"L’Exécutif de la Collectivité Territoriale de Corse souhaite pouvoir proposer à l’Assemblée de Corse de conclure la prochaine convention de délégation de service public de desserte aérienne Paris Orly-Corse, avec la compagnie Air France avec Air Corsica" c'est ce que, en chœur, ont préconisé lundi matin à Ajaccio Paul Giacobbi président du conseil exécutif et Paul-Marie Bartoli, président de l'office des transports.
Et Paul Giacobbi et Paul-Marie Bartoli d'expliquer pourquoi.
"En premier lieu, il faut rappeler qu’Air France est une compagnie de référence de longue date et que notre partenariat repose sur un accord historique. Néanmoins, la compagnie ne disposait
pas initialement de l’outil technique adapté au bord à bord, d’où la création d’Air Corsica. En contrepartie, Air France s’engageait à maintenir ses escales."
"En second lieu, Air France, malgré ses difficultés, reste notre partenaire en raison de ses capacités en période de pointe, de ses capacités commerciales et de l’importance de ses escales en
Corse qui emploient plusieurs centaines de salariés. Elle assure la visibilité et la lisibilité de la Corse dans le monde du transport aérien. Nous ferons donc tout pour maintenir ce
partenariat."
"Des difficultés que nous ne pouvons éluder"
Restait à savoir si la même volonté existait du côté d'Air France.
" Nous avons pu penser un temps que la compagnie nationale n’avait pas la volonté de conclure un accord. Aujourd’hui, nous savons que la conclusion d’un nouvel accord n’est pas remise en
cause. Toutefois, il reste à lever quelques difficultés que nous ne pouvons éluder."
Et de rappeler qu'ont déjà été actés" une augmentation de la compensation émanant de la CTC - 8 millions d’euros destinés à couvrir les coûts d’escale d’Air France et 3 millions d’euros affectés
à la compensation du coût des obligations de service public supplémentaires.
"Cet effort de la CTC est colossal au regard du reste de la desserte. En effet, la desserte bord à bord est confiée à Air Corsica sur la base d’une compensation fixe sur 4 ans de 33, 5
millions d’euros, soit une réduction de 500 000 euros par rapport à l’ancienne DSP pour une offre améliorée" ont souligné les présidents du conseil exécutif et de l'office des transports.
Augmentation de 11 euros sur le tarif résident
Paul Giacobbi a également rappelé que lors d’une rencontre avec le P-dg d’Air France, qu'une augmentation de 11 euros avait été acceptée sur le tarif résident ainsi qu'une réduction des
obligations de service public "à condition de rester dans les limites admises par la Direction Générale de l’Aviation Civile".
Mais Air France demande une réduction plus explicite des obligations de service public (OSP) prévues au cahier des charges et une augmentation de 17 euros du tarif résident et exige de pouvoir
modifier ce tarif autant que nécessaire.
" Chacun comprendra qu’une DSP qui s’affranchit des obligations de service public et d’un tarif résident qui peut être modifié au jour le jour unilatéralement, n’est plus une DSP" ont
commenté Paul Giacobbi et Paul-Marie Bartoli.
Prolongement de la période de négociation
Tous ces points devaient faire l’objet d’une discussion dans l'après-midi lors d’une rencontre avec Air France en présence de son directeur des affaires juridiques.
"Nous sommes donc sur le point de finaliser un accord, mais il est difficile techniquement de conclure avant le 25 mars, date limite de la DSP actuelle.
Aussi, il n’y a pas d’infructuosité de la procédure d’attribution, mais le prolongement de la période de négociation. Rappelons que les arguments par rapport aux OSP sont incontournables et
en matière de tarifs, Air France ne court aucun risque. Aujourd’hui, nous ne pouvons donner de date précise, mais nous pensons conclure le plus tôt possible."
Air France devra négocier avec ses agents
Les deux présidents ne pouvaient pas évoquer le sort des "indignés" d'Ajaccio et de Bastia.
"En ce qui concerne l’emploi des personnels, nous attendons la décision de la Cour d’appel de Bastia qui ne fait aucun doute à nos yeux. Air France devra négocier avec l’ensemble de ses
agents et particulièrement avec ceux qui vont être requalifiés en CDI."
Mais Paul Giacobbi et Paul-Marie Bartoli ont aussi fait part de regrets et d'exigence à l'égard d'Air France.
Regrets qu’Air France n’ait pas programmé de vols supplémentaires et que ses compagnies filiales aient réduit à néant les programmes de cet été et qu’Air France ait notifié à Air Corsica que son
personnel d’escale ne desservait plus les ATR de la compagnie régionale.
Exigences pour "les personnels en place, y compris ceux requalifiés en CDI, préalablement à toutes négociations visant à adapter ou à restructurer les services, doivent être employés au
maximum. Cela suppose non pas de réduire mais de développer les activités de l’escale d’Air France en Corse"
Pour Paul Giacobbinet Paul-Marie Bartoli "Air France est placée dans l’obligation de faire un effort avec Air Corsica, à l’égard de tous ceux qui veulent se rendre en Corse en ouvrant à la
réservation très rapidement et en offrant toutes les places nécessaires durant la saison."
"Deux points incontournables"
Conclusion de tout ce qui précède.
"Nous allons donc demander une prolongation du délai à l’Assemblée de Corse.
Nous poursuivons les négociations qui achoppent sur deux points incontournables, la question des OSP et la fixation du tarif résident.
Nous pensons aboutir d’ici quelques semaines, peut être avant.
Nous demandons à Air France de ne pas compromettre la saison touristique en Corse pour des motifs qui tiennent à l’attitude de la compagnie par rapport au droit de ses salariés."
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