Collectif du 5 mai : Pour une commémoration nationale

A l’issue de leur rencontre avec le ministre des sports, David Douillet, deux des trois porte-parole du Collectif du 5 mai 92 ont fait part de leur satisfaction et de leur détermination à continuer le combat sur un double terrain : la sacralisation d’un 5 mai sans match et une commémoration nationale sous le label 5 mai 92 pour sensibiliser les jeunes. Explications conjointes de Lauda Guidicelli et de Didier Grassi.

- Que retenez-vous de cette rencontre avec David Douillet ?
- Nous avons eu la promesse de David Douillet qu’il soutiendrait notre démarche de sacraliser le 5 mai, notamment au travers d’une proposition de loi. Quoi qu’il en soit, notre combat continue jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de match qui soit joué le 5 mai. 
- Avez-vous senti David Douillet réellement prêt à porter le dossier jusqu’au bout ?
- Oui. Tout à fait. Il a été sensible à ce que nous lui avons dit, à la façon dont nous avons présenté les choses, au fait que la volonté des victimes primait.
- Ne pensez-vous pas que pérenniser cette journée risque d’être plus difficile que de reporter les matchs du seul 5 mai 2012 ?
- Les calendriers vont être faits. On va, d’abord, voir ce qui se passer le 5 mai 2013, qui est un dimanche où 3 matchs pourraient être programmés. Nous allons relancer le comité de suivi, qui a été approuvé par Noël Le Graët, pour faire en sorte qu’il n’y ait pas de match l’année prochaine, ni les années à venir, qu’une véritable commémoration nationale soit faite sous le label 5 mai 92.
- Craignez-vous qu’un changement politique à la tête de l’Etat ne remette en cause les acquis que vous venez de si difficilement obtenir ?
- Nous ne voulons pas le croire. Sauveur Gandolfi-Scheit s’est engagé à faire une proposition de loi et David Douillet s’est engagé à la soutenir, même s’il n’est plus ministre ou député. Nous espérons que le ministre, qui lui succèdera, soutiendra cette proposition de loi ou du moins la volonté des victimes de sacraliser le 5 mai.
- Avez-vous été étonnée que ce soit si difficile ?
- Ah Oui ! Oui vraiment ! D’en arriver à faire des lettres qui sont restées sans réponse ! De devoir mettre en place une pétition pour arriver à se faire entendre alors que c’est une chose qui aurait du être naturelle, vues les promesses faites il y a 20 ans ! Que l’on soit encore 20 ans après dans la lutte perpétuelle pour faire sacraliser ce 5 mai, c’est quand même assez éprouvant ! Mais nous continuerons. Nous sommes déterminés.

- Les instances nationales du football ont cédé de mauvais gré. Ne craignez-vous pas que cette réticence ne soit un blocage pour l’avenir ?
- D’où l’objectif de notre participation au comité de suivi mis en place par la Fédération française de football (FFF). Ce comité de suivi a pour but de réfléchir à ce qui peut être organisé en termes de commémoration. La première chose que nous allons demander est que soit acté, y compris dans les règlements de la FFF, qu’on ne joue pas de match national un 5 mai. Ensuite, nous demanderons que, ce jour-là, soient organisées des commémorations destinées notamment à sensibiliser les jeunes sur le respect des vraies valeurs du sport et du football, à faire passer le message que le football ne peut pas être que, ce que nous appelons, le « foot fric ». 
- La mise en place de ce comité de suivi n’est-il pas en contradiction avec le manque de volonté affiché par la Ligue ?
- Non. Pour l’instant, nous ne pouvons pas affirmer qu’il n’y a pas la volonté de pérenniser. Ce n’est pas ce que nous avons ressenti en discutant avec Noël Le Graët, avec la FFF. Nous lui avons dit clairement quand nous l’avons rencontré, nous le lui redirons dès la première réunion du comité de suivi : nous souhaitons deux piliers dans la commémoration. Le premier pilier est la sacralisation du 5 mai sans compétition nationale. Le deuxième pilier est l’organisation d’une commémoration intelligente.
- Qu’est-ce-qui, selon vous, a le plus pesé pour faire changer la position des instances du football : la forte mobilisation ou la pression politique ?
- Je crois que c’est un ensemble de choses. Il y a eu la forte mobilisation autour de la pétition lancée par Lauda et Josépha, c’est incontestable. Il y a eu une mobilisation au niveau insulaire, mais aussi au niveau national avec le nombre de clubs professionnels que nous avons pu contacter, qui ont été sensibles à notre discours et qui nous ont rejoints. Le résultat est là. Les rencontres que nous avons pu avoir en direct, comme aujourd’hui avec le ministre, ont permis de sensibiliser au discours que nous portons. On ne peut pas rester insensible devant des gens qui expriment physiquement, devant vous, un message fort. Cela a été le cas du ministre, de Mr Le Graët et des présidents des clubs professionnels que nous avons rencontrés.
- Quelle sera la prochaine étape ?
- La prochaine étape sera l’organisation de la réunion de ce comité de suivi. Nous avons envoyé nos propositions, il y a une quinzaine de jours. Le président Le Graët nous a répondus. D’après ses dires, la première réunion de ce comité de suivi devrait être organisée dans le courant du mois de mars.
Propos recueillis par N.M.