Le premier rapport d'étape de la Commission Violences a été présenté, vendredi, à l'assemblée de Corse. Son Président Dominique Bucchini souhaitant un consensus, ont été renvoyées sine die les divergences qui fâchent. C'est donc un rapport àminima qui a été voté. Il préconise, notamment, la création d'un observatoire régional de la violence et l'évaluation des politiques publiques.
Le premier rapport de la Commission Violences a été adopté à l'unanimité. C'était la volonté de Dominique Bucchini, son président, de réaliser l'indispensable consensus pour crédibiliser le travail effectué depuis des mois et provoquer un vrai impact sur l'opinion.
Seulement pour réaliser le consensus, il a fallu laisser de côté les points les plus extrêmes et les plus sensibles, ceux qui divisent et fâchent, et se concentrer sur les points de convergence. On peut se demander si le lissage de ces extrêmes ne réduit pas la force de propositions de la commission ?
"La recherche de consensus peut être intéressante, mais on ne doit pas aller trop loin dans le consensus parce que la recherche du consensus aboutit à l'exclusion d'une partie de la société", commente Antoine-Marie Graziani. Ce professeur d'université, auteur de l'ouvrage : "La violence dans les campagnes corses du 16ème au 18ème siècle", présent au débat, a été auditionné par la Commission Violences.
Des impasses essentielles
Que manque-t-il donc dans ce rapport ?
"Il manque trois éléments : la violence clandestine avec le FLNC est laissée de côté. Alors que la revendication d'un assassinat nous a renvoyés à des évènements anciens graves et devient, à partir de ce moment-là, difficile à admettre pour la société. Le grand banditisme lié au clientélisme, autrement dit la corruption politique, pose la question de savoir jusqu'à quel point les élus peuvent tenir par rapport à des pressions très fortes particulièrement dans des domaines comme le littoral. Le troisième élément est la violence d'état, opaque et antidémocratique", explique Antoine-Marie Graziani.
Un observatoire des violences
Néanmoins, ce premier rapport, retraçant le bilan des travaux effectués par la Commission Violences pendant un an, a le mérite de tenter d'identifier et de hiérarchiser le phénomène complexe et multiforme de la violence. Et de préconiser des premières mesures concrètes à mettre en œuvre. La première est la création d'un observatoire régional de la violence pour tenter de mieux cerner et en analyser les causes. La deuxième est l'évaluation des politiques publiques afin de contrôler l'emploi de l'argent public dans l'île et de mesurer la pénétration de l'économie par la criminalité.
Des règles strictes
La troisième entend lutter contre la spéculation foncière avec, à travers le PADDUC, l'établissement de règles strictes et incontournables de droits. Enfin, le rapport insiste sur la nécessité de lutter contre la précarité, l'échec scolaire et les sorties du système éducatif sans qualification.
Difficile de préjuger, aujourd'hui, si ces mesures auront un impact réel sur les comportements de la société insulaire et contribueront à son apaisement. Mais ce rapport et le débat ont au moins une utilité immédiate : celle de libérer la parole, d'opposer une volonté au fatalisme et de mettre les élus face à leurs choix et à leurs responsabilités.
N. M.
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YES (samedi, 24 mars 2012 00:03)
c'est triste, quel niveau de déliquescence pour la Corse, quel niveau de faiblesse pour les élus du peuple...
Vergogna (mardi, 27 mars 2012 15:12)
"Mettre les élus face à leurs choix" !!! de quel choix s'agit-il ? de quelle société parlons nous ? Il y a une dissonance entre ce qui est validé par la commission en interne et les actes et cautions que certains élus donnent à des clandestins, qui s'érigent au-dessus des lois !
Quel crédit accordé à cette commission violence lorsqu'on sait qu'elle abrite en son sein, un homme ayant cautionné la revendication d'un meurtre par le FLNC !!! bien triste commission ! bien triste Corse ! Quelle honte !