L’Associu di I parenti corsi (APC) se mobilise contre la carte scolaire, réclame un moratoire sur les suppressions de postes et un statut d’autonomie de l’Académie de Corse. Son président, Denis Luciani, explique, pour Corse Net Infos, que le problème n’est pas de défendre des postes mais de poser un débat de fond sur l’éducation insulaire pour définir ses spécificités. Une motion de mise hors normes de l’académie a été déposée à la CTC.
- Que reprochez-vous à la carte scolaire ?
- Nous sommes contre la carte scolaire car elle résulte d’une logique budgétaire définie à Paris par la loi de finances qui répond à des objectifs nationaux mais ne correspond pas en Corse à des
objectifs en matière d’éducation. C’est pourquoi nous demandons un moratoire sur les suppressions de poste et, conjointement, l’ouverture d’un débat et la mise en place d’un statut spécifique,
que nous appelons : l’autonomie de l’académie de Corse.
- Demandez-vous un statut de mise hors normes comme celui de l’université ?
- Nous n’aimons pas le terme « hors normes » parce que la Corse a besoin de normes spécifiques, sinon le débat sera perpétuel entre la logique budgétaire et les objectifs en matière d’éducation.
L’université est hors normes, sinon elle ne pourrait pas se développer. L’école, aussi, est hors normes. Certains collèges et lycées ont des seuils d’effectifs très largement en dessous de ce qui
est admis sur le continent où ils seraient fermés. On adapte à une réalité déjà existante. La mise hors normes ne se situe pas au niveau des moyens. On ne demande pas plus de moyens, mais la
définition d’un certain nombre de spécificités.
- Quelles spécificités ?
- La Corse a des particularités liées à l’insularité, à la ruralité, à la montagne, à son histoire et à sa culture. Son enseignement fait aussi l’objet de conditions spécifiques, notamment
l’enseignement bilingue et l’enseignement en montagne. Nos objectifs en matière d’éducation ne sont pas les mêmes que ceux d’autres régions et c’est à partir de là qu’il faut définir, dans un
cadre juridique, un statut spécifique, les compétences en matière d’éducation, les objectifs pédagogiques et, ensuite, affecter les moyens. Nous demandons à la CTC de se saisir du problème en
réclamant le transfert des compétences, notamment au niveau du primaire.
- C’est l’Etat qui décide du transfert, pas la CTC ou le rectorat.
- Le rectorat nous a donné des réponses favorables. Une motion sur la mise hors normes de l’académie de Corse a été déposée à la CTC par Femu a Corsica et sera présentée à la prochaine session.
La carte scolaire nous donne l’opportunité de poser ce problème, de définir un contenu, de proposer des pistes de réflexion qui demandent à être approfondies.
- Quel contenu souhaitez-vous pour ce statut ?
- La généralisation du bilinguisme avec ses conséquences sur la formation, la création d’une brigade d’intervenants et le recrutement de personnel ; l’adoption d’un calendrier et de rythmes
scolaires spécifiques ; la prise en compte de la ruralité, de ses problèmes, c’est-à-dire les transports et la démographie de montagne, et de ses avantages comme la possibilité de pratiquer des
sports de pleine nature ; enfin, aborder la dimension insulaire et méditerranéenne de l’académie de Corse.
- Qu’entendez-vous par calendrier et rythmes scolaires spécifiques ?
- Nous avons déjà fait modifier la date de rentrée scolaire, qui est fixée après le 8 septembre. C’est une loi triennale, mais on voudrait une adaptation plus large, notamment sur la manière de
concevoir les vacances scolaires. Aujourd’hui, le calendrier corse est calqué sur le calendrier parisien. Or, il doit être calqué sur une réalité plus méditerranéenne et l’environnement naturel
pour avoir une gestion plus souple.
- Que signifie la dimension insulaire et méditerranéenne ?
- Par exemple, des programmes d’échanges et des projets éducatifs communs avec des régions voisines comme la Sardaigne et la Toscane.
- Demandez-vous que toutes les écoles primaires soient bilingues ?
- Oui. Le statut spécifique pourrait donner un cadre juridique au bilinguisme et permettre son évolution de manière plus importante et moins problématique.
La généralisation du bilinguisme est immédiatement applicable sous un certain nombre de conditions ainsi que le calendrier spécifique et la prise en charge de la ruralité.
- Comment réagissez-vous aux 27 suppressions de postes prévues dont 18 déjà actées en Haute-Corse ?
- Pour nous, le problème n’est pas là. Nous ne défendons pas les postes pour les postes. Nous voulons poser le problème de fond, sinon on va négocier les postes en fonction du plus pugnace ou de
celui qui mettra la plus forte pression. Nous voulons définir notre carte scolaire, c’est-à-dire notre projet éducatif et les moyens qui lui sont affectés.
- Le recteur parle de manœuvres électorales…
- Nous ne sommes pas dans une logique électorale. C’est sûr que certains candidats essayent de récupérer ce problème pour leur campagne électorale. Pour nous, le sujet, l’école en Corse, demande
un débat. Nous avons des propositions. C’est à la CTC maintenant de s’emparer du débat.
Propos recueillis par Nicole MARI
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A O F (jeudi, 15 mars 2012 06:45)
Le problème de l'éducation est déjà suffisamment complique : vacances plus longues, temps de classe diminué, programme scolaire inchangé. Avant de penser aux échanges, il faudrait d'abord élever le niveau d'enseignement général et bilingue..... Les spécificités méditerranéennes !!!! Une rentrée après la 8//09, la belle affaire !!! Aussi faut il respecter la date de fins de cours ... Votre action mérite le respect, mais il faut être réaliste avec la réalité de la vie moderne.... Prenez plutôt exemple sur les écoles bilingues bretonnes, qui fonctionnent très bien !!! Et vont en classe par tous les temps.