Antoine Orsini et Christophe Mori, maitres de conférence à l’Université de Corte, ont tenu récemment à l'Espace Dimant d'Ajaccio (1), une conférence ouverte au public, pour rappeler les caractéristiques climatiques de la Corse afin de pouvoir ensuite examiner les conséquences prévisibles d’un réchauffement sur les écosystèmes locaux.
L’attention était portée sur l’importance de mettre en œuvre une gestion durable des ressources en eau douce, sur l’intérêt culturel,
environnemental et économique de l’eau tout en incitant les acteurs locaux à agir pour protéger l’état des milieux aquatiques (rivières, lacs, nappes souterraines…).
C’est dans cet esprit de la reconquête de la qualité des ressources en
eaux, qu’œuvrent, la CAPA, les Communautés de Communes de la haute vallée de la Gravona et de la vallée du Prunelli, ainsi que le SIVOM de la rive sud du golfe d’Ajaccio, à travers la démarche
d’élaboration du Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE). Ce dernier a été validé dernièrement lors de la session ordinaire du 20 et 21 février 2012.
Quatre items
Le changement climatique en
méditerranée d’ici 4 générations (2100), pourra se résumer à qutre items : une augmentation de la température de l’air de 2.2 à 5.1°C, une pluviométrie en baisse de -4 à -27%, des
évènements extrêmes plus fréquents et plus violents (vagues de chaleur, sécheresse, inondations..), et enfin une montée de l’eau de mer de 0,3m en 2050 à de 0,9m en 2100.
Les diapositives montrant une simulation de ces montées de niveaux (1m), sur Ajaccio, Porto-Vecchio, le littoral Bastiais et Saint-Florent,
restent éloquentes quant à la modification de l’occupation des sols. A titre d’exemple, à terme l’aéroport d’Ajaccio sera recouvert par la mer !
Second constat, les modifications du régime hydrologique des cours d’eau de
l’île. Les hausses des températures, la diminution des précipitations, la fonte des neiges plus précoce, des périodes d'étiage de plus en plus longues (elles passeront de 2 à 4 mois), concourent
à la baisse du niveau des lacs. Celui de Capitellu, lac naturel à déjà vu son niveau d’eau baisser de -1m.
Il en est de même pour les lacs artificiels comme Tolla et Calacuccia qui ne sont actuellement qu’à la moitié de leur remplissage, ou celui de
Codole en Haute-Corse qui est proche du minimum.
Le bilan
n’est pas plus engageant pour les eaux souterraines destinées à être consommées (60% des apports en eaux potables).
Quelles solutions ?
La hausse des températures et de la pluviométrie, dans ce conteste de changement climatique,
pourrait aussi accroître l’incidence des maladies d’origine hydrique, des maladies infectieuses (usagers des loisirs d’eau). Enfin, des poussées d’algues toxiques dans les eaux sales pourraient
contaminer les crustacés et augmenter l’incidence d’intoxications alimentaires. Il est fort probable que des espèces invasives prolifèrent et que la biodiversité endémique soit en danger jusqu’à
disparaitre.
Alors quelles solutions ? Améliorer les systèmes d’irrigation pour les agriculteurs (utilisation de 60% de l’eau), poser des compteurs pour gérer l’eau utilisée, réduire les pertes de distribution (près de 60% sur Corté), réutiliser les eaux usées traitées pour l’agriculture et recharger les nappes phréatiques (90% des eaux sont réutilisées en Tunisie)…
Du coté politique, prendre en compte les aspects techniques, sociaux économiques, culturels, environnementaux et sanitaires de l’eau. Définir la problématique « eau » dans les documents d’urbanisme (PLU, SCOT, PADDUC…).
Au final l’eau, patrimoine naturel, est devenue, une marchandise, un enjeu de conflits sociaux économiques qui pourrait multiplier les conflits d’usage, face à des pratiques habituées à une ressource relativement abondante.
Marilyne SANTI
(1) Marie-Laurence Sotty, représentait Simon Renucci président de la CAPA.
Les prochaines conférences
17 Avril : Les risques d’inondations et l’intérêt des zones humides au Palais des Congrès
29 Mai : Production d’énergie et ressources en eaux à l'Espace Diamant
25 Juin : La biodiversité marine et les cétacés en Corse à l'Espace Diamant.
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U Palatinu (jeudi, 29 mars 2012 13:10)
Comment se fait-il qu'un article aussi important pour notre avenir commun à tous, l'eau étant quand même la vie, passe inaperçu ?
Et qu'il n'y ait aucun commentaire !
C'est dommage.
Colonel de Vinciguerra (vendredi, 30 mars 2012 07:55)
Que veux-tu o Palatì ? Beaucoup ne s'intéressent pas à cette problèmatique mondiale et primordial pour notre avenir commun à tous dont ils ont l'air de se contrefoutre, et préfèrent encore se focaliser sur le fait qu'une femme, une mère, amènent son enfant en voile à l'école !
Comme quoi, le mauvais goût vestimentaire est beaucoup plus important pour certains que notre survie à tous, par rapport à l'eau.
Triste monde, tristes préoccupations !
Cocolito (dimanche, 01 avril 2012 13:58)
Què, l'avete detta, o sgiò Culunè.