Romain Colonna : «  Il y a une autre voie que l’immobilisme ou la voyoucratie »

- Pourquoi avez-vous accepté d’être candidat ?

- Pour deux raisons. Nous sommes, d’une part, partis du constat de l’échec et de l’incapacité des élus et des partis traditionnels à régler les questions primordiales relatives à un avenir pérenne de la Corse. Cette première raison nous a poussés à nous interroger et est liée, de manière inextricable, à la seconde raison qui est de faire en sorte que les nationalistes, avec la rigueur qui est la leur, puissent accéder à des responsabilités. Les nationalistes ne doivent plus être constamment exclus du jeu démocratique alors que nous sommes une force de propositions incontournable. Notre candidature est celle d’un mouvement, d’une stratégie d’espoir. Elle s’inscrit dans une séquence. Nous ne pouvons pas la détacher des autres scrutins. Nous avons tracé un sillon d’espoir depuis 2010 que nous allons tenter de concrétiser lors de ces élections législatives.

 

- Quel est donc, pour vous, l’enjeu premier de cette élection ?

- Il s’agit, dans les cinq ans qui viennent, de régler, en grande partie, le problème corse qui se pose historiquement. Les élus en place et les partis traditionnels ont failli à leur mission. Ils n’ont pas rempli leurs mandats, ou sinon ils l’ont détourné à d’autres fins. Ils ne répondent plus, aujourd’hui, aux attentes de la population. Nous voulons démontrer leur incapacité et l’incompatibilité de leur système avec la démocratie et les intérêts vitaux du peuple corse. C’est là, l’enjeu de cette élection.

 

- Comment pensez-vous créer une dynamique autour de votre candidature dans une circonscription, qui vient de voter majoritairement à droite, et qui compte des poids lourds, notamment le député-maire sortant, Simon Renucci ?

- Il n’y a pas un seul combat politique qui soit facile ou gagné d’avance. Nous n’y allons pas pour perdre. Ensuite, il y a, comme vous venez de le dire, une ville Ajaccio, qui vote, aux élections présidentielles, très majoritairement à droite, et, aux municipales, à gauche depuis des années. Dans cette confusion, cette volatilité de l’électorat, nous avons toute notre place à jouer sur des élections législatives, qui ont une dimension à la fois locale et nationale. Nous devons porter un autre message et montrer qu’il y a une autre voie possible que, systématiquement, l’alternance entre la droite et la gauche, que le scrutin soit national ou local. La force nationaliste, qui est partout présente en Corse, et particulièrement à Ajaccio, va s’exprimer lors de ces législatives.

 

- Prendrez-vous en compte, dans votre campagne électorale, le vote Le Pen, qui s’est exprimé massivement sur Ajaccio ?

- Nous nous présentons à des élections législatives, dans un cadre politique très précis. Nous prenons en compte toutes les données et les résultats de l’ensemble des partis traditionnels sur Ajaccio. Pour autant, nous n’allons pas tomber dans une forme de démagogie ou de populisme. Nous allons défendre les intérêts des Corses.

 

- Mais, vous vous présentez dans une circonscription, où les problèmes de précarité et de désespérance se sont traduits par le vote Le Pen. Qu’allez-vous dire à ces gens-là ?

- Nous n’allons pas viser une catégorie de gens. Nous allons aller à la rencontre de tous les Corses dans les jours et les semaines à-venir pour discuter avec eux et bien identifier leurs problèmes. Nous proposerons, dans les jours qui viennent, un certain nombre de mesures qui s’inscriront, à la fois, dans un cadre insulaire et dans un cadre local.

 

- Sur quels thèmes allez-vous faire campagne ?

- Sur les thèmes traditionnels du nationalisme démocratique, liés à l’avenir du peuple corse, tels que la question statuaire et institutionnelle, la langue, l’identité, l’accession à la propriété, la protection du littoral… Nous allons tenter de montrer aux Corses, et surtout à la jeunesse, qu’il y a une autre voie que la voyoucratie, l’immobilisme ou la désespérance. Il y a la voie de l’espérance, de la démocratie et de l’entente. Nous ne sommes pas condamnés, ni résignés à l’immobilisme. Nous voulons porter un message d’espoir et montrer qu’on peut, dans ce pays, si on s’y met collectivement, construire quelque chose.

 

- Pensez-vous réitérer sur la circonscription le score réalisé  par Femu a Corsica aux territoriales ?

- Nous nous présentons sans démagogie, pour gagner, mais surtout pour faire gagner les intérêts de la Corse. Voilà  le score que nous nous sommes fixés. Nous partageons un idéal. Nous avons cet espoir chevillé au corps que nous voulons défendre. Nous y allons avec la force de nos convictions et de nos idées, celles que nous défendons depuis plusieurs décennies et qui engagent l’avenir de la Corse, et c’est, je crois, la plus belle victoire.

                                                                                        Propos recueillis par Nicole MARI