Le maire de Propriano est candidat aux élections législatives de juin prochain dans la 2ème circonscription de Corse-du-Sud. Une circonscription très convoitée par les caciques politiques de tous bords. Le président de l'Office des transports y affrontera le député sortant UMP Camille de Rocca Serra, le président communiste de l'assemblée Dominique Bucchini, le conseiller général nationaliste Jean Christophe Angelini et le vétéran Paul Quastana. Paul-Marie Bartoli explique, à Corse Net Infos, qu'il est le mieux placé pour faire tomber la citadelle de droite et compte sur les voix nationalistes.
- Qu'est-ce qui a motivé votre décision de vous présenter aux élections législatives ?
- Un esprit de responsabilité. J'appartiens à la majorité régionale. La politique de la CTC, que nous incarnons depuis deux ans, doit être représentée àl'assemblée nationale afin d'établir un dialogue fructueux avec l'Etat qui, nous l'espérons, sera dirigé par François Hollande dans quelques semaines. Il y va de l'intérêt bien compris de la Corse, et pas de l'intérêt partisan de la gauche, d'avoir enfin des interlocuteurs qui puissent faire avancer les dossiers. Il ne s'agit pas d'avoir la même obédience politique que le pouvoir car quand il a fallu dire Non, y compris à nos propres amis politiques, nous avons su dire : Non. Alors que le député sortant s'est tout le temps aligné sur les positions de son parti à Paris, du président de la République et du gouvernement qu'il soutient.
- En quoi serez-vous différents ?
- Nous disons qu'il faut un partenariat où chacun est à égalité de droits et de devoirs, une écoute des deux côtés de la Méditerranée entre Paris et la Corse. Nous allons nous mobiliser. Je crois que les électeurs comprendront cette volonté.
- Vous êtes un homme de gauche, mais de quel parti vous sentez-vous proche?
- Je ne suis pas un homme de parti. Je n'ai aucune carte de militant. Le ministère de l'Intérieur me classe dans les Divers gauche. C'est tout à fait naturel. Je suis à gauche, identifié à gauche, né à gauche et je mourrais à gauche, mais je veux garder ma liberté, quand je ne suis pas d'accord, de pouvoir le dire. Si demain, la gauche menait une politique contraire aux intérêts de la Corse, j'aurais le courage de m'y opposer. Mais ça n'arrivera pas. Faisons confiance à François Hollande et à son équipe pour mener une politique qui soit en osmose avec celle que nous menons au niveau de la CTC.
- Pourquoi avoir choisi d'être doublement investi par le PS et le PRG ?
- Nous ne voulions pas voir les forces de gauche se diviser. Nous avons donc souhaité que le PS, le PRG et Corse Social Démocrate soient unis dans cette circonscription. Pour la première fois, dans les quatre circonscriptions de Corse, la gauche se présentera unie avec d'un côté, le PC et le Front de gauche et, de l'autre côté, le PS et ses alliés. Nous allons mettre tout en oeuvre pour l'emporter.
- Votre investiture a laissé sur le carreau un élu PS qui y prétendait. Croyez-vous vraiment que l'union sacrée se fera autour de vous ?
- Lors de ma déclaration officielle de candidature, tout le monde était là : les socialistes, les radicaux de gauche, Corse Social Démocrate, des conseillers exécutifs, des conseillers généraux de la Corse-du-Sud, des maires de la circonscription... Et, il y avait mon ami, Jean-Charles Orsucci, avec qui j'entretenais d'excellentes relations qui n'ont pas du tout été altérées par le fait qu'il souhaitait lui-même être candidat. Il aurait été un candidat légitime. Il fait preuve de beaucoup de loyauté en se mettant à la disposition de la gauche et de ma candidature, j'en aurai fait de même s'il avait été désigné.
- À l'exception de Sauveur Gandolfi-Scheit, on accuse les députés insulaires de ne rien faire pour la Corse...
- Je pense que Simon Renucci a fait son travail de parlementaire. À sa décharge, il siégeait dans l'opposition et ce qu'il proposait ne pouvait pas être repris par un gouvernement qui lui était hostile. Ce qui n'est pas le cas de Camille de Rocca Serra qui est beaucoup plus coupable car il s'est alignésystématiquement sur ce que disait Paris.
- Que ferez-vous si vous êtes élu député ?
- Je m'investirai d'abord à fond dans mon travail de parlementaire, c'est-à-dire accompagner le changement qui sera voulu par le nouveau gouvernement en étant présent à l'Assemblée Nationale, dans les commissions, en approfondissant les textes. Et puis, il y a un corollaire obligé qui sont les intérêts de la Corse. Tout ce qui relèvera du Parlement et qui concernera la Corse, j'essaierai de le prendre en compte. Je me suis toujours investi à fond dans mes autres responsabilités. On peut me faire confiance.
- Vous parlez de faire avancer les dossiers. Il y a celui de l'évolution institutionnelle. Y êtes-vous favorable et le défendrez-vous si vous êtes élu ?
- D'abord, avant de parler d'évolution institutionnelle, il faut impérativement que la CTC et les autres collectivités poursuivent leur réflexion et essayent de dégager le consensus le plus large. Personnellement, je ne souhaite plus jamais voir une réforme qui soit élaborée à Paris et votée ensuite par le Parlement. Non. La démarche a fait long feu. Pour qu'il y ait une vraie réforme qui soit prise en compte, il faut trouver un consensus entre nous en Corse. Et, si je suis élu député, je porterai la réforme consensuelle voulue par les Corses.
- Vous vous présentez dans la seconde circonscription qui
est très
disputée. Que
pensez-vous du sondage donnant Jean-Christophe Angelini gagnant ?
- Jean Christophe Angelini parle lui-même de sondage à prendre avec des pincettes parce que celui-ci fait l'impasse totale sur ma candidature. Comment peut-on interroger des gens en estimant que les partis qui soutiennent François Hollande n'auraient pas de candidat dans cette circonscription ? Je suis convaincu que si on refaisait un sondage en respectant la déontologie de la profession avec tous les candidats, les estimations seraient toutes autres.
- Quelles seraient-elles selon vous ?
- Très honnêtement, connaissant la configuration de la circonscription, je crois que je serai le mieux placé pour battre Camille de Rocca Serra au second tour.
- Vous pensez donc être au second tour ?
- Je pense, très honnêtement, pouvoir me qualifier pour le second tour et l'emporter. Je suis convaincu que les électeurs, qui ont voté pour des candidats divers au 1er tour et qui ont rejeté le bilan du député sortant, s'uniront au second pour apporter, enfin, à cette circonscription, un changement.
- Certains parlent de triangulaire. Qu'en pensez-vous ?
- Nous sommes au début de la campagne. Les candidats sont désormais connus. Pour qu'il y ait triangulaire, il faut que trois candidats dépassent la barre de 12,5% des inscrits, c'est possible... Mais il ne faut pas faire d'élections avant d'avoir fait la campagne ! Je suis très confiant. Je suis dans l'état de rassembler la gauche au premier tour, la totalité de la gauche au second tour avec le Front de gauche. Nous avons un accord qui existe, depuis que l'on vote au scrutin majoritaire avec le PC et le Front de gauche, cela s'appelle la discipline républicaine. Si Dominique Bucchini arrivait devant moi, je me désisterais très loyalement pour lui et je ne doute pas un seul instant qu'il en ferait autant pour moi. En ce qui concerne les deux autres candidats, Paul Quastana et Jean-Christophe Angelini, je considère que, dans cette élection, nous devons nous rassembler, au-delà de nos différences et de nos divergences, pour que nous puissions respecter le choix des électeurs du premier tour sur celui qui sera désigné par le suffrage universel. Étant entendu que je pense être celui-ci !
- Estimez-vous que Jean-Christophe Angelini doit vous renvoyer l'ascenseur après que la gauche l'ait soutenu aux Cantonales ?
- Jean Christophe Angelini est un homme très intelligent pour lequel j'ai du respect et même de l'admiration. Il n'est pas homme à se tromper d'adversaire et je pense que, si je suis qualifié au second tour face à Camille de Rocca Serra, il choisira le rassemblement. Je n'ai aucun doute là-dessus. Moi-même, je choisirai le rassemblement si ça devait être quelqu'un d'autre que moi. Non pas dans le cadre d'un "Tout sauf Camille", mais parce que nous nous projetons dans l'avenir et que la Corse doit avoir une majorité régionale confortée, ouverte. Nous pouvons travailler avec des gens qui sont d'une sensibilité différente de la notre. Nous avons déjà commencé à en faire la démonstration.
- Si François Hollande est élu, il supprimera le cumul des mandats pour les députés. Si vous êtes élu député, quels mandats choisirez-vous ?
- Pour l'instant, je ne suis pas frappé par ce cumul. Une loi est nécessaire, mais faut-il n'avoir qu'un seul mandat, je suis assez sceptique ? Sans répondre à cette question, je le dis clairement : je suis très attaché à la mairie de Propriano, non pas parce que je considère que c'est la mienne, c'est la casa cumuna, mais parce que c'est là que je suis en mesure de démontrer à mes concitoyens ce que je suis capable de faire.
- Avec les lourds dossiers des transports que vous gérez, aurez-vous le temps de faire campagne ?
- J'ai
voulu rester investi sur ces deux dossiers, les votes ont eu lieu lors de la dernière
session de la CTC. J'ai également
voulu rester investi sur la préparation
du budget de la Communauté des
communes et sur celui de Propriano. Ensuite, je rentrerai de plein pied dans la campagne des législatives
tout continuant a assumer mes fonctions..
Propos
recueillis par Nicole MARI
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