Réagissant aux derniers évènements dramatiques, Corsica Libera lance un appel solennel à l'union de toutes les forces nationalistes afin d'apporter une solution politique à l'impasse de la violence qui meurtrit la Corse. L'idée n'est pas de fusionner les tendances, mais de se retrouver autour d'un projet commun basé sur des propositions concrètes de lutte contre "la dérive mafieuse, la spéculation immobilière et la répression exercée par l'Etat".
Ce seraient les nouveaux accords de Migliaccariu, version 2012. Il ne s'agirait plus, cette fois, de mettre un terme à une guerre entre nationalistes, à priori, enterrée, mais plutôt de déclarer la guerre à la violence qui endeuille la Corse et la plonge dans le chaos. Pour cela, une seule voie possible : l'union sacrée de toutes les forces nationalistes pour proposer, ensemble, une solution politique.
C'est l'appel solennel lancé, mardi matin par Corsica Libera en direction, notamment, de ceux qu'on appelle, communément, les modérés. "Face à la gravité de la situation, nous réitérons solennellement notre appel à l'ensemble des nationalistes afin de définir en commun les contours d'un projet susceptible de constituer une alternative pour notre peuple, et de mettre un terme aux logiques mortifères".
Une île en coupe réglée
Livrant son analyse sur la gravité de la situation, le mouvement indépendantiste commence par dénoncer la "responsabilité écrasante de l'Etat et de sa police, de ses forces de l'ordre devenues des forces du désordre" à qui il reproche, non seulement d'avoir "failli", mais "d'attiser les haines entre Corses".
Il déclare que les acteurs des dérives mafieuses, qui sont la source principale de la violence, "profitent du champ libre laissé, depuis des décennies", par un Etat plus soucieux de combattre les Nationalistes que le grand banditisme, pour mettre la société corse en coupe réglée. "Certains secteurs de notre économie, comme le bâtiment, sont à présent gangrenés à un point tel qu'il devient difficile aux Corses d'y travailler honnêtement".
Le mouvement s'en prend également à "l'inertie de l'Etat" face au "fléau de la drogue" qui menace de "déstructurer notre société".
La stratégie du chaos
Il va ensuite pointer du doigt "le rôle particulièrement trouble que jouent les services de l'Etat", accusés d'organiser "les fuites de PV et de livrer des noms en pâture pour distiller la haine" et le chaos. "Il y a un chaos parce que des gens sont à la manoeuvre, des apprentis sorciers qui sont clairement liés aux services de l'Etat".
Pour Joseph Colombani, leader de la FNSEA, le syndicat agricole, "la stratégie du chaos a été organisée parce qu'on leur a démocratiquement cassé le PADDUC, l'outil de pénétration économique des forces spéculatives, la revanche est de l'utiliser par la violence".
Et Jean Guy Talamoni de constater : " On subit tous les inconvénients de la situation. On est sous tutelle, on n'a aucun pan de souveraineté, même pas dans le domaine économique qui intéresse la vie des Corses en premier chef, et, en retour, on n'a même pas la stabilité de la société corse".
L'espoir nationaliste
Ce sombre constat établi, Corsica Libera en fait un autre : "Compte tenu de la confusion qui règne, la seule force d'ordre, si elle trouvait sa cohérence interne, serait patriotique".
Il détaille ses propositions pour sortir de l'impasse, dont certaines sont en débat à l'assemblée territoriale : une citoyenneté corse fondée sur dix ans de résidence pour mettre un terme à la spéculation, la création d'un organisme d'évaluation des politiques publiques pour lutter contre la corruption, un code des investissements pour contrôler le flux des capitaux extérieurs.
Mais, ajoute-t-il : "le mouvement national qui, seul, représente un espoir, n'a pas jusqu'ici trouvé les moyens de changer les choses " en dépit de succès électoraux conséquents.
La faute aux modérés
La faute en incombe à la division politique des forces qui le composent. En ligne de mire, sans les nommer, les modérés de Femu a Corsica, qui veulent bien débattre, mais pas s'allier, et qui, toujours selon Corsica Libera, se perdent dans des "calculs électoralistes" et "ne sont pas à la hauteur des enjeux".
Balayant d'un revers de main le point d'achoppement qui est le préalable du renoncement à la violence, Jean Guy Talamoni affirme que "la clandestinité, pour les Corses, ce n'est pas un problème. Pour beaucoup, c'est même une partie de la solution". Il en profite pour tacler les modérés : "La question de la clandestinité est toujours mise en avant par le courant dit modéré en période électorale, au moment où l'on doit discuter d'une liste commune. Après, la question n'intéresse plus personne".
Une responsabilité commune
Tout en respectant la pluralité et la diversité des mouvements, les Indépendantistes appellent, donc, de nouveau, comme ils le font depuis des années, à "la cohésion du mouvement national à travers un projet politique commun".
C'est, assure Jean-Guy Talamoni, "la seule manière d'offrir à la Corse une alternative. Ensuite, nous sommes tout à fait d'accord qu'il faudra ouvrir à d'autres forces politiques. Le mouvement national a la responsabilité, aujourd'hui, de parler d'une même voix sur un certain nombre de points".
François Sargentini enfonce le clou : "Le seul problème est qu'il n'y a aucune ligne directrice dans le pays, aucun projet. L'ensemble des nationalistes doit prendre ses responsabilités. Si nous ne sommes pas à la hauteur de la situation, les Corses vont nous le reprocher".
Précisant que les différentes forces ont parfaitement identifié les points qui les différencient, Jean-Guy Talamoni prône de se retrouver autour des points communs, notamment ceux que les deux groupes défendent ensemble à la CTC. Et de s'interroger "Pourquoi ne sommes-nous pas capables de nous mettre autour d'une table, de dire sur quoi on est d'accord et de le proposer aux Corses ?"
Un comité nationaliste
Pour Corsica Libera, le moment est donc venu d'officialiser un texte commun et de le valider par par le biais d'une manifestation populaire. "Ce serait comme la constitution d'un comité nationaliste du Fiumorbu qui dépasserait les simples nationalistes, car, aujourd'hui, c'est le peuple entier qui est menacé" résume symboliquement Joseph Colombani.
Rappelant que la démarche du Fiumorbu "a fonctionné parce que c'était une démarche volontariste qui n'a pas attendu", Jean-Guy Talamoni conclut : "Il faut donner un espoir. Pensez-vous franchement que l'espoir peut venir de l'UMP ou du PRG ! Nous proposons une méthode et une logique qui peuvent être mises en place dès demain".
Un appel pressant lancé surtout en direction des modérés. Mais il n'est pas sûr qu'en ces temps délicats de période électorale, où les deux grands courants nationalistes partent à la bataille en ordre dispersé, les modérés soient, eux, pressés, d'y répondre.
N. M.
Écrire commentaire
lol (mercredi, 18 avril 2012 01:16)
"Corsica Libera contre la violence
"déclarer la guerre à la violence "
"la clandestinité, pour les Corses, ce n'est pas un problème."
c'est le festival de l'oxymore
choupibanghera (mercredi, 18 avril 2012 01:25)
et il y a quoi dans ce projet commun : l'autonomie ? c'est à dire plus de pouvoirs pour les politiques, plus de dérives, plus de corruption, la citoyenneté corse ? qui ne serait applicable que dans des années... l'indépendance ? ùn ne parlemu... Elle est où la vision de société ? le nationalisme ne propose rien que l'enfermement et des pouvoirs en plus c'est stupide. Vu l'état de la société corse ce n'est pas plus de pouvoirs qu'il faut, c'est une meilleure organisation des pouvoirs...
FIAT LUX (mercredi, 18 avril 2012 07:16)
en plus de combattre la spéculation,il faut se battre contre la et les trafics de la drogue qui sont souvent organisés par des corses eux même,et la il y aura surement moins de violence (et en plus il faudrait donner aux jeunes corse envie de travail sur les chantiers et dans la restauration au lieu d'en faire des petits rois et reines ou des fonctionnaires,à suivre.................................
MDR (mercredi, 18 avril 2012 21:23)
... 1er avril en version natio décalée sans doute.
Sauf erreur, ce sont bien les clandestins de J-GT qui légitimaient une exécution par communiqué il y a quelques semaines?...
Utilité politique de cette manœuvre "fédératrice"? Reprendre la main sur les "modérés" ou à défaut tenter de les marginaliser peut-être.
Mdrbis (jeudi, 19 avril 2012 01:35)
Je partage le même point de vue que MDR. Libera voudrait peut être entrainer dans sa chute inéluctable la totalité des nationalistes ? Comment osent-ils vouloir lutter contre la violence, notamment, alors qu'ils se positionnent au-dessus des lois et cautionnent une exécution ? N'auraient ils trouvés d'autres parades que cette immonde mascarade ? J'ose espérer que les modérés ne se laisseront pas endormir par le fiel distillé par les 3 membres de l'exécutif de Corsica libera cités dans l'article !!! Chi vergognà !!