Femu a Corsica, les mouvements Chjama, PNC, Inseme pè a Corsica et e groupe Femu a Corsica à l’Assemblée de Corse viennent d'adresser une lettre à tous les candidays à l'élection du président la République. Corse Net Infos vous permet d'en découvrir la teneur.
Au cours des prochaines semaines, la France va choisir le nouveau Président de la République, et élire par la suite les futurs députés. Cette consultation est d’une importance majeure. Elle
intervient également à un moment où s’ouvre, pour la Corse, une période cruciale.
Nous ne reviendrons pas, dans cette lettre ouverte, sur le constat de la situation actuelle de la Corse, particulièrement inquiétante au plan économique, social, culturel, et sociétal.
Il se résume en fait en une phrase : la question corse, posée avec acuité, pour la période contemporaine, depuis plus de cinquante ans, n’a toujours pas, à ce jour, donné lieu à un véritable
processus de règlement politique durable et de sortie de crise.
Nous considérons qu’une opportunité historique d’engager irréversiblement la Corse sur le chemin du développement et de l’apaisement a été gâchée au lendemain des élections territoriales de mars
2010 : en effet, les résultats du scrutin auraient dû conduire à la recherche d’une solution politique à la hauteur des enjeux et de l’espoir manifesté collectivement par les Corses, dans la
diversité de leurs opinions.
Femu a Corsica a voulu avec force et constance que ce chemin soit choisi : forts de la légitimité que nous avait accordé le suffrage universel (plus de 26% des suffrages, un corse sur quatre),
nous avons proposé, dès le lendemain du second tour, la construction d’une majorité politique nouvelle, associant les forces de progrès, qu’elles se revendiquent de gauche ou du camp libéral, et
l’ensemble des nationalistes.
Cette majorité aurait pu s’adosser à des pratiques politiques rénovées et véritablement démocratiques, et se serait construite autour d’une plate-forme politique prenant en compte les intérêts
majeurs du peuple corse.
La Corse aurait pu dans le même temps, négocier avec Paris la mise en œuvre des moyens juridiques, politiques, et financiers traduisant et accompagnant cette nouvelle configuration : une
dynamique d’espoir, conforme à l’attente légitime de l’immense majorité des Corses, aurait ainsi été mise en œuvre.
La classe politique traditionnelle a refusé notre proposition, et reproduit les schémas habituels. Le conclave de Venaco, en organisant dès avant le deuxième tour de scrutin, la répartition des
postes, a certes permis de dégager une majorité relative, et d’écarter momentanément les nationalistes corse, à l’instar d’autres forces , de l’accès aux responsabilités.
Il a également, et surtout, confisqué l’espoir.
L’Etat, quant à lui, a persisté dans son refus de prendre en compte la dimension fondamentalement politique de la question corse.
La situation actuelle n’est pas supportable : il y a urgence, dans tous les domaines : foncier, question sociale, dépendance économique, poids du système clientéliste, délitement du lien social :
le peuple corse -communauté de destin incluant les Corses d’origine, d’adoption et de la Diaspora- est menacé dans son existence même, et ce au travers de chacun des éléments constitutifs de son
identité, et du droit fondamental reconnu à tout citoyen de vivre dans une société démocratique.
Face à ce constat, l’heure n’est plus, de la part de l’Etat, aux atermoiements, ni aux manœuvres dilatoires, qui ne peuvent qu’alimenter un conflit qui doit aujourd’hui entrer en voie de
règlement.
En ce qui concerne Femu a Corsica, nous avons fait des choix politiques clairs : ceux de l’action démocratique, de la recherche permanente du dialogue, de la construction au service des intérêts
collectifs du peuple corse, de la volonté de construire un pays moderne et ouvert, pleinement inséré dans son environnement européen et méditerranéen.
A la veille de l’élection présidentielle, nous souhaitons interpeller publiquement celles et ceux qui aspirent à accéder à la fonction de chef de l’Etat français.
Les Corses, et notamment ceux qui, par leurs suffrages, ont soutenu la démarche Femu a Corsica, ont en effet le droit de savoir ce que sont les réponses que vous souhaiterez apporter aux
questions suivantes :
A°) Le Peuple Corse est incontestablement une communauté humaine vivante et ouverte, de par sa langue, sa culture, sa relation à un territoire historique, l’île de Corse, ses intérêts
spécifiques : considérez-vous que ce peuple existe et qu’il a le droit d’être juridiquement reconnu?
B°) Etes-vous prêt à engager, dès votre élection, une réforme constitutionnelle permettant en conséquence à la Corse d’obtenir les moyens statutaires d’assurer son avenir, au
travers notamment de :
- la question foncière, avec notamment le statut de résident ;
- le statut de co-officialité de la langue corse ;
- la demande de transfert de la compétence fiscale, au nom du statut hérité des arrêtés Miot ;
Ces évolutions, voulues par une majorité d’élus ainsi que par l’immense majorité des Corses, auront nécessairement pour corolaire le transfert du pouvoir législatif et réglementaire à
l’Assemblée de Corse.
C°) Etes-vous prêt à engager, dès votre élection, un processus de dialogue avec l’Assemblée de Corse et l’ensemble des forces vive de l’île, afin que cette réforme constitutionnelle soit
couplée avec la définition d’une véritable solution politique, permettant à la Corse de s’engager définitivement et irréversiblement sur le chemin de la paix et de l’émancipation ?
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