Constatant la censure systématique de la totalité des films se réclamant du cinéma corse néo contemporain, l'Intersyndicale du Cinéma Corse (Sindicatu Naziunale di l'Attore di Sinema, Sindicatu di i Produttori Corsi, Sindicatu Naziunale di l'Operaii di Sinema) procède à de nouvelles élections de ses représentants et se réorganise.
Il y a quelques semaines Magà Ettori assénait à la tribune de l'assemblée de Corse: ''L'Histoire est comptable de nos actes, elle nous jugera sur la valeur de nos combats et la manière dont nous les avons mené !'' ...
A l'invitation de ce dernier, une centaine de membres de l'Intersyndicale du Cinéma Corse étaient présents à Ponte Novu samedi matin pour élire ses
représentants. Une élection jugé indispensable en raison de ce que les professionnels dénoncent comme une chasse aux sorcières. L'Intersyndicale estime que le nouveau Comité Technique du Film de
la Collectivité Territoriale de Corse censure tous les films non adoubés par les syndicats ''Corse Film Productions'' et ''Corse Audiovisuelle Productions''.
"Un sentiment d'injustice partagé"
I Tercani, le film de Magà Ettori, "blackboulé" le 5 mars dernier par le Comité Technique a mis le feu aux poudres. Elio Lombardo précise : ''C'est un sentiment d'injustice qui est partagé par l'ensemble de la profession regroupée dans le mouvement du cinéma Corse néo Contemporain''. Plus de 700 personnes sont signataires de la pétition contre la censure du film de Magà Ettori (pétition visible sur le site Néo Ciné TV -www.corsicacinema.com).
Mais au-delà de cette œuvre c'est tout un système qui est mis en cause. En effet la totalité des films réalisés en 2011 par les adhérents de
l'Intersyndicale ont été systématiquement écartés du système d'aide : ''Sintineddi'' D5 Prod, ''La pêcheuse de bonheur'' Posidonia Productions, ''Le voyage d'Emilie''
SN Productions, ''U Ghjurnale'' Corsitalia Produzione, ''Forza !'' KSE Films,... et la totalité des projets de Worldino Productions (24 dossiers en 3 ans dont ''La
Marche de l'Enfant Roi'', refusé six fois, par le Comité Technique et qui a fini par être projeté au 64e Festival de Cannes). Certains de ces films montés avec des moyens de fortune, ont
obtenu des prix dans des festivals. Tous ont été projetés et plébiscités par le public dans les salles de cinéma lors des ''Rencontres du cinéma Néo Contemporain''.
Le seul film…
Le seul film qui a eu les faveurs de la Collectivité de Corse est ''A Vindetta'' produit par Ciné Rinovu et soutenu par le réseau CINE CORSICA. Réalisé dans un cadre ''jeune'', ce film n'a pas été soumis au Comité Technique.
L'Intersyndicale du Cinéma Corse accuse clairement certains membres du Comité d'être à la fois juges et partis. C'est le cas par exemple d'André Stefanaggi (président tout juste démissionnaire de Corse Audiovisuelle Productions, ancien producteur du réalisateur de Mafiosa), ou encore de François Barrat qui a réalisé divers films produits par une société de production bastiaise. Cette société dont la gérante est également présidente de Corse Film Productions a touché plus de 500.000 € en deux ans de la part de la CTC. Tout ça n'est pas illégal mais franchement amoral et a tendance à durer. Certains membres du Comité viennent d'être renommés après 6 ans d'exercice.
Si ce Comité servait la culture corse qui s'en plaindrait ? Malgré un budget de plus de 20 millions d'euros dans la filière en 10 ans, la
Comité Technique n'a soutenu qu'un seul projet de long métrage de fiction en langue corse ; étant beaucoup plus généreux avec les très impopulaires : ''Les héritières'' (300.000€), ''Les
Anonymes'' (150.000€) ou ''Mafiosa'' (580.000€).
Restructuration
Le cinéma hexagonal relève d'une activité contrôlée par un système de visas, de classifications et de soutiens multiples en partie déléguée par le Centre National de la Cinématographie à la Collectivité Territoriale de Corse. Ces refus successifs mettent la plupart des productions corses en périls ; les acteurs et techniciens au chômage.
L'Intersyndicale cherche des solutions. Elle a signé en juillet 2011 la Charte CINE CORSICA mise en place par l'Institut Régional du Cinéma et de l'Audiovisuel Corse (IRCA). Des outils spécifiques ont été validés comme le fonds Tercani qui a collecté 25.000€ de fonds privé (créé pour le montage du film éponyme), le réseau de distribution Terra di Lume, la chaîne de diffusion et promotion Néo Ciné TV, CORSFX (post production), le Centre Méditerranéen de Formation du Cinéma et de l'Audiovisuel, les jeunes Etoiles du Cinéma Corse, et surtout le maillage régional CINE CORSICA (Ciné Bastia, Ciné Moïta-Verde, Ciné Alto-di-Casacconi, Ciné Santa-Maria-Siché, Ciné Ajaccio, Ciné Nebbiu, Ciné Capi-Corsu, Ciné Conca d'Oro, Ciné Sartinesu, Ciné Pieve di Sampieru, Ciné Alta Rocca, Ciné Taravu, Ciné Balagna, Ciné Argiustesu, Corsica Sensations, Ciné Caccia-Rustinu, Ciné des Deux-Sorri, Ciné Bonifacio).
Une partie de la filière préfère user son énergie à maintenir les perfusions des financements institutionnels, à faire la chasse aux films corses jusque dans les salles obscures et dans les tribunaux, qu'à soutenir de tels outils. Une situation qui contraint aujourd'hui l'Intersyndicale à une restructuration de ses organisations.
Afin de protéger ses membres, la liste de ses partisans sera désormais secrète. Seuls s'exprimeront les élus désignés par l'ensemble des membres : Elio Lombardo Président di u Sindicatu Naziunale di l'Attore di Sinema (48 adhérents), Fabienne Franceschini présidente di u Sindicatu di i Produttori Corsi (16 sociétés), Jacky Susini Sindicatu Naziunale di l'Operaii di Sinema (22 adhérents) et Magà Ettori délégué général de l'Intersyndicale du Cinéma Corse.
Une charte de Ciné Corsica
Les signataires de cette charte souhaitent faciliter l'émergence d'une expression régionale : ''le Cinéma Corse Néo contemporain''. Par l'action du Centre National de la cinématographie (CNC), le cinéma hexagonal relève d'une activité contrôlée par un système de visas, de classifications et de soutiens multiples à la création, la production, la distribution, la diffusion et la promotion des œuvres cinématographiques. Une fonction régalienne déléguée à la Collectivité Territoriale de Corse dans le cadre d'une signature CTC/Etat/CNC. Ce principe de redistribution cher au cinéma français depuis la fin de la seconde guerre mondiale, est parfois détourné sur le plan régional pour écarter des valeurs idéologiques ou politiques différentes. Le documentaire apparaît à l'Institution comme l'Alpha et l'Omega de la création corse. Toute autre proposition est systématiquement bridée. L'entrave à la liberté de créer, par le contrôle économique, est une recette éprouvée. La censure au cinéma a toujours été une manifestation flagrante de l’étroite surveillance d'un pouvoir sur la circulation des idées. La censure n’apporte rien en elle-même ; bien au contraire, elle est nuisible aux principes humanistes de paix et de démocratie. Elle engendre inévitablement un esprit de rancune et de violence dont la Corse n'a pas besoin. Avec un budget de 20 millions d'Euros en 10 ans l'Institution a seulement soutenu un long métrage en langue corse. Quant aux films courts et expérimentaux ils ne bénéficient d'aucun réseau de distribution. Il nous appartient donc de créer un système plus souple, adapté à nos besoins, à nos envies et à la réalité économique de notre île. Depuis 1992, l'Institut Régional du Cinéma et de l'Audiovisuel (IRCA) réalise un maillage étroit du territoire insulaire, recrute des cinéastes et des cinéphiles. L'IRCA a élaboré un programme commun : le ''Ciné Corsica''. Les antennes locales de Ciné-Corsica, les structures de production, promotions, développement et diffusion interviennent - chaque fois que possible - dans l'aide à la production et à la distribution, dans l'information, les festivals, les rencontres, les débats, les projections, et la formation. Une activité efficacement soutenue par un réseau de professionnels qui donnent de leur temps et de leur savoir. L'objectif de l'IRCA est de permettre un rayonnement maximal de ce cinéma. L'argent ne doit pas être un frein au développement de la création. Tous les signataires de cette charte s'engagent à fixer le montant de leurs cotisations à 1€ symbolique, et à s'investir sur la recherche de fonds autres (dons, mécénat, ....). Des outils spécifiques soutiendront cet effort comme le fonds Tercani, le réseau de distribution Terra di Lume, la chaîne de diffusion et promotion Néo Ciné TV, les Rencontres du Cinéma Néo Contemporain, le site de l'IRCA, ... Cette charte a pour objet de définir un cadre de qualité qui doit avoir valeur de référence pour toutes celles et ceux, qui ont en commun l’objectif de défendre et de pérenniser l'existence de la culture corse dans le cinéma et l'audiovisuel.
Organismes signataires :
Institut Régional du Cinéma et de l'Audiovisuel Corse, Ciné Bastia, Ciné Moïta-Verde, Ciné Alto-di-Casacconi, Ciné Santa-Maria-Siché, Ciné Ajaccio, Ciné Nebbiu, Ciné Capi-Corsu, Ciné Conca d'Oro, Ciné Sartinesu, Ciné Pieve di Sampieru, Ciné Alta Rocca, Ciné Taravu, Ciné Balagna, Ciné Argiustesu, Corsica Sensations, Ciné Caccia-Rustinu, Ciné des Deux-Sorri, Ciné Bonifacio, D5 Prod, Posidonia Productions, SN Productions, Corsitalia Produzione, KSE Films, H2O Maison Mer, Terra di Lume, Canale Verde, Festival International du Film d'Aventure et d'Action en Corse, Studios Ariakonda, CORSFX, Sinema in Paese, Ciné Rinovu, Intersyndicale du cinéma Corse, Sindicatu Naziunale di l'Attore di Sinema, Sindicatu di i Produttori Corsi, Sindicatu Naziunale di l'Operaii di Sinema, A Casa di u Sinema, Centre Méditerranéen de Formation du Cinéma et de l'Audiovisuel, Corsica Cinéma, Sindicatu di i Produttori Corsi
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un technicien (dimanche, 08 avril 2012 12:38)
les techniciens Corse ne soutiennent en aucun cas monsieur Ettori qui parle en notre nom sans nous demander notre avis !
un technicien (dimanche, 08 avril 2012 18:01)
Non, il parle en notre nom : Elio Lombardo précise : ''C'est un sentiment d'injustice qui est partagé par l'ensemble de la profession regroupée dans le mouvement du cinéma Corse néo Contemporain''. Il fallait venir à la réunion samedi.
un technicien (lundi, 09 avril 2012)
Mais "Cinéma néo contemporain" ça veut rien dire. Quand on est un technicien on fait parti d'aucun mouvement(c'est pour ça qu'on est intermittent)
De plus je ne connais aucun technicien qui soutien monsieur Ettori sachant qu'on n'est pas un grand nombre je me demande d’où sortent ceux qui le soutiennent.
un docteur (mardi, 10 avril 2012 01:28)
Il a eu ses antipsychotiques le technicien ?
un technicien (mardi, 10 avril 2012 10:56)
Bonne réponse !