses troupes autour du candidat désigné à la députation, surgira l’épreuve de vérité. Le mois de Juin sera-t-il celui des règlements de compte ?
La question reste entière.
N. M.
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