Hè una macagna, nò? (c’est une plaisanterie, non ?). Laissons les a priori de côté, laissons l’image des “Dents de la mer” aux scénaristes de films à sensations car c’est tout à fait
sérieux : il y a des squales au tour de l’Ile de Beauté. Ces “monstres marins” sont souvent mal aimés parce qu’on ne les connait pas assez. Le site Corsica requins de Méditerranée s’efforce donc
d’œuvrer dans cette direction. Et vous donne ici l'occasion de mieux appréhender le problème.
Les requins de Méditerranée ont fait l’objet d’études sporadiques et discontinues dans le temps. Corsica – Groupe de Recherche sur les Requins de Méditerranée s’inscrit résolument dans le prolongement du Mediterranean Shark Research Group, créé au cours de l’été 2000, sur l’initiative d’un groupe de chercheurs souhaitant promouvoir un réseau d’informations entre les divers ichtyologistes et naturalistes étudiant les requins de Méditerranée.
Les initiateurs en ont été l’Italien Alessandro De Maddalena (Italian Great White Shark Data Bank), le Slovène Lovrenc Lipej (Marine Biological Station Piran) et les Espagnols Joan Barrull et
Isabel Mate (Barcelona Museum of Zoology).
L’ensemble des membres de ce groupe fait partie de pays possédant une façade méditerranéenne (bien que l’intégration de chercheurs du monde entier soit possible, pour peu que l’intérêt et les
travaux passés ou futurs portent sur la zone marine considérée). Par décision initiale, ce groupe européen n’est pas une association officielle et n’a pas de président. Envisageables à la fois au
niveau de l’ensemble des membres, les activités peuvent se limiter à des zones géographiques précises. C’est le cas pour la Corse connaissance de ces poissons cartilagineux.
Sur l'ensemble du littoral insulaire
En 2011, Vincent Maliet, passionné par les requins, auteur ou correcteur de fiches sur le site web DORIS (CNEB-FFESSM), travaillant en lien avec Alessandro De Maddalena et d’autres scientifiques
crée officiellement une association de loi 1901, spécifique à l’étude, la conservation et la médiation scientifique et culturelle des squalidés fréquentant les eaux insulaires. Cette structure,
basée sur Ajaccio, est ouverte à toute personne intéressée par les requins ou les raies et qui souhaiterait apporter une pierre à l’édifice, si modeste soit-elle.
Il s’agit notamment de recueillir des données susceptibles d’échapper aux scientifiques, de les centraliser et de les répartir selon les meilleures orientations possibles vers les spécialistes
concernés, afin de combler progressivement les lacunes existant dans la
A l’échelon régional, le groupe Corse ambitionne de travailler sur l’ensemble du littoral insulaire, en partenariat avec les réseaux existants, tels que des universitaires, des associations
investies dans l’observation des cétacés, ou le réseau des échouages, des plongeurs, des chasseurs sous-marins, des pêcheurs professionnels ou de loisirs… Sa volonté est signe positif de
changement dans les moyens d’étude ; elle s’efforce de combler progressivement les lacunes existant encore dans notre connaissance de ces poissons cartilagineux.
Menacés de disparition
En Méditerranée, les requins se trouvent gravement menacés de disparition. Une étude scientifique conduite en 2008 montre le net déclin des espèces au long des deux dernières siècles, de l’ordre
de 97 %, tant en ce qui concerne le nombre et le poids. Certaines espèces sont très directement affectées aux abords de la Corse, comme les requins marteaux dont les prises accusent un déclin
très net en mer Ligure et en mer Tyrrhénienne. Les données démographiques demeurent difficiles à obtenir : il n’y a pas de pêche ciblée, il n’existe aucun quota pour la commercialisation et
l’on compte beaucoup de pays différents bordant la Méditerranée…
Tout un chacun s’interroge à propos des requins.
Corsica-Requins de Méditerranée a donc aussi pour vocation de s'engager dans une mission de médiation culturelle et scientifique pour répondre, par exemple, à des questions comme celle-ci : “D’apressu à certi scientifichi, i squali s’avvicinanu di più in più di à Corsica. E sorte e piu scuperte serebbenu quelle ch’o chjameraghju : “i squali-martelli ” e ” i squali-pelegrini”. Chi ne pensate voi, ne cugniscite d’altri, forse?” (D’après les scientifiques, les requins s’approchent de plus en plus de la Corse. Les espèces les plus fréquentes seraient les requins marteaux et les requins pèlerins. Qu’en pensez-vous ? Peut-être en connaissez-vous d’autres ?)
Origine du mot " requin "
En Français, ce terme viendrait de « requiem » la prière des morts.
Effectivement, selon le second tome du Dictionnaire des Arts et des Sciences rédigé par Thomas Corneille et imprimé en 1694, cela s’explique « parce qu’on a plus qu’à faire chanter Requiem, pour
ceux qui en sont mordus. D’autres veulent qu’on luy ait donné ce nom, qui signifie Repos, à cause qu’il a accoustumé de paraistre lorsque le temps est tranquille. ».
Cette étymologie très incertaine se trouve soutenue par l’usage qu’en fait le langage courant avec l’expression « requin requiem », désignant la singulière famille des « requins vrais » -ou «
Carcharhinidae »-. D’autres linguistes font le rapprochement avec un terme d’origine normande ou picarde où le mot « quin » / « kin », forme usuelle de « chien » serait employée au début du XIIIe
siècle : le requin est un « chien de mer » , ainsi que l’on désignait encore au XXe siècle d’autres animaux de la famille des « Scyliorhinidae », assez fréquemment pêchés sur le littoral…
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