La plaine orientale sera-t-elle de nouveau desservie par le train ? C'est l'objectif de la CTC qui vient d'approuver, lors de la session raccourcie du 26 avril, le principe de l'étude de reconstruction du chemin de fer jusqu'à l'extrême-Sud et le gel de la vente des terrains lui appartenant, situés sur le tracé historique de la ligne. La reconstruction se ferait par étapes. Prochain arrêt : San Nicolao.
Le train jusqu'à Folelli ou San Nicolao... Ce vieux mythe, récurrent depuis la fin de la seconde guerre mondiale, serait-il en passe de redevenir enfin réalité ?
C'est, en tous cas, le voeu exprimé par l'assemblée de Corse qui vient de voter, dans une belle unanimité, le principe de la réouverture par étapes de la ligne de chemin de fer littorale, qui irait de Bastia à Bonifacio, ligne détruite pendant la seconde guerre mondiale. Malgré les dommages de guerre versés, le train a été sacrifié sur l'autel d'autres priorités et la réhabilitation, toujours annoncée, ne s'est jamais concrétisée.
Réutiliser l'ancien tracé
Le temps de sa renaissance semble donc être venu tant le train apparait de plus en plus comme un enjeu vital de développement. D'autant que la ligne de la Plaine Orientale, quand elle fonctionnait dans les années 30, était déjà la plus rentable de Corse.
Reste maintenant à examiner sa faisabilité.
L'exécutif territorial a, d'ores et déjà, commencé à procéder à un état des lieux de l'ancienne voie ferrée et à examiner les possibilités de réutilisation des emprises foncières de la CTC pour définir le futur tracé.
La reconstruction se ferait en plusieurs étapes avec la priorité affichée d'emmener, d'abord, le train jusqu'à Folelli et San Nicolao.
Casamozza-San Nicolao
La première étape concerne un tronçon partant de Casamozza, sur la commune de Monte, jusqu'à San Nicolao, sur la commune de Cervione, en passant par Vescovato, Venzolasca, Sorbo-Occognano, Castellare-di-Casinca, Penta-di-Casinca, Taglio-Isolaccio, Talasani, Poggio Mezzana, Santa Lucia di Moriani et Santa Maria di Poggio.
Sur ce tronçon, d'une distance de 27,6 km, la CTC escompte, au moins jusqu'à Folelli, réutiliser l'ancienne voie ferrée située, en grande part, sur un foncier lui appartenant.
A Folelli, l'urbanisation rendant cet ancien tracé inutilisable, une alternative est étudiée, plus à l'Est, à proximité de la route départementale dit "Route Royale", dans le cadre de la voie de contournement prévue au schéma directeur des routes. Ce tracé nécessitera la construction d'un nouvel ouvrage sur le Fiumalto.
Le gel des emprises
Un état des lieux est en cours de vérification sur le second tronçon, allant de San Giuliano à Bonifacio, passant, notamment, par Linguizzetta, Aleria, Ghisonnaccia, Sari Solenzara, Conca, Zonza, Porto-Vecchio, Sotta et Figari.
Mais cette deuxième étape, qui s'étale sur 123 km, est renvoyée, pour l'instant, aux calendes grecques, même si certains élus ont amendé le rapport afin de lui conserver toute sa pertinence.
En attendant, la CTC a acté le gel des parcelles situées sur le tracé et lui appartenant encore. Sur les communes du Sud, elle n'a plus beaucoup d'emprise foncière, les parcelles ayant, par le passé, été cédées à des communes ou à des particuliers.
Un enjeu de développement
Tous les groupes politiques de l'assemblée s'accordent à voir, dans ce projet, un enjeu majeur de développement, certains appelant à une cohérence d'ensemble du tracé.
"C'est un projet majeur, structurant, qui conditionne le développement du territoire et les conditions de vie de la population", estime Michel Castellani, élu de Femu a Corsica.
Antoine Orsini, élu de Corse Social démocrate, va plus loin : "Ce projet répond à un enjeu de développement durable avec la promotion d'un transport plus propre, un enjeu économique dans un contexte d'augmentation de prix du carburant, un enjeu social majeur car il s'agit d'étoffer géographiquement un service public de transports et un enjeu d'aménagement du territoire car l'extension du réseau permettra de desservir des territoires qui ont une densité importante de population".
Un projet à long terme
Toujours pragmatique, Marie-Antoinette Santoni-Brunelli, du groupe Rassembler pour la Corse, s'est inquiétée de savoir si "La CTC les moyens d'investir sur un tel projet, vues ses contraintes budgétaires ?". Le projet devant, à la louche, avoisiner les 500 millions €.
Pour sa part, Paul-Félix Benedetti a exprimé le vœu que cette nouvelle exhumation d'un projet galvaudé ne connaisse pas le même sort que les précédentes. "Ce qui a été fait par Napoléon III en moins de 30 ans, doit pouvoir être fait en moins de 30 ans par la CTC", ironise, un brin sceptique, l'élu de Corsica Libera.
Un financement à trouver
Le président de l'exécutif, Paul Giacobbi, s'est empressé de rassurer en certifiant que "Ce ne sera pas une autre promesse pour rien". Estimant la "première portion foncière cohérente jusqu'à San Nicolao", il avoue ne pas avoir de réponse sur son financement. "Le financement, je ne sais pas. Mais, si on s'arrête au financement, on n'y arrivera jamais. Il y a des choix à faire".
Antoine Orsini, président de la Commission des finances, trace une voie : "Il faut replacer ce projet stratégique pour la Corse dans une dimension euro-méditerranéenne, ne serait-ce que pour obtenir des opportunités de financement, un financement exceptionnel européen et une aide complémentaire de l'Etat".
La Plaine Orientale peut-elle, enfin, se rêver sur les rails ? Affaire à suivre.
N. M.
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ORSUCCI Gérard (dimanche, 29 avril 2012 10:38)
Une grande partie de cette voie à été transformée en route et sert d'accès à des maisons,comment vont faire ces gens pour entrer chez eux? Prendre le train? Beaucoup de procès en perspective envers ceux qui ont délivré des permis de construire.J'espère cependant vivre suffisamment pour pouvoir emprunter le train BASTIA-PORTO-VECCHIO.