Une cagoule égarée, une enquête remise en cause, des expertises non diligentées, les oublis du temps, un profil psychologique normal, deux braquages en question et un mobile insaisissable... Le troisième jour du procès d'assises concernant l'assassinat d'Ange Albertini à Biguglia, le 23 mars 1999, n'a rien apporté de nouveau. La vérité n'a toujours pas surgi des débats.
Où est passée la cagoule ? C'est la question qui a agité, en filigrane, la Cour d'assises de Bastia, ce mercredi matin, au troisième jour du procès du meurtre d'Ange Albertini. Introuvable une
partie de la matinée, ne faisant pas partie du stock de pièces à conviction présenté à l'audience, il apparut ensuite qu'elle avait été prêtée à la SRPJ d'Ajaccio, qui avait, étrangement, omis de
la rendre. Après une suspension de séance, elle surgit mystérieusement, mais découpée, engendrant une autre interrogation.
La cagoule portée par le tueur est-elle blanche ou crème ? Blanche dans les procès-verbaux de gendarmerie, crème selon certains témoins. Les différentes auditions n'ont pas permis de trancher. La
cagoule, que portait l'accusé lors de son arrestation en flagrant délit pendant la tentative de braquage du bar L'Olmu, aurait été reconnue en procédure par Gilles Albertini, le fils de la
victime, témoin du drame.
La remise en cause de l'enquête
Mais le point fort de la matinée fut l'audition du directeur de l'enquête, Mr Papi, qui subit la charge féroce de Me Jean-Louis Seatelli et Me Jean-Sébastien De Casalta. Les deux avocats de la
défense remettent en cause la longue et chaotique enquête, estimant qu'en dix ans d'instruction, toutes les pistes n'ont pas été vérifiées. Ils pointent, notamment, du doigt l'absence d'expertise
de l'arme du crime. Aucun prélèvement ADN, ni d'empreintes n'a été effectué par les enquêteurs au niveau des douilles et des cartouches.
Les débats virant à l'aigre, le président Macoin dût intervenir à plusieurs reprises pour rétablir le calme.
Des braquages en question
L'audience s'est poursuivie l'après-midi avec l'audition des témoins dans deux braquages effectués en 1999 contre deux bars : Le Saint-Michel à Borgo et l'Affacada à Prunelli-di-Fium'orbu et pour
lesquels le prévenu est également poursuivi, mais dont il nie être l'auteur. Les témoignages parfois contradictoires, dont l'exactitude peut être sujette à caution, treize ans après les faits,
distillent l'idée que le braqueur pourrait ne pas être le même homme. Hypothèse développée par la défense, mais que la partie civile réfute par la similitude des modes opératoires, de la cagoule
et du pistolet à barillet.
L'accusé, interrogé par le président Macoin, va insister sur le fait qu'il n'a jamais fait preuve de violence dans les braquages pour lesquels il a déjà été condamné.
L'expertise psychologique le décrit comme "un homme normal, lucide, conscient de ses actes, sans addiction et non manipulateur".
Une absence de mobile
Avec conviction, Pierre-Philippe Donsimoni martèle son innocence : "Je n'ai strictement rien à voir avec l'affaire d'Albertini. Je n'ai pas de sang sur les mains. Je ne suis pas un saint.
J'ai payé pour ce que j'ai fait. Je n'ai jamais tiré sur personne. J'ai d'ailleurs écrit à Mme Albertini quand j'étais en prison pour dire que j'étais innocent. Pourquoi voulez-vous que je tue Mr
Albertini que je connaissais pas en plus !"
Des braquages commis sans violence face à un meurtre sans mobile, la question est judicieuse et l'embarras palpable du côté de la Cour et de l'accusation.
La vérité, réclamée par le président, n'a pas surgi des débats.
Le procès se termine jeudi avec les plaidoiries. Le verdict est attendu en fin de journée.
N. M.
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