L'Intersyndicale du cinéma Corse a manifesté, mardi, son mécontentement concernant un certain nombre de dysfonctionnements au cœur de la Collectivité Territoriale de Corse et du Conseil Economique Social et Culturel dans les secteurs de l'audiovisuel-cinéma.
Les adhérents des trois syndicats (U Sindicatu Naziunale di l'Attore di Sinema,U Sindicatu Naziunale di l'Operaii di Sinema, U Sindicatu di i Produttori Corsi) ont déployé une banderole de 6
mètres dans l'enceinte de l'Assemblée et distribué des tracts aux Conseillers du CESCC en session. Le conseiller Cinéma démissionnaire a ensuite pris la parole avec l'accord du président Henri
Franceschi.
Voici le texte de l'intervention de Maga Ettori, conseiller cinéma démissionnaire du CESCC/
Sur rapport de Jean-Simon Peretti, le Conseil Economique Social et Culturel Corse (CESCC) avait émis le 21 mai dernier un avis favorable à l’adoption de la convention de développement
cinématographique et audiovisuel 2011-2013. Cet avis traitait de la Commission Technique du Film de la Collectivité Territoirale de Corse (CTC) et recommandait : ''les membres sont nommés par le
Président du Conseil Exécutif de Corse à partir d’une liste de propositions validée par les deux associations de producteurs de l’île, l’association « CAP » et l’association « CFP »''.
Une nouvelle commission a été nommée et le CFP et le CAP se sont empressés d'y introduire J.S. Peretti ainsi que André Stefanaggi (le président tout juste démissionnaire du ''CAP'' ;
producteur de Pierre Leccia : Mafiosa). Il semblerait donc que certains membres de cette commission soient ''nommés à vie'' (réinstallation après 6 ans d’exercice) à l'instar de Peretti, Jean-Luc
Orabona (qui a fait financer ''Des racines et de ailes'' par la CTC en étant membre de la commission), mais également François Barrat. Ce dernier, ancien président du GREC (Groupe de Recherche et
d'Essais Cinématographiques qui vient de signer une convention avec la CTC) a réalisé divers films dont quatre ont été produits par une société bastiaise. Cette société (Stella Productions) a
touché 500.000 € en deux ans de la part de la CTC et que la gérante de la société est également présidente du syndicat CFP. Tout ça n'est pas illégal mais franchement amoral.
L'orientation de la nouvelle commission est claire : tous les films non adoubés par le CAP et le CFP sont systématiquement écartés du système d'aide (financier mais également visas et
autres). L'exemple que je vais vous donner me concerne particulièrement, il s'agit d'I Tercani (mon film) qui a été refusé la semaine dernière. Mais au-delà de ce film, ce sont de très nombreux
créateurs corses qui sont dans mon cas ; tous n'ont pas la possibilité de mener le combat que je mène. La semaine dernière donc, une fois encore, la commission du film de la Collectivité
Territoriale de Corse a blackboulé mon travail. Ma société de production a présenté 24 dossiers à cette commission en 3 ans qui en a refusé 24. On m'empêche tout simplement de travailler. Cela
avait déjà été le cas il y a deux ans avec ''La Marche de l'Enfant Roi'' que la censure avait balayé par 6 fois et qui avait fini par être projeté au 64e Festival de Cannes. Cette censure me lèse
mais également les très nombreuses personnes qui collaborent au projet (70).
Une semaine avant le passage en commission on me demandait une traduction en français de ses dialogues. I Tercani, est un film en langue corse, totalement auto-produit. A contrario,
malgré son investissement de plus de 20 millions d'euros dans la filière en 10 ans, nous savons que la Collectivité Territoriale de Corse n'a soutenu qu'un seul projet de long métrage en langue
corse.
Le 23 juin 2011, une Conseillère Territoriale s'interrogeait : ''Pourquoi Corse Audiovisuel Production (CAP) et Corse Films Productions (CFP) ? Il n'y a pas deux associations représentatives
de la profession en Corse mais cinq." Ce à quoi le Président de l'Exécutif a répondu qu'il s'engageait à créer une commission pour modifier cet article. En fait de commission, des réunions ont
été tenues au mois d’octobre à la CTC avec les deux Syndicats de Producteurs (Corse Audiovisuel Production - CAP ; Corse Films Productions - CFP). Nos syndicats et l’Intersyndicale du Cinéma
Corse ont été exclues de ces rencontres. A l’issue de ces réunions les nouveaux membres de la Commission du Film de la CTC ont été désignés. Aucune publicité n’a été faite concernant cette
nouvelle composition et L'Exécutif n’a pas fait suite aux demandes d’informations de l’Intersyndicale (qui se trouve ainsi privée de représentativité au sein de la Commission).
Quand on soutien ''Main basse sur une île'' (prêt de locaux), ''Les Anonymes'' (150.000€) ou ''Mafiosa'' (580.000€), le moins que l'on puisse faire est de donner sa chance à la
production locale. La demande d'I Tercani'' par exemple n'était que de 40.000€, mais ce refus marginalise le film qui ne pourra pas obtenir le soutien et les autorisations du CNC.
Et je me répète mon combat n'est pas celui d'I Tercani, mais celui du développement du cinéma Corse et de l'existence d'une production régionale digne et sincère. La société civile et les
professionnels sont derrière nous Une pétition a vu le jour il y a une semaine et compte déjà près de 300 signataires, pour les conseillers qui souhaiterait signer vous avez l'adresse sur les
documents qui vous ont été distribués.
L'objectif de notre action aujourd'hui était de vous démontrer les conséquences des décisions prisent par le CESCC au mois de juin dernier, sur rapport d'un Conseiller peu scrupuleux. Nous
espérons qu'à l'avenir, vous saurez prendre des orientations plus justes et égalitaires, et que vous permettrez par votre courage et votre honnêteté à la culture corse d'être vue dans les salles
obscures et à la télévision. L'Histoire est comptable de nos actes, elle nous jugera sur la valeur de nos combats et la manière dont nous les avons mené !
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storiacorsa (mardi, 20 août 2013 04:21)
Bravo ! Magà Ettori est un vrai lion ! Il faudrait un peu plus de personnalités de sa classe pour lutter contre la mafia corse !
Marie-Paoli (lundi, 11 août 2014 03:23)
Avec le recul on se rend compte à quel point le combat de Magà Ettori était juste et sincère. Combien de cortèges funéraires devront nous encore suivre, avant que le gouvernement ne prenne ses responsabilités et mette fin à ce cancer qui ronge l'île ?
Francis Padovani (vendredi, 07 février 2020 06:45)
Condamnés pour la plupart, six pieds sous terre pour d'autres, la clique mafieuse de Paul emploi n'aura été qu'un feu de paille en définitive. Respect Magà