Comme prévu il y a deux semaines, la mobilisation pour les Langues minoritaires a eu lieu partout en France où les régions revendiquent le droit de parler leur langue. C’était également le cas en Corse, où la population a répondu à l’appel du collectif « Parlemu Corsu ! ». Sous forme d'une chaîne humaine, plus de quatre-cent personnes ont manifesté pacifiquement leur volonté de faire évoluer la situation sur le plan politique et institutionnel. C’est devant la préfecture d’Aiacciu que Mighè Leccia avait donné rendez-vous aux différents acteurs de la vie politique, associative et culturelle, et l’on peut dire que la manifestation a été plutôt réussie.
Voilà depuis maintenant quatre ans que « Parlemu Corsu ! » et les associations qui y adhèrent sillonnent la Corse afin de tenter de faire renaître l’esprit revendicatif qui avait permis à la Corse d’après-guerre de se réapproprier son histoire et sa langue. Le combat se menant désormais quasi uniquement dans l’arène politique, les militants de la langue ont donc décidé de porter l’affaire aux yeux et aux oreilles des élus du peuple, et également aux candidats à la présidentielle. Après les visites respectives des différents candidats à l’investiture, et à quelques semaines de celle du chef de l’Etat, les régions françaises se sont unies dans un mouvement sans précédent en faveur des langues « régionales ».
Un mouvement national d’une belle ampleur
Sous l’égide de l’ « Association des Régions de France » plus de 50 000 personnes sont descendues dans la rue afin de faire entendre leur voix, et donc leur langue. Par exemple, la manifestation de Quimper, qui a mobilisé plus de 12 000 manifestants, et où les activistes culturelles ont été jusqu’à déboulonner les panneaux de signalisation monolingues ! Le record de la journée étant celui de Toulouse, où plus de 20 000 personnes ont défilé dans les rues.
La Corse elle aussi, à une échelle moindre il faut le reconnaître, a su mobiliser. Venus des quatre coins de l’île, des personnes de tous bords, tous âges et toutes conditions sont venus réaliser ce qui pourrait être une première, à savoir une chaîne humaine de quelques centaines de mètres de long reliant ainsi les grilles de la Préfecture à celles de la CTC. Tout un symbole, quand on sait que sur les murs de la première institution, seul le drapeau français flotte à ce jour…
Pourtant, la communication sur l’évènement avait été forte. Affichage dans toutes les principales villes de Corse, communiqués via Facebook et Twitter, le tout amplement relayé par les medias locaux. Mais force est de constater qu’il reste encore un long chemin à parcourir pour que la Corse atteigne un taux de participation de l’ordre des manifestations du jour en Alsace ou en Catalogne. Il faut d’ailleurs bien reconnaître que les manifestations de ce genre sont de plus en plus rares chez nous.
La journée organisée par « Parlemu Corsu » devrait, selon toute vraisemblance, constituer le début d’une longue série.
« Un rassemblement militant festif et coloré »
C’est sous un beau soleil printanier que les présents ont pourrait-on dire réussi leur coup. Parmi les centaines de participants, on comptait des politiques comme le Docteur Edmond Simeoni, Paul Quastana, mais aussi des membres de la jeune garde comme Josepha Giacometti (Corsica Libera, cadette de l’Assemblée de Corse), Tumasgiu d’Orazio (Radical Socialiste, conseiller municipal de la Ville d’Ajaccio), et d’autres encore. Sans compter, comme dit plus haut, les associations telles que les groupes de supporters de « L’Orsi Ribelli » (Aiacciu) et « Bastia 1905 » (Bastia), mais aussi des associations universitaires comme la « Ghjuventù Vagabonda », et également les deux syndicats étudiants C.G.C. et G.P..
Micheli Leccia, dans son petit discours prononcé à la fin de l’action à l’attention des personnes venues soutenir sa démarche, a d’ailleurs salué la présence d’un grand nombre de mouvances et d’organismes, et a rappelé, à l’instar des nombreuses banderoles déployées, les demandes déjà faites par le Collectif auprès des élus.
« Noi, vulemi chì a lingua francesi è a lingua corsa, in a nostra sucità, siani à paghju ! À egualità ! Pà u mumentu, i nosci rivindicazioni sò stati intesi ma micca piddati in contu, postu chì sinu à avali, pocu hè statu fattu. […] Quandu avemi chiestu à l’eletti di l’assemblea di fà qualcosa pà chì u corsu pidessi di più in più piazza ind’a sucità, ch’idda sia in i scoli, ch’idda sia ind’è i lochi publichi ecetera, tutti ani dettu di sì. Allora avà, basta à dì, ci voli à fà !
Dumandemi frà altri novi prugrammi sculari addattati à favori d’un’amparera custanti di a lingua à i ziteddi, una signaletica è un codici di a strada in corsu, è sopratuttu un statu di cuufficialità di i lingui francesi è corsi. »
La manifestation s’est dispersée au son des voix des chanteurs insulaires comme Fredéric Poggi ou Jean-Charles Papi, venus apporter leur soutien et qui on entonné le Diu Vi Salvi Regina afin de clore cette belle manifestation, qui aura réuni professeurs, universitaires, hommes et femmes de lettres, et qui mériterait d'être renouvelée dans un futur relativement proche. En tout cas pour une première, on peut dire que l’appel a été entendu.
Olivier CASTEL
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Jacme (dimanche, 01 avril 2012 18:45)
30.000 segon lmos organizadors per Tolosa