Jean Zuccarelli : " Je suis extrêmement confiant dans la victoire "

Candidat aux élections législatives de juin prochain dans la 1ère circonscription de Haute-Corse, Jean Zuccarelli se présente, dans le sillage de François Hollande, comme un symbole du changement. S'inscrivant dans le droit fil du programme socialiste avec un enjeu plus national que local, il explique à Corse Net Infos ses priorités, en premier lieu, la sécurité. Confiant, il table sur la victoire de la gauche à la présidentielle pour battre le député sortant.

- L'union de la gauche bastiaise autour de votre candidature a-t-elle été difficile à obtenir ?
- C'est d'abord une satisfaction d'avoir réuni toute la gauche, qui m'avait déjà apporté son soutien par la double investiture PS-PRG. Mais pas seulement la gauche bastiaise. Étaient présents tous les conseillers généraux de gauche de la 1ère circonscription. Aujourd'hui, ce rassemblement va au-delà en regroupant tous les hommes de progrès. Mon suppléant, François Orlandi, et ce n'est pas le fait du hasard, est un élu du rural.
- Ce rassemblement n'était pas acquis au moment de votre investiture qui a été contestée ?
- Toute nouvelle investiture dans toute circonscription, en dehors des cas où il y a des députés sortants, peut faire débat. Le cheminement a été assez naturel. Bien sûr qu'il y a eu des moments de tension et de friction, nous les avons surmontés et voir aujourd'hui tous les élus autour de François Orlandi et de moi-même est, pour nous, un motif de confiance très fort dans la victoire.
- Vous basez votre campagne sur la victoire de François Hollande. Quel tour prendra-t-elle, si ce dernier n'est pas élu ?
- Nous sommes convaincus qu'il gagnera, tant ce besoin de changement est profond dans notre pays. Nous pensons être porteurs d'un espoir pour la Corse. Dans l'éventualité contraire, tous nos arguments seront, bien sûr, plus difficiles à porter si nous n'avons pas le soutien national de l'Assemblée et du gouvernement. Ce serait, pour la Corse, une perte d'opportunités considérable, mais nous nous battrons, dans les mêmes termes, pour la défense du service public et d'un développement équilibré entre les centres urbains et les communes rurales.
- Vous êtes convaincu, mais comment comptez-vous convaincre ?
- En faisant une campagne très active de terrain. Nous irons à la rencontre des électeurs pour leur expliquer tous les enjeux. Nous allons parcourir toute la circonscription où François Orlandi et moi-même avons des appuis très importants. Nous sommes, tous les deux, des hommes de terrain qui aimons rencontrer et convaincre nos concitoyens.
- Quel est votre programme ?
- Il est dans le droit fil du programme de François Hollande, dans ses 60 propositions dont certaines intéressent la Corse, il faudra en tirer pleinement partie. Les Corses et les habitants de la 1ère circonscription bénéficieront pleinement de ce changement. C'est le sens de notre candidature.
- Quelles seront vos priorités ?
- Notre priorité sera que l'Etat assume en Corse ses fonctions régaliennes, en particulier la sécurité. Face aux drames que nous vivons, il faut donner les moyens suffisants à la justice, à la police et à la gendarmerie pour faire leur travail. Une autre priorité sera le service public dont nous avons besoin afin de mettre un terme à cette politique désastreuse de casse au niveau des écoles, de la poste et du système de santé. Puis, nous travaillerons au développement économique de l'île afin qu'elle produise, se vende à l'extérieur, crée des emplois et donne la possibilité à ses jeunes d'être formés et de vivre chez eux. La jeunesse sera le grand chantier de la prochaine mandature, si François Hollande est élu. Notre quatrième priorité sera de défendre la Corse à l'Assemblée nationale et auprès des pouvoirs publics. Je serais son porte-parole et je ferais en sorte que toutes les politiques publiques trouvent la meilleure application en Corse.
- Vous prétendez représenter le changement. Mais, héritier d’un camp au pouvoir en Corse depuis des décennies, ne craignez-vous pas d'avoir un peu de mal à l'incarner?
- Le changement, que nous proposons aujourd’hui, c’est le changement du vote de François Hollande, le changement de majorité gouvernementale, qui va nous toucher dans tous les actes de notre vie. C'est celui qui fait que l'on vote ou non une hausse de la TVA, que l'on fait payer les impôts aux plus modestes ou aux plus fortunés. Il faut que les gens se prononcent : veulent-ils encore cinq ans de Nicolas Sarkozy ou veulent-ils ce changement ? Pour que ce changement soit pleinement efficace et qu'il prolonge et amplifie le changement qui, aujourd'hui, est déjà à l'œuvre à la région. Il n'y a pas d'antinomie. Bien au contraire, la cohérence est de faire en sorte que cette majorité régionale, qui fait un travail remarquable depuis deux ans, soit écoutée à Paris. Si nous avons, demain, un gouvernement en phase avec la majorité de la CTC, ce sera une grande opportunité pour la Corse et il faudra des députés pour faire le lien et défendre les propositions de la CTC devant le Parlement! Et, qui d'autre, mieux que ceux qui les auront préparés, pourront les défendre ! C'est pour cela que Bastia et la 1ère circonscription ont besoin de retrouver un député de gauche.
- Pensez-vous battre facilement le député sortant, Sauveur Gandolfi-Scheit ?
- Si je me suis engagé, c'est pour le battre. Je suis extrêmement confiant dans cette victoire pour trois bonnes raisons. La première est que je crois très fortement àla victoire de François Hollande et c'est un élément très important parce que cela créera une dynamique de changement absolument nécessaire, que la majoritéde nos concitoyens attend. La deuxième est que le député sortant va devoir assumer le bilan désastreux de Nicolas Sarkozy. La troisième est que le programme de député, que je détaillerais dans les semaines à-venir, est d'apporter des réponses positives à tous ces fléaux qui n'ont pas été résolus en Corse comme sur le continent.
- Vous attaquez le député sortant sur le bilan de Nicolas Sarkozy. Est-ce un moyen d’éviter de parler de son bilan local ?
- Le député sortant est co-responsable du bilan désastreux de Nicolas Sarkozy. Il a été un soutien actif à sa politique. Il a voté toutes ses lois et a été à Ajaccio pour l'applaudir. Sa présence sur le terrain et le fait de sillonner la circonscription ne suffisent pas à faire un bilan. Il s’agit, en premier lieu, d’une élection nationale où les enjeux sont considérables et touchent à la vie de chacun d’entre nous. Et, sur ce point, son bilan est négatif. Le chômage atteint des sommets. La dette a explosé. Il y a un déficit commercial record et une insécurité croissante. Ceux-là mêmes, qui se disaient les chantres de la sécurité, nous laissent un pays et une île en proie aux assassinats, à une délinquance et à des pressions sur les élus.
- Êtes-vous aussi confiant vis-à-vis d'autres candidatures qui revendiquent également le changement et ont réalisé une forte poussée aux dernières territoriales ?
- J'attends que Gilles Simeoni précise sa vision du changement et, surtout, dans une élection nationale et par rapport à des politiques nationales, de savoir comment il se positionne. Et s'il défend le bilan de Nicolas Sarkozy ou s'il se retrouve sur les propositions de François Hollande. C'est bien cette alternative qui est proposée aujourd'hui à tous les Corses.
- Les nationalistes se positionnent d'abord par rapport à une vision locale. Votre suppléant a insisté sur son côté corsiste. Alors quelle est votre vision de la Corse ?
- Nous défendons une vision de la Corse qui est celle de la gauche, de la majorité de gauche à la CTC et nous sommes très sereins.
- La priorité de Paul Giacobbi n'est pas la sécurité, mais l’évolution institutionnelle. Quelle est votre position ?
- Je n’ai pas dit que la sécurité était ma seule priorité. Les besoins fondamentaux sont la sécurité, la justice et la solidarité. Sans quoi, aucune population ne peut se développer harmonieusement. Quand ces services ne sont pas assurés, nous avons le morcellement de la société, la pauvreté, la précarité, l’insécurité et une désagrégation de la société. C’est pour cela que nous devons agir sur ces éléments qui dépendent très largement de l’Etat. Après, nous devons développer nos compétences, qui sont larges en Corse et que nous devons utiliser pleinement. Nous allons bénéficier du troisième acte de la décentralisation que propose François Hollande. La CTC fera un certain nombre de propositions dont le candidat Hollande a dit qu’il serait à leur écoute.
- La vision de Paul Giacobbi, qui parle très clairement d'autonomie, est en contradiction avec celle de votre famille politique, que défend votre père ?
- Je ne suis pas là pour parler en lieu et place d'Emile Zuccarelli. Je suis Jean Zuccarelli. Notre sensibilité à gauche a toujours défendu la décentralisation la plus poussée. Et, nous voyons bien que ce qui s'esquisse aujourd'hui au niveau national, dans ce troisième acte de la décentralisation que propose François Hollande, n'est pas très éloigné de nos préoccupations en Corse et du maximum de compétences qui nous sont utiles pour assumer pleinement nos responsabilités. Là où il doit y avoir des évolutions, c'est à la CTC de les demander.
- Mais vous, en tant que député, les défendrez-vous ?
- Bien entendu, je porterais la voix de l’Assemblée de Corse. Paul Giacobbi exprime une large fraction des sensibilités représentées au sein de la CTC. Nous sommes la majorité, l’exécutif, et nous ferons en sorte que toutes les questions soient posées afin de mettre en œuvre les politiques qu’attendent les Corses. Les solutions institutionnelles sont des outils qui peuvent être extrêmement importants et s'avérer indispensables. Mais, je parlerais, pour ma part, des objectifs primordiaux que l’on veut atteindre : la solidarité, le développement économique, l’emploi et pour lesquels il peut y avoir des réponses à caractère institutionnel ou du moins des réponses qui permettront, à partir de la Commission des évolutions législatives et règlementaires, de faire des propositions à l’Assemblée nationale.
 -  Votre candidature aux législatives préfigure-t-elle celle des municipales de 2014 à Bastia ?
- Non, il ne faut pas se tromper d'élection. Les élections se suivent et ne se ressemblent pas. Il faut se garder de toute confusion. Aujourd'hui, nous sommes dans un scrutin législatif avec un enjeu de mise en œuvre de politique nationale. Toute autre considération serait déplacée.
                                                                                    Propos recueillis par Nicole MARI

François Orlandi : " Un engagement profond pour la Corse"

 

Élu du canton de Capo Bianco et 4ème Vice-Président du Conseil général de Haute-Corse, le maire de Tomino se lance dans la campagne des législatives en tant que suppléant de Jean Zuccarelli. Ce proche de Paul Giacobbi avoue, à Corse Net Infos, avoir hésité avant d'accepter le rôle de suppléant. Se présentant comme "le pilier corsiste" du tandem, il affirme son engagement profond pour la Corse.

- Pourquoi avoir accepté d'être le suppléant de Jean Zuccarelli ?

- Parce que, d'une part, nous sommes dans le contexte d'une élection nationale et que j'ai un engagement à gauche incontestable. D'autre part, Jean Zuccarelli fait partie d'un exécutif régional, d'une majorité que je soutiens et qui est réunie autour de Paul Giacobbi dont tout le monde saità quel point je partage sa vision des choses et son travail sur le terrain. Cette conjonction d'éléments m'a amené à être suppléant de Jean Zuccarelli, en dehors de la sympathie que j'éprouve pour lui.

 

- On murmure que votre présence à ses côtés n'était pas acquise et que Paul Giacobbi aurait beaucoup insisté pour que vous acceptiez ?

- Il y a beaucoup de murmures, comme toujours, en ces périodes. Ceci étant, il y a eu, en effet, une réflexion parce que je ne voyais pas forcément l'intérêt et l'avantage de ma présence dans cette élection. Je reconnais avoir eu des échanges assez fréquents, notamment avec Paul Giacobbi dont je soutiens complètement la démarche politique. Cela a été, bien sûr, déterminant. Paul Giacobbi et d'autres également m'ont amené à réaliser tout l'intérêt que pouvait apporter pour la région corse, dans le cadre d'une victoire de la gauche, une représentation d'élus de gauche la plus importante possible. A savoir, un renforcement de la politique régionale, de l'exécutif et une identité de vues sur des valeurs progressistes. Tous ces éléments ont fait que j'ai accepté, après réflexion, mais de manière non équivoque.

 

- Vous vous présentez comme le pilier corsiste du binôme formé avec Jean Zuccarelli. A-t-il besoin d'un rééquilibrage de ce côté-là ?

- C'est un positionnement personnel, partagé par d'autres. Ce n'est pas un affichage de campagne. Mes convictions sont connues de tous. C'est un engagement profond pour la Corse en général, pour la micro-région que j'ai l'honneur de représenter au delà des obédiences politiques. C'est un enracinement viscéral. Et tout ce qui pourra être défense de la Corse, dans son identité, dans sa culture, dans les actions à y mener aussi bien dans le domaine de l'environnement que de l'économie, tant que ces actions pourront apporter une valeur ajoutée à l'île, je serais complètement engagé. L'expression d'un corsisme progressiste, de gauche, avec des valeurs d'humanisme, d'ouverture qui, j'espère, seront partagées et reçues par le plus grand nombre, peut être un point fort de la campagne.

 

- On ne vous attendait pas auprès de Jean Zuccarelli de ce point de vue-là !

- Il y a des affichages. Jean Zuccarelli exprime, à travers son action solidaire, et là aussi non équivoque, à la CTC, dans son travail au sein de l'exécutif, une solidarité totale avec l'action impulsée par Paul Giacobbi qu'on ne peut pas taxer d'un rejet d'un corsisme. C'est le gage que, ce que je souhaite défendre dans la campagne électorale et au-delà, peut être aussi partagé par Jean Zuccarelli qui démontre par son action qu'il n'est pas indiffèrent à ces arguments.  

 

- Vous êtes un élu du rural. Est-ce important de porter la voix de la ruralité dans ce type d'élection ?

- Oui. C'est important à plusieurs titres. Le parlementaire a une double mission : celle de représenter à l'assemblée un territoire, une aire et une dimension politique nationale, mais également le devoir de représenter et d'agir pour la circonscription et la région où il est élu. À côté d'un positionnement politique national, un positionnement régional permet de mieux faire entendre la voix de la Corse. Si nous sommes nombreux àfaire entendre une voix commune, celle-ci portera beaucoup plus, dans l'intérêt de la région. Si François Hollande est victorieux, ce que j'espère et qui ne fait pas grand doute, avec quatre députés de gauche à l'Assemblée nationale, la Corse sera beaucoup plus entendue qu'elle ne l'a été aujourd'hui, malgré l'implication sincère et engagée des parlementaires en place. La voix ne sera que plus forte.

                                                                              Propos recueillis par Nicole MARI

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