Le 14 Septembre 2010, le préfet de Haute-Corse prenait un arrêté autorisant le démarrage au fioul lourd pour la centrale thermique de Lucciana dont la mise en service est prévue fin 2013. Si cet arrêté était alors accueilli avec satisfaction par une bonne partie de la classe politique, ce choix du « tout-lourd » suscitait cependant une profonde émotion (tant des riverains de la centrale que des associations de défense de l’environnement) hélas aggravée par plusieurs attentats commis contre les installations d’EDF au cours des semaines suivantes.
Saisi depuis le mois de Juillet 2010 par les riverains de la centrale et plusieurs de ses confrères médecins, pneumologues et cancérologues réunis en collectif, le député Sauveur Gandolfi-Scheit s’était mis en relation avec le député européen François Alfonsi à qui il proposait de saisir conjointement le ministre de l'Ecologie et de l'Energie, Jean-Louis Borloo. C’est ce qui fut fait par le biais d’un courrier commun, réclamant la tenue d’une réunion visant à réexaminer la solution d’un fonctionnement au fioul léger.
La réunion d’Octobre 2010 et la relance du dossier
Le 6 Octobre 2010, les 2 députés étaient reçus au ministère de l’Ecologie, où, sensible à leurs arguments, le ministre Borloo prenait plusieurs engagements :
* volonté affirmée d’anticiper la réalisation des études (qui n’étaient prévues par l’arrêté préfectoral qu’à l’horizon 2016) nécessaires à un changement de combustible, ainsi que la mention explicite de la solution du « fioul léger », jusqu’alors écartée par l’arrêté.
* réalisation d’un audit concernant l'état d'usure avancée de la canalisation qui achemine (depuis 1972) le fioul lourd jusqu'à la centrale, ouvrage déjà sujet à plusieurs incidents, avec des conséquences environnementales qui pourraient être graves.
Diligenté par la DREAL, cet audit sur la « canalisation» de la Marana, a conclu à de « nécessaires travaux de sécurisation » voire à un « changement complet » de l’ouvrage en cas d’incident notable. Tandis que de son côté, EDF lançait le 1er Janvier 2011, en anticipation de 6 ans sur le calendrier initial, les fameuses études technico-économiques concernant le carburant à utiliser. L’action aussi inédite qu’efficace des 2 parlementaires insulaires avait donc permis de rouvrir définitivement un dossier sensible à plus d’un titre.
Changement de combustible acté par le président de la République
L’année 2011 allait être pour Sauveur Gandolfi-Scheit celle de la persévérance, puisqu’à plusieurs reprises il réclamait (tant par courrier, que lors de réunions au sein des ministères concernés) des deux nouveaux ministres de tutelles, Nathalie Kosciusko-Morizet (Ecologie) et Eric Besson (Energie) la publication de la fameuse étude technico-économique. C’est finalement lors de ses entretiens avec ces deux ministres, que le député a entrevu la porte de sortie, ses interlocuteurs lui faisant chacun part de « progrès considérables dans la prise en compte de ce dossier majeur pour la santé et le développement économique de l’île ».
C’est finalement le 13 Avril 2012 à Ajaccio que le président de la République en personne a annoncé le démarrage au fioul léger de la centrale thermique de Lucciana, pour toute la période transitoire (2013-2018) préalable à l’arrivée du gaz naturel dans l’île.
Les effets de la décision présidentielle
En début de semaine, le député a pris attache avec les services de l’Etat et le cabinet du ministre de l’Energie, Eric Besson, qui lui ont confirmé que la décision tant attendue a bien été annoncée par le président de la République et pas par le candidat aux présidentielles.
L’exploitant EDF-PEI a en effet immédiatement réagi, en déposant Lundi une nouvelle demande d’exploitation de la centrale de Lucciana, en tenant compte du changement de combustible (passage du fioul lourd au fioul léger).
La demande d’EDF va être instruite par les autorités préfectorales dans le cadre d’une procédure qui va durer de 12 à 18 mois, avec enquête publique et passage en CODERST (« Conseil de l'Environnement et des Risques Sanitaires et Technologiques » anciennement appelé « Conseil départemental de l’hygiène »)
Au terme de la procédure un nouvel arrêté préfectoral d'autorisation d'exploitation sera pris, qui viendra remplacer l’arrêté du 14 Septembre 2010 qui autorisait le démarrage au fioul lourd.
Demeure alors la question de la prise en charge des surcoûts induits par le recours au fioul léger, qui sont estimés entre 25 et 30 Millions d’€ par an, soit environ 150 Millions d’€ pendant la période transitoire 2013-2018.
Concernant ce dernier point, la question n’est pas tranchée mais ce surcoût sera normalement financé par la CSPE (Contribution au Service Public de l'Electricité) c'est-à-dire tous les Français sur leur facture d’électricité. Il reste à obtenir pour cela la validation de la Commission de Régulation de l’Energie (CRE), mais compte tenu de son insularité et donc du fait qu’elle est située en Z.N.I (Zone Non Interconnectée) avec le Continent, la Corse a vocation, par nature, à bénéficier de la prise en charge de tels surcoûts.
La réaction de Sauveur Gandolfi-Scheit
« Je salue évidemment la décision du Président de la République qui vient consacrer nos efforts incessants. Moins de deux ans après l’arrêté préfectoral autorisant le démarrage au fioul lourd j’ai réussi, aux côtés des associations, médecins et élus écologistes, à renverser une logique économique qui excluait complètement le recours à ce combustible, dans l’attente alors incertaine de l’arrivée du gaz naturel dans l’île. C’est une fois encore la confirmation que la Corse est capable de grandes choses, à condition que ses forces vives se réunissent sans souci des étiquettes politiques ».
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Adrien (jeudi, 19 avril 2012 10:55)
Réjouissons-nous, la Corse rentre de plein-pied dans l'ère du développement durable. Ou pas.
Et en plus il faudrait les féliciter.
Orenga (jeudi, 19 avril 2012 16:39)
Relisez bien monsieur voyons je pense que des lunettes s imposent. Notre députe est exceptionnel et vous le savez bien. Bien à vous.