Avocat avec Me Jean-Louis Seatelli de Pierre-Philippe Donsimoni, accusé du meurtre d'Ange Albertini, Me Jean-Sébastien De Casalta revient sur l'épisode de la cagoule et sur l'incident qui a violemment opposé la défense au responsable de l'enquête. Il affirme que les investigations les plus élémentaires n'ont pas été menées, remet en cause le témoignage du fils de la victime et avance l'hypothèse d'une équipe de braqueurs.
- Pourquoi la cagoule agite-t-elle les débats ?
- Le problème est le suivant : le procès-verbal de synthèse mentionne que la cagoule est de couleur crème. Il semblerait que l'OPJ, qui a établi ce procès-verbal, n'ait pas vu la cagoule en
question. À l'audience, le scellé, contenant la cagoule, n'a pas rejoint la cour, alors que tous les scellés doivent être présents physiquement au débat et susceptibles de pouvoir être ouverts et
présentés aux témoins.
- Allez-vous utiliser cet incident ?
- Non, parce que le Président a compris que ce scellé devait être rapatrié. Il a été retrouvé et, cet après-midi, il a pu être ouvert. La difficulté est que cette cagoule a été découpée pour les
besoins de l'expertise, ce qui est dommageable car on ne peut plus la présenter sur un mannequin pour reconstituer la scène de l'agression qui a conduit à la mort de Mr Albertini.
- Un autre incident vous a violemment opposé au directeur de l'enquête, Mr Papi. Pouvez-vous l'expliquer ?
- Sans détour et très clairement, nous avons affirmé à la barre que cette enquête est un véritable torchon, qu'elle a duré dix ans et que les investigations les plus élémentaires, cardinales et
indispensables à la vérité n'ont pas été faites. Cet officier de police judiciaire s'est permis, en février 2000, de certifier que toutes les portes avaient été refermées, que toutes les
investigations avaient été menées, que le scénario de la culpabilité de Mr Donsimoni pouvait être écrit. On n'a même pas cherché à recueillir les empreintes ADN qui auraient pu figurer sur l'arme
saisie et sur les balles de cette arme. C'est d'autant plus important que Mr Donsimoni a expliqué que cette arme lui a été remise par Mr Guagnini et que les empreintes de ce dernier, qui auraient
pu et qui peuvent peut-être encore aujourd'hui, se trouver sur cette arme et sur ces balles, pourraient conduire au meurtrier.
- Aujourd'hui, demandez-vous que des expertises ADN soient réalisées ?
- Nous faisons constater ce qui nous paraît être une carence extraordinaire d'une enquête qui s'est manifestement signalée par des tergiversations, des hésitations, des doutes suffisamment
importants pour que trois magistrats se succèdent et attendent dix ans avant de décider de renvoyer Mr Donsimoni devant une Cour d'assises.
- Que pensez-vous de la question du Président Macoin aux enfants de la victime sur la culpabilité de votre client et les rumeurs désignant un autre assassin ?
- Je pense que le Président a fait preuve de beaucoup de sagacité et a compris que le témoignage de l'un des ayants droits, c'est-à-dire du fils de Mr Albertini, avait pu être, d'une certaine
manière, forcée. Ce témoin, qui n'est pas neutre, a apporté des éléments nouveaux qui nous paraissent contraires à la réalité du dossier. J'ai le sentiment que ces éléments sont de nature, en
réalité, à être mis à la charge de Mr Donsimoni et le sont très tardivement et de manière artificielle, ce qui me conduit à penser que ce témoignage n'est pas sincère.
- Quels sont ces éléments ?
- L'élément qui l'a conduit à reconnaître la démarche de Mr Donsimoni dans des conditions extrêmement étranges, lorsque celui-ci montait les marches des escaliers du Palais. C'est très curieux
car, lors de la confrontation dans le bureau du juge d'instruction où Mr Donsimoni a évolué de la même manière que l'agresseur sur la scène du crime, il n'a pas reconnu cette démarche. Cela me
paraît de nature à faire planer les plus grands doutes sur la sincérité et la fiabilité de ce témoignage.
- Que pèse le double alibi fourni par la compagne de votre client ?
- Ce double alibi est important. Il n'a pas été infirmé par quelque élément que ce soit du dossier. Il vient au crédit des protestations d'innocence de Mr Donsimoni.
- Que pensez-vous de cette hypothèse d'un deuxième homme, d'un deuxième braqueur qui surgit des auditions ?
- Il est très vraisemblable qu'en réalité, il n'ait pas existé un seul braqueur, dit le braqueur solitaire, mais que ces braquages soient le fait d'une équipe à tiroirs et qu'il y ait plusieurs
individus qui, à l'époque, se soient livrés à ces agressions. Les descriptions divergent. La cagoule, retrouvée en possession de Mr Donsimoni, ne ressemble pas à celle décrite par d'autres
témoins dans les deux autres procédures de vols à main armée, imputées à mon client.
Propos recueillis par Nicole MARI
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